80 passagers ont dû passer la nuit du lundi 21 au mardi 22 août dans un wagon Ouigo après que leur train a été annulé à cause d'un incendie près des voies. La SNCF indique n'avoir trouvé aucune solution d'hébergement à Nantes ce soir-là. Une version que démentent les passagers. Ils ont créé un groupe whatsapp pour faire valoir leurs droits.
"On a laissé dormir des femmes seules avec des enfants dans des conditions de sécurité inadéquates", s'offusque encore Tristan Mitâtre ce mardi 22 août. Le jeune homme de 25 ans n'a pas beaucoup dormi la nuit dernière. Il l'a passée dans une rame de train Ouigo en compagnie de 80 autres passagers.
Cet attaché parlementaire de 25 ans avait prévu de rentrer de vacances ce lundi 21 août en empruntant pour la première fois un train Ouigo Classique, un train lent mais à bas prix : Départ prévu à 18h40 de Nantes pour une arrivée en gare de Paris Austerlitz à 22h46.
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Un incendie près des voies...
Mais rien ne va se passer comme prévu. Peu avant 18h, à une centaine de kilomètres de là, à Trélazé dans la banlieue d'Angers, un incendie de talus vient de se déclarer à proximité de la ligne Angers-Saumur.
"On nous a demandé de couper le courant et la circulation des trains", indique ce matin le service de communication de la SNCF des pays de la Loire. Les sapeurs-pompiers du Maine-et-Loire contactés ce matin le confirment. Le feu est difficile à maîtriser : il va durer jusqu'à 22h et mobiliser 24 pompiers.
... Et des travaux nocturnes
En tout, une douzaine de trains subissent des retards. "À 18h40, notre train était annoncé avec 2h de retard, relate le jeune passager. À 20h30, on nous a indiqué qu'il allait repartir sous 30 à 60 minutes, le temps que la circulation se remette en marche. On a vu un TGV pour Paris partir vers 21h... Mais quelques minutes plus tard, on a tous reçu un SMS nous indiquant que notre train Ouigo était annulé."
Car après l'incendie, ce sont des travaux nocturnes qui empêchent le train Ouigo de rejoindre sa destination.
"À 21h, il a été décidé de supprimer ce train car des travaux nocturnes sur les voies menant à la gare de Paris-Austerlitz avaient commencé."
Service communication de la SNCF des Pays de la Loire
En fonction de leur destination, les passagers n'ont pu repartir que ce mardi matin à 5h grâce à un TGV ou vers 7h30 via un train Ouigo.
Sur les 380 passagers que comptait le train, une large majorité trouve elle-même une solution d'hébergement pour la nuit. Mais 80 d'entre eux n'ont d'autre choix que de dormir dans le train.
« Près d’une centaine de passagers ont passé la nuit dans le train. Des plateaux-repas et de l’eau leur ont été distribués»
Communication de la SNCF des Pays de la Loire
Tristan Mitâtre dénonce les conditions dans lesquelles ces 80 passagers ont été pris en charge : "Les toilettes de la gare étaient fermées. Une personne diabétique a dû se débrouiller pour trouver ses médicaments à près de minuit, c'est indécent."
S'il loue la bonne volonté du chef de bord, il estime que la SNCF "n'a pas respecté ses conditions générales de vente."
En effet, selon les conditions générales de ventes des trains Ouigo, en cas d'annulation de train, la SNCF s'engage à prendre des mesures qui comprennent "si possible" :
"La mise à disposition d’un hébergement adéquat ou le remboursement des frais raisonnables d’hébergement transfert compris."
Conditions générales de vente et de transport Ouigo
"Des solutions d'hébergement ont été recherchées à Nantes mais il n'y avait pas de capacité hôtelière disponible hier soir", assure ce matin la SNCF. "C'est totalement faux", s'agace le jeune collaborateur parlementaire qui avait identifié plusieurs chambres disponibles.
Un groupe Whatsapp pour faire valoir leur droit
Contactés ce matin, plusieurs hôtels nantais bon marché confirment : 48 chambres étaient disponibles près du stade de la Beaujoire. Une vingtaine dans un autre hôtel à proximité directe de la gare.
Désabusés, les passagers ont créé un groupe whatsapp dans la nuit pour "se tenir au courant."
"Il existe toujours un rapport de force entre les cheminots et la direction de la SNCF. Il est temps d'imposer un rapport de force entre la direction de la SNCF et ses usagers désormais."
Tristan MitâtrePassager du train Ouigo supprimé
Le trajet devrait être indemnisé à hauteur de 150 % du montant du billet, rappelle la SNCF. Tristan et d'autres usagers espèrent être aussi indemnisés pour ce qu'ils estiment être un non-respect des conditions générales de vente.