Trois chiens ont été mortellement empoisonnés dimanche 12 mars alors qu’ils participaient à une compétition de canicross avec leurs maîtres, dans le Gard. L’une des chiennes tuées appartenait à un Laurent Lebois, un coureur aguerri qui réside à Saint-Sébastien-sur-Loire, près de Nantes.
Ému aux larmes, Laurent Lebois se remémore encore et encore le moment où sa chienne est morte. Depuis un an, à Saint-Sébastien-sur-Loire où il réside, il se préparait avec Opale, une berger belge Tervueren de quatre ans et demi, au championnat de France de canicross qui se déroulait ce week-end, les 11 et 12 mars, dans le Gard.
À 53 ans, le ligérien, conducteur de machines, compte parmi les meilleurs compétiteurs de la discipline, une course à pied où le maître est relié à son chien par un baudrier. Mais ce qui aurait dû être un regroupement festif de passionnés s’est transformé en cauchemar lorsque tôt dimanche matin, Opale et deux autres chiens sont morts empoisonnés en marge de la compétition canine. Un autre chien a été intoxiqué et évacué dans un état grave, mais n'est, ce lundi 13 mars, pas décédé.
Opale ne franchira jamais la ligne de départ
La journée du samedi s’était pourtant bien déroulée. Dans l'après-midi, le binôme, inscrit dans la catégorie cani-VTT, c'est à dire en vélo, effectue un premier parcours exemplaire, se classe 5ème dans sa catégorie, et attend avec impatience de prendre le départ tôt le lendemain matin, pour la seconde course. "Je suis arrivé parmi les premiers sur place hier, à 6h15, se souvient-il, pour avoir le temps de préparer ma chienne au départ de la course à 7h30".
Opale ne franchira jamais la ligne de départ. Alors qu’il fait encore nuit, le sportif l’emmène faire ses besoins et se dégourdir les pattes. Comme d’habitude, il garde un œil sur elle, mais ne remarque pas qu’elle vient de lécher ou d’ingérer l’une des boulettes de viande empoisonnée au produit anti-limace, disséminée sur les lieux.
À mon retour, Opale bavait, elle tremblait, ne tenait pas sur ses pattes. Une dame est passée en courant et m’a dit d’aller votre voir les vétérinaires au plus vite parce qu’un chien avait déjà été empoisonné quelques minutes plus tôt.
Laurent Leboispropriétaire d'Opale
Sans se douter de rien, Laurent Lebois laisse son chien de race se reposer à la voiture et part s’échauffer à son tour. "À mon retour, Opale bavait, elle tremblait, ne tenait pas sur ses pattes. Une dame est passée en courant et m’a dit d’aller votre voir les vétérinaires au plus vite parce qu’un chien avait déjà été empoisonné quelques minutes plus tôt" Sonné, il court vers la voiture de la vétérinaire située à 50 mètres.
Les trois chiens meurent sur les genoux de leurs propriétaires
Le médecin perfuse Opale et démarre en trombe, direction la clinique vétérinaire la plus proche, avec à bord trois coureurs et leurs trois chiens, entre la vie et la mort. À ce moment-là encore, personne ne réalise la gravité de la situation. "On était tracassés mais on n’imaginait pas une telle issue. On a rien pu faire, j’ai fait un massage cardiaque à ma chienne mais ça ne servait à rien du tout", regrette le coureur. Pendant le trajet d’une quinzaine de minutes, les trois chiens meurent sur les genoux de leurs propriétaires.
Sur les lieux de la compétition, l’alerte est rapidement donnée. Les gendarmes bouclent la zone, et organisent, avec l’aide de bénévoles, le ratissage des lieux. Plusieurs boulettes empoisonnées sont ainsi retrouvées. Les 600 sportifs inscrits sont sous le choc.
Une enquête ouverte pour actes de cruauté sur animaux
Laurent a déposé plainte. Pour le coureur pas de doute, "il s’agit d’un acte criminel". Dans un communiqué publié ce lundi 13 mars, la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac annonce l'ouverture d'une enquête pour actes de cruauté envers des animaux suivis de mort. Le délit est passible de cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Les gendarmes recherchent d'autres potentielles victimes. Ils tentent de déterminer les causes exactes de cet empoisonnement et d'identifier toute personne responsable de cette infraction. Opale, elle, a été emmenée à Lyon pour être autopsiée. Laurent doit désormais faire le deuil de cette athlète à quatre pattes, qu’il considérait "comme un membre de sa famille", et se console en lisant les centaines de messages de soutien reçus sur les réseaux sociaux.
