Les toits des immeubles sont-ils l’avenir de l’urbanisation des villes ? Au nord de Nantes, le toit d’un immeuble a été transformé en serre géante : un projet expérimental qui permet de répondre aux enjeux de rénovation urbaine et de créer un espace de maraichage au cœur de la ville. Budget de 1 million d’euros.
Quoi de plus anodin que ces carottes...
Et pourtant ces légumes ont poussé à 15 mètres au-dessus du sol.
Sur le toit de cet immeuble des années 70. Désormais rénové, il abrite une serre de 400m².Les maraichers y cultivent des légumes bios et de saison.
Des légumes gratuits pour les habitants du HLM
"Là, on fait une grosse récolte. Epinards, salades et carottes. Notamment pour les enfants et les habitants du bâtiment" explique Simon Prévost, maraicher.
On va repartir sur les plantations au mois de mars pour préparer la saison avec les légumes du soleil : les courgettes, les aubergines et les tomates
Simon PrévostMaraicher de la serre Symbiose
Expérimentale, la serre Symbiose, construite en verre et polycarbonate, est tout à la fois un projet architectural, un projet d’agriculture urbaine et un projet de rénovation énergétique.
Un réservoir de calories
"Cette serre est un réservoir de calories" détaille Luc Stéphan Directeur Innovation à Nantes Métropole Habitat.
"Vous pouvez récupérer cette chaleur par une pompe à chaleur qui marche de façon inversée par rapport à d'habitude, c'est à dire qu'au lieu de pousser de l'air elle va l'aspirer" explique Luc Stéphan.
"Ensuite ça va passer dans un échangeur et être descendu dans un réservoir d'eau qui va être chauffé à 45 degrés pour les usages domestiques comme les douches et tous les usages des locataires" conclut le directeur Innovation à Nantes Métropole-Habitat.
La serre pourrait couvrir 80% des besoins en eau chaude des 24 logements de l’immeuble.
Un jardin suspendu expérimental
Outre les mollusques de saison, les maraichers doivent aussi composer avec des températures caniculaires l’été ou encore un taux d’humidité excessif en hiver.
Un vrai terrain d’apprentissage pour Issey Rautureau, apprenti ingénieur en horticulture.
"On peut déjà se douter qu'en fonction de l'hygrométrie, de la luminosité de la serre certains légumes se plairont plus ici que d'autres" avoue l'apprenti maraicher.
"Grâce au système de pompe à chaleur on sait que potentiellement les plantes tropicales pourraient s'y plaire" détaille Issey Rautureau.
C'est pour ça que par exemple dans ma planification j'ai prévu de la canne à sucre. On va voir si ça fonctionne. Il faut essayer un peu de sortir des sentiers battus qu'on peut retrouver dans le maraichage traditionnel
Issey RautureauApprenti ingénieur en horticulture
Les étudiants aussi sont curieux de découvrir cette innovation. Et leur point de vue judicieux au regard des défis écologiques à relever.
Ça questionne aussi notre rapport à la ville.
Lauriane RaffenotÉtudiante en ingénierie des low-tech - Centrale Nantes
"Pourquoi s’enfermer dans des villes si on a besoin de nature ? Pour la remettre sur des toits parce qu’il y a du béton partout ailleurs ?, s'interroge Lauraine Raffenot, étudiante en ingénieurie des low-tech à Centrale Nantes, est-ce qu’on ne pourrait pas mettre juste moins de béton, de goudron et avoir de la terre par terre, ça serait bien !"
A Nantes métropole, la réflexion se poursuit sur l’avenir de ces immeubles des années 70.
Grace aux études menées pour la serre Symbiose, l’aménagement des toitures terrasses va se poursuivre.
Notamment par la construction de logements en bois sur les toits.
(Fabienne Even avec Vincent Calcagni)