Témoignage. "On savait que ça allait être difficile" : La galère des passagers des trains Paris - Granville, bloqués toute la nuit

Des arbres tombés sur les voies ferrées après la gare d'Argentan (Orne) ont causé l'arrêt de plusieurs trains à destination de Granville. Environ 200 passagers ont dû être évacués et beaucoup ont passé la nuit dans un gymnase sur place. Récit.

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La nuit n'aura pas été de tout repos pour les quelque 200 passagers malchanceux. Plusieurs trains reliant Paris à Granville, dans la Manche, ont dû s'arrêter plus tôt que prévu sur leur trajet, jeudi 21 novembre au soir. La tempête Caetano les a obligés à interrompre leurs chemins à la gare d'Argentan, dans l'Orne.

En cause, la grande quantité de neige tombée et surtout la chute d'arbres sur les voies ferrées, endommageant des caténaires sur leur passage. Dans l'un des trois trains impactés par ces dégâts, une normande raconte son périple, qui a débuté à 17h13.

2h de retard

"Cela a commencé peu après notre départ par un premier arrêt sur les voies car le train avait touché des branches d'arbres. Le conducteur a dû aller vérifier les dégâts et nous avons patienté une heure", relate la psychologue venue rendre visite à sa famille. Le train reprend sa route, mais pas pour longtemps...

Une nouvelle heure de retard s'ajoute à la première alors que le train percute un arbre entier un peu plus loin. Dégâts estimés : une fenêtre du train endommagée mais heureusement aucun blessé. La locomotive et ses passagers repartent, "à petite vitesse" cette fois-ci.

"Je n'étais pas inquiète pour autant", relativise la passagère qui habite et travaille au Canada. "En fait c'est même l'inverse, les gens ont commencé à se parler, on se demandait où chacun allait. On pensait bien que le trajet allait être long."

Hébergement d'urgence dans un gymnase

En effet, les passagers du train apprennent bientôt que le terminus ne se fera pas à Granville comme prévu, mais à Argentan, à environ 120 km à vol d'oiseau de la destination initiale.

Tout le monde est descendu sur les quais et à ce moment-là on savait que ça allait être difficile, c'était vraiment la panique parce qu'il n'y avait rien de prévu pour nous.

Véronique, l'une des passagères bloquées

Vers 1h du matin, après être remontés dans le train et pensant y passer la nuit, les voyageurs apprennent finalement que la SNCF et la préfecture ont trouvé une solution : passer la nuit dans le gymnase Jean Lenoir à Argentan. Environ 162 personnes ont choisi cette solution, quelques chanceux auront réussi à réserver une chambre d'hôtel en ville.

"Ça a été organisé rapidement et à une heure du matin, on était contents d'être là", réagit une autre passagère dans le gymnase auprès de notre équipe sur place.

Le maire d'Argentan, Frédéric Léveillé, confirme le caractère exceptionnel de la situation mais insiste sur la réactivité des équipes sur place, mobilisées pour trouver des solutions d'urgence. "Ça n'était pas mirifique mais les gens ont pu dormir dans une situation la moins mauvaise possible", déclare-t-il vendredi matin.

Un froid mordant

Un lit, des couvertures de survie ou en polaire sont fournies aux voyageurs, ainsi que du thé et du café chaud, servi par des bénévoles de la protection civile. "Je trouve que tout le monde a bien géré la situation", appuie Véronique.

Pour ce qui est de tomber dans les bras de Morphée en revanche, la canadienne d'adoption n'y arrivera pas. "Il faisait vraiment très froid, je n'ai pas réussi à me détendre. Je n'avais pas prévu qu'il neige en Normandie, je n'avais pas pris mes affaires de grand froid", rigole-t-elle. 

Le vendredi matin, les traits sont tirés sur les visages mais pas de colère. Plusieurs passagers insistent sur la bonne ambiance qui règne dans le gymnase. "Les gens sont gentils, c'est la chaleur humaine, ça tient chaud aussi. Ça aurait pu être pire, il n'y a pas eu de blessés", témoigne une passagère.

Après le petit déjeuner, les passagers malchanceux ont dû patienter encore quelques heures que les cinq cars affrétés par la SNCF obtiennent l'autorisation exceptionnelle de rouler pour enfin rentrer chez eux. "Il y avait un peu d'agacement parce qu'on manquait d'informations, on ne savait pas si on allait pouvoir repartir", admet Véronique.

Mais le périple finit bien : tout le monde a pu regagner sa destination finale dans l'après-midi de ce vendredi 22 novembre, et s'octroyer un peu de repos bien mérité.

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