Plusieurs élèves du lycée Nelson Mandela de Nantes bloquent leur établissement ce lundi 3 avril. L'action s'inscrit dans la continuité de l'opposition à la réforme des retraites.
L'odeur de plastique fondu se mêle aux rythmes techno qui émanent d'une enceinte Bluetooth.
Quelqu'un ajoute une poubelle au brasier, un autre tag ACAB sur un banc devant le lycée Nelson Mandela de Nantes, barricadé depuis l'aube ce lundi.
Au total, une quarantaine d'élèves gravitent autour de l'établissement. Certains sont mobilisés, à l'origine du blocus, d'autres sont hésitants, ou absorbés, portable à la main pour immortaliser les flammes dans une story Snapchat ou Instagram.
À qui faut-il s'adresser pour en savoir plus sur le sens de cette action ? Tous les doigts pointent vers Adrien, élève de première.
"L'objectif est de faire annuler tous les cours de la journée, explique-t-il, on est un groupe de lycéens très mobilisés depuis plusieurs mois. On décide des sites stratégiques à bloquer. Aujourd'hui, il y avait des oraux blancs pour le bac à Mandela."
"On est là contre la réforme des retraites, affirme Adrien, c'est une réforme scandaleuse qui est faite pour faire des économies, mais qui n'a pas lieu d'être. On réinstaure l'ISF et c'est réglé."
* ACAB : "all cops are bastards", "tous les flics sont des bâtards", slogan anti police.
Précarité étudiante, Parcoursup, SNU
"Bien sûr, c'est plus compliqué", ajoute le lycéen. Pour lui, le blocus est aussi le moyen de porter les revendications de la jeunesse, comme "la précarité étudiante, la mesure refusée des repas à 1 € pour tous les étudiants au CROUS, et Parcoursup qui nous met une pression de dingue".
Adrien considère que la suspension du projet de Service national universel (SNU) obligatoire est déjà une petite victoire. "C'est un peu comme l'armée, t'es réveillé à 5h pour chanter la Marseillaise..., raille-t-il, pas emballé, Macron l'a suspendu pour ne pas ajouter de l'huile sur le feu."
Une action plus ou moins bien accueillie
"On ne fait pas juste que bloquer, assure le lycéen, on parle aux gens qui viennent, on leur explique notre mobilisation."
Julien (un prénom d'emprunt à la demande du jeune homme), en terminale générale, n'était pas au courant du blocus mais il y est favorable "pour montrer que les jeunes sont mobilisés contre les dérives autoritaires du gouvernement".
Les éléments de langage des syndicats se bousculent dans la bouche du lycéen : "Le 49-3 est un déni de démocratie". Opposé à la réforme, il profite de l'action pour distribuer des tracts du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) titrés "Retraites, on peut faire autrement".
En classe de seconde, Djélahé et Marise sont plus dubitatives. Elles avaient cours à 9h et ne sont "pas contre, mais c'est un peu chiant quand tu as une heure de transport pour venir".
La manifestation dure depuis longtemps, au début je pensais que ça ne serait que pendant quelques jours.
DjélahéÉlève de seconde au lycée Nelson Mandela de Nantes
"Je comprends pourquoi les gens manifestent, mais moi je ne le fais pas", commente Djélahé.
Marise, elle, comprend que "les gens soient énervés, mais en même temps deux ans c'est pas très long".
Des syndiqués en soutien aux lycéens
Plusieurs adultes sont présents, chasubles Sud Éducation sur les épaules. "Ce sont des personnes des syndicats qui sont là au cas où la police intervient, indique Adrien, et Nantes en commun va aussi nous apporter une cantine solidaire à midi."
Juliette, institutrice en maternelle, et Antoine, professeur au collège Jean Rostand sont là "pour qu'il y ait une présence syndicale".
"On le fait sur d'autres piquets de grève, précise Juliette, avoir des gens syndiqués, c'est un moyen pour se protéger de la répression".
Le mot d'ordre pour eux comme pour les lycéens mobilisés reste le retrait de la réforme. Ils comptent participer à la manifestation du jeudi 6 avril, au lendemain de la rencontre entre l'intersyndicale et la Première ministre.