TEMOIGNAGE. "J'avais besoin qu'on me tende la main". Une épicerie sociale pour sortir la tête de l'eau

Voilà un an que l'épicerie sociale, ouverte un jour et demi par semaine dans le quartier de Bottière Pin-Sec, a ouvert sa porte. L'expérience est concluante et sera pérennisée, annonce la Ville. On y trouve légumes, fruits, viande, pâtes... et sourires.

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À la caisse, Juliette, agent d'accueil et de gestion, saisit sur l'ordinateur ce que Mehdia a choisi dans les rayons, fait les comptes et retire la somme de l'aide qui lui a été accordée (sous condition de ressources). Concrètement, Mehdia ne paiera que 10 % de la valeur de son panier.

À côté d'elle, Yanis, son garçon de 24 ans, va porter les sacs de provision. Ils habitent Malakoff, un autre quartier populaire de Nantes.

"J'ai pris un peu de tout, dit Mehdia, ça nous aide et l'équipe est sympa."

"Je les accompagne aussi sur des idées de recettes qui donnent envie"

L'équipe, ce sont donc Juliette Lévy à l'accueil et Cécile Clément, assistante sociale, toutes deux sont employées par le Centre Communal d'Action Social de Nantes. Leur rôle est important car "Les 1000 fleurs du Colibri" n'est pas qu'une épicerie, c'est aussi un lieu de rencontre, d'accompagnement social, de soutien moral.

Si le lieu a pleinement trouvé sa place dans ce quartier prioritaire, dont une forte proportion d'habitants est en dessous du seuil de pauvreté, il est néanmoins ouvert à tous les Nantais qui ont une résidence stable depuis plus de trois mois, et qui rencontrent des difficultés financières.

Juliette approvisionne les rayons auprès de la Banque Alimentaire et du Secours Populaire. 

"J'essaye de prendre des légumes qu'ils (les bénéficiaires) ne connaissent pas forcément, explique-t-elle, en plus de ceux qui leur parlent. Je les accompagne aussi sur des idées de recettes qui donnent envie et qui ne sont pas compliquées."

On sensibilise nos bénéficiaires à la solidarité. Il n'y en a pas toujours pour tout le monde. On essaye d'en laisser pour les autres.

Cécile Clément

Assistante sociale

"Les 1000 fleurs du Colibri", ce sont aussi des ateliers, de cuisine, de socioesthétique, de gestion de son budget, d'antigaspillage... 

Si l'atelier budget n'est pas le plus fréquenté, les bons conseils sont donnés au fils des achats et des rencontres. 

Stéphanie, qui a quatre enfants, a appris ici qu'on pouvait faire sa lessive soi-même. Cette habitante du quartier voisin du Ranzay a accumulé les dettes.

"Avant, j'empruntais, dit-elle. Et quand on emprunte, il faut rembourser. C'est toujours la galère."

Elle vient à l'épicerie sociale depuis deux mois et a réussi à mettre jusqu'à 150 euros de côté chaque mois pour payer ce qu'elle doit. Les cinq mois lors desquels elle bénéficiera de l'accès à l'épicerie (c'est le maximum) ne suffiront pas à remettre les compteurs à zéro, mais elle aura appris à acheter, à consommer autrement.

"Ça m'a appris à gérer mon budget courses. Dans les magasins, il y a plus de choix et on est tenté", constate la mère de famille nombreuse.

Lutter contre le gaspillage

C'est aussi l'enseignement que Bérangère retirera de son passage par "Les 1000 fleurs du Colibri".

"On va moins dans les grands magasins, on est moins tenté, confirme-t-elle. On apprend à faire attention. On jette moins. Ça va me permettre de sortir la tête de l'eau."

Lutter contre le gaspillage est un des enseignements que le lieu procure. 

L'autre jour, Juliette a donné une recette pour utiliser le pain rassis et en faire des cookies.

"On a fait aussi un gâteau au chocolat avec des haricots rouges, poursuit-elle, ça remplace la farine." Fallait y penser...

Les temps sont durs, mais ça m'a permis de faire attention.

Bérangère

Bénéficiaire de l'épicerie sociale "Les 1000 fleurs du Colibri"

On a accès à l'épicerie après avoir eu une évaluation sociale des difficultés rencontrées. Quand le dossier est accepté, il faut quand même prendre rendez-vous pour faire ses courses. Cela permet à Juliette et Cécile de pouvoir prendre du temps avec les bénéficiaires. Ce temps d'échange est aussi important que l'économie réalisée. 

"Je veux qu'ils se sentent à l'aise"

"On tisse un lien, ça permet de parler de tout et de rien, dit Juliette. Ce n'est pas facile de pousser la porte d'une épicerie sociale. Je veux qu'ils se sentent à l'aise."

Cécile constate également les bienfaits de ces moments de convivialité sur ces familles en difficulté.

"Plusieurs m'ont dit : j'avais besoin qu'on me tende la main", témoigne l'assistante sociale.

La petite épicerie sociale et ses 40 m² de rayonnages ont pris place dans un lieu utilisé par d'autres acteurs du quartier, au n°3 de la rue de Valencienne. 

"Ça avait du sens de créer un lieu où l’on pouvait trouver des denrées alimentaires à peu cher et un accompagnement social plus global pour les questions d’accès aux droits, d’accès à la santé", déclare Abbassia Hakem, adjointe à la maire de Nantes, déléguée aux solidarités et à l’inclusion sociale. "Ce qui est pour moi une véritable réussite, c’est la question du changement de l’alimentation pour aller vers une alimentation de qualité et abordable. Comment on cuisine, comment on va faire des économies."

Les produits invendus ou proches de leur date de péremption sont redistribués à des associations caritatives du quartier.

La Ville de Nantes a également lancé un appel à candidatures auprès des associations pour des projets liés à l'alimentation. Après sélection, les projets retenus seront financés en 2025.

"Les 1000 fleurs du Colibri", épicerie sociale ouverte les mercredis de 9h30 à 13h et de 14h à 16h30 et les jeudis de 14h à 16h30.

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