Soutien du régime de Vichy, l'ancien ministre Anatole de Monzie (1876-1947) a donné son nom à une école primaire de la ville. Les parents d'élèves ont décidé de renommer l'école, ce qui devrait être fait dans les semaines à venir.
Anatole de Monzie n'a rien à voir avec Nantes, mais une (très) rapide recherche sur internet permet de trouver son pedigree.
"De Monzie vote les pleins pouvoirs constituants à Pétain le , peut-on lire sur le site wikipedia, ce qu'il justifie (selon le journal de Marcel Déat) en reprenant la formule de Talleyrand : « Il fallait sauver ce qui pouvait être sauvé »(...) lors de la débâcle de . Il a aidé à plusieurs reprises Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, ne pouvant ignorer ses opinions et exactions."
Le Service des archives économiques et financières, rattaché au Ministère de l'Économie et des finances, possède une fiche sur Anatole de Monzie, afin d'évoquer ses différents ministères et mandats ou son action en tant que ministre des Finances sous Édouard Herriot. Mais pas un mot sur la période sombre de la collaboration.
Défenseur de la liberté... et des pleins pouvoir à Pétain
Dans une circulaire de 1925, celui qui fut aussi ministre de l'Instruction publique, défend l'enseignement de la philosophie et la liberté qui doit l'inspirer.
"Telle est la conception que nous nous faisons de l'enseignement philosophique, écrit Anatole de Monzie. Développer les facultés de réflexion des jeunes gens, les mettre en état et surtout en disposition de juger plus tard par eux-mêmes, sans indifférence comme sans dogmatisme, leur donner sur l'ensemble des problèmes de la pensée et de l'action des vues qui leur permettent de s'intégrer vraiment à la société de leur temps et à l'humanité, voilà quelle est, au fond, la fonction propre du professeur de philosophie."
Étonnant que l'auteur d'une telle missive officielle en septembre 1925 ait pu voter 15 ans plus tard les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Demande de re-nomination par le conseil d'école
Dans la rue Anatole-de Monzie, sise sur l'île de Nantes, se trouve donc l'école du même nom. Lors d'un conseil d'école en octobre 2022, les représentants des parents d'élèves avaient demandé à renommer l'établissement. Demande reçue et acceptée depuis par la Ville.
Dans un courrier, Ghislaine Rodriguez, adjointe déléguée à l'éducation et Olivier Château, adjoint délégué au patrimoine, invitent les membres de la communauté éducative, enfants et parents de l'école concernées à s'inscrire pour participer à une réunion le 27 février prochain pour être informés de la méthode à suivre pour cette "re-nomination".
Des propositions de noms issus de la démarche citoyenne "place aux femmes" y seront présentés. Ceci dans le respect de la démarche engagée depuis 2016 et visant à "favoriser la reconnaissance de la place des femmes dans l'histoire et l'histoire de l'art."
L'établissement portera donc le nom de femme.
Et ailleurs ?
À noter que d'autre noms encore lisibles ici et là sur des plaques de rue ou d'équipements à Nantes pourraient susciter une procédure identique. C'est le cas de Marcel Saupin, membre du groupe Collaboration, favorable - comme son nom l'indique - à la collaboration avec l'occupant. Des historiens ont à plusieurs reprises évoqué ce fait mais l'histoire éclatante du stade de football Marcel-Saupin a effacé celle, moins glorieuse, de l'Occupation.
De son côté, la Ville de Nantes précise que si elle a accédé à la demande du conseil d'école, c'est aussi parce que l'établissement ne portait pas de nom propre mais celui de la rue dans laquelle il se trouve.