Comment des enfants adorables deviennent de véritable "mini tyrans" ? Stéphanie Allenou témoigne dans son livre "Mère épuisée" de sa lente descente en enfer et de son isolement. La solution : se confier pour obtenir de l'aide.
"L'épuisement parental, on ne le voit pas vraiment arriver. J'étais très contente d'avoir des enfants, mais je n'avais pas imaginé à quel point ce serait difficile", témoigne Stéphanie Allenou.
L'éducatrice spécialisée a 47 ans, et ses quatre enfants sont grands désormais. Mais, elle se souvient encore vivement de sa "longue descente aux enfers" lorsqu'ils étaient plus jeunes, comme elle le raconte dans le livre Mère épuisée*.
Tous les matins, on se lève en se disant que ça va le faire, et ça part en vrille dans les dix minutes.
Stéphanie AllenouAutrice de Mère épuisée
À l'époque, Stéphanie Allenou doit gérer trois enfants en bas âge, nés avec peu d'écart, dont des jumeaux "qui pouvaient se réveiller entre une et quatre fois par nuit chacun. Donc jusqu'à huit fois au maximum".
Ces nuits hachées provoquent un manque de sommeil associé à des "micro frustrations, des petits échecs récurrents qui font qu'on se sent mal. Sur le long terme, ça entraîne une situation d'épuisement".
"Je voyais mes enfants comme des mini-tyrans"
Les enfants aux visages angéliques se transforment alors en "mini-tyrans qui me rendaient la vie infernale", explique la quadragénaire.
L'autrice se remémore aussi le double sentiment d’isolement et d’injustice qui s’était emparé d’elle dans ce combat de tous les jours, surtout contre elle-même, pour éviter de perdre le contrôle.
On ressent un isolement physique parce qu’on n’est pas toujours entouré, mais aussi psychique, car on a l’impression que les gens ne comprennent pas ce qu’on endure.
Stéphanie AllenouAutrice de Mère épuisée
Une charge mentale sous-estimée
Face à des émotions contradictoires, les parents se retrouvent souvent démunis, notamment parce que la charge d'éducation des enfants ne vient pas seule. Et le congé parental ne suffit pas pour tout gérer.
"Enfants, maison, santé, papiers… Le congé parental ne devrait pas être 24 heures sur 24 avec les enfants. Les parents ont besoin de se ressourcer. Il faut vraiment faire le tour des associations, se retrouver en situation de groupe, sinon ce n’est pas tenable", affirme Stéphanie Allenou.
De l'épuisement à la maltraitance
À bout de nerfs, certains parents ont parfois recours à la violence éducative. Le sujet est tabou, honteux. La fessée est interdite en France mais "la réalité, c’est que les parents perdent encore le contrôle", explique Stéphanie Allenou.
"Moi aussi, il m’arrive de donner des fessées", lui rapportent les mamans avec lesquelles elle échange. "Personne n’en parle. On fait comme si ça n’existait plus", regrette-t-elle. "Du coup, on laisse des gens qui ne savent plus comment faire dans la panade."
La première gifle a été un détonateur. Je me suis dit : c’est quoi la suite ?
Stéphanie AllenouAutrice de Mère épuisée
Stéphanie Allenou encourage les mères et les pères à évoquer leurs difficultés. "Il faut des endroits pour parler de ces violences sans avoir la peur du gendarme derrière. Un travail de fond peut être fait pour aider à sortir de ces comportements. On peut avoir très peur d’en parler, mais c’est la seule solution pour s’en sortir."
Elle participe aujourd’hui à des ateliers et des conférences sur l’épuisement parental pour témoigner, expliquer et mettre des mots sur les maux. Un moyen pour que les parents, parfois en grande détresse, se sentent moins seuls et entrevoient des solutions.
* Mère épuisée, de Stéphanie Allenou, aux éditions Les Liens qui Libèrent
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