Les obsèques de Jean-Paul Corbineau, l'un des trois "Jean" de Tri Yann se déroulaient ce vendredi 23 décembre en l'église Sainte-Thérèse de Nantes. Un au revoir à l'artiste autant qu' à l'ami. Entre hommage et ovation.
Kenavo Jean-Paul
A l'entrée de l'église Sainte-Thérèse, ses proches sont là. Sa femme, très émue. Et ses deux compères de toujours les deux autres "Yann", Jean Chocun et Jean-Louis Jossic.
"C'est plus qu'un frère, plus qu'un ami. On a eu des coups de gueule, on a eu des coups de rire. 55 ans d'amitié ça n'est pas définissable", s'est confié Jean-Louis Jossic.
Ce qui touche c'est de voir qu'à l'arrivée, on a tous les trois cette idée de défense de la Bretagne. La Bretagne ouverte, celle qui accueille le monde, la Bretagne de Tabarly, la Bretagne de Jacques Cartier, la Bretagne des voyageurs, c'est Jean-Paul qui voyage vers le paradis des Celtes.
Jean-Louis JossicTri Yann
Un sentiment partagé par le troisième Jean, Jean Chocun: "On connaît toutes nos vies, on a évolué ensemble. C'est un frère quelque part, un frère avec lequel j'aurais passé plus de temps que mon propre frère."
On a vécu beaucoup de choses sur la route. Des plaisirs partagés. On a eu une belle vie tous les trois. Quelle chance d'avoir pu prendre du plaisir à faire redécouvrir les musiques bretonnes. Quand j'ai entendu des chants et des textes en breton durant la messe, j'ai trouvé cela formidable.
Jean ChocunTri Yann
Une Morbihannaise a fait la route. Avec sur son épaule, le Gwenn ha du, fièrement brandi. Un clin d'œil bien choisi au défunt, lui qui, dans une interview de 1974 pour France 3 Pays de la Loire, revendiquait haut et fort son amour de la culture bretonne.
"On exporte de la chanson populaire, mais de la chanson qui vient de chez nous, de Bretagne. Certes, on est Français mais on est des Français d'une certaine région. On n'est pas du Limousin, on est Bretons", affirmait-il alors avec humour et conviction.
Breton et fier de l'être
Une partie de la messe aura été dite en breton.
Son cercueil en bois clair est frappé d'un triskell, le symbole celte, cher à Jean-Paul Corbineau breton et fier de l'être.
Avec son groupe Tri Yann, et leur succès populaire, ils sont devenus en 50 ans de carrière, des ambassadeurs de la culture bretonne autant qu'un phénomène de mode celtique.
En guise d'obsèques, ce vendredi 23 décembre, une cérémonie religieuse intime et émouvante. L'église n'est pas remplie, mais les essentiels sont là. Une centaine de personnes lui ont rendu hommage.
Des proches, des amis, des admirateurs, et même des élus dont l'ancien président du département de Loire-Atlantique, Patrick Mareschal, farouche défenseur de la réunification de la Bretagne.
Sa femme a pris la parole, puis ses cousins ont entonné un chant qu'ils avaient l'habitude de fredonner lors des traditionnels repas familiaux.
Une voix extraordinaire
Jean-Paul Corbineau, l'un des trois Jean du mythique groupe breton Tri Yann, est mort vendredi 16 décembre à l'âge de 74 ans. L'annonce de la triste nouvelle a suscité de nombreuses et émouvantes réactions.
A commencer par celles de ses fans bretons et ligériens. Un véritable élan d'amour.
"Il représentait un peu la voix des Pays de la Loire, la tradition", confie une passante nantaise.
"Parmi les trois Jean il était celui qui apportait un peu de poésie. Il y avait un peu de folie autour, mais lui, il était juste captivant", livre un fan nantais, ému, qui n'a jamais raté aucun de ses concerts.
Sur le marché de Saint-Brieuc, en Bretagne, même émotion. "Il représentait la culture bretonne dans toute sa splendeur, dans toute son authenticité", confie un briochin.
Beaucoup retiennent et saluent le timbre et le style particulier de Jean-Paul Corbineau au sein du trio.
Il avait une voix extraordinaire, c'était du velours pour les oreilles.
Une admiratrice bretonne
Son ami et compère depuis l'âge de 15 ans, Jean Chocun, se souvient d'un homme sensible et à l'écoute. "Un des atouts de Jean-Paul c'était sa voix, et son côté consciencieux. Jean-Paul n'avait pas de mémoire, mais il apprenait par cœur toutes les paroles des chansons, à n'en plus finir, alors que Jean-Louis (Jossic) et moi, en bons escrocs, on avait des grattes par terre pour se repérer dans nos couplets. Jean-Paul jamais, il nous avait dit, le jour où je mets des grattes par terre, c'est fini", se souvient avec sympathie et sourire dans la voix Jean Chocun.
Avec le troisième Yann de la bande, il se sont dits bouleversés par les messages de soutien aux proches et les hommages touchants reçus suite à l'annonce officielle du décès de Jean-Paul Corbineau.
Ce vendredi 23 décembre, ses obsèques sont célébrées à 14 heures en l'église Sainte-Thérèse de Nantes. Elles sont ouvertes au public.
Un dernier hommage lui sera rendu lundi 26 décembre à 14h15 au cimetière de la Miséricorde à Nantes.