Après une semaine noire à Nantes sur le front sécuritaire, tout le monde attendait la réaction de l'Etat et de la ville...Et les mesures sont rapidement tombées...Des renforts humains mais également des renforts technologiques avec le déploiement d'une centaine de caméras de vidéosurveillance.
La vidéo surveillance, un outil clivant. Ses partisans évoquent un effet dissuasif. Ses opposants eux, s'inquiètent d'un non-respect de la vie privée. Quelle est l'utilité concrète de ces caméras pour la police et la justice ? Réponse au centre de surveillance urbain de Nantes où arrivent toutes les images enregistrées. Un lieu à l'emplacement tenu secret.
Le CSU, centre de supervision urbain, 146 caméras pointées sur différents quartiers de la ville et de l'agglomération. Un système opérationnel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et des images qui ne tombent pas entre n'importe quelles mains.
"Nous les conservons 30 jours et à l'issue, enfin en tout cas dans ces 30 jours, la police peut venir les récupérer mais évidemment uniquement sur réquisition judiciaire, explique Catherine Menetré,
responsable du Centre de Supervision Urbaine, parce que la vidéoprotection c'est un dispositif qui est très encadré au niveau de la réglementation".
"Depuis la création du CESU, 1 200 flagrants délits et 1 200 arrestations sur flagrant délit grâce aux caméras de vidéo surveillance, explique Denis Talledec, conseiller métropolitain en charge de la prévention, de la délinquance et de la sécurité publique, bien sûr que c'est efficace après ce n'est pas l'alpha et l'oméga. C'est un outil qui se déploie parmi tant d'outils qu'on peut déployer qui vont de la police municipale, la police métropolitaine des transports, à l'ensemble des dispositifs de prévention de la délinquance".
Un moyen peu dissuasif selon certains experts
Alors la vidéoprotection réduit-elle les délits et la violence ? A en croire certains experts, non. Seules 5% des affaires seraient résolues grâce à la surveillance.
"Scientifiquement, il a été démontré que la vidéo surveillance installée dans la rue, c'est-à-dire mettre des caméras dans nos rues dans nos espaces publics, n'amenait pas à dissuader de la délinquance, détaille Guillaume Gormand, chargé de mission - Docteur en administration publique, donc que ça n'évitait pas des faits délictuels ou criminels de se produire, que ça n'amenait pas non plus de déplacement géographique de la délinquance, on peut avoir des déplacements mais qui vont être des déplacements méthodologiques, les délinquants, les criminels vont adapter leur comportement".
Il est plus pertinent d'avoir plus de moyens sur l'exploitation, c'est à dire avoir plus d'opérateurs qui vont regarder ce qu'il se passe et exploiter des enregistrements, plutôt que d'avoir plus de caméras
Guillaume GormandChargé de mission - Docteur en administration publique
250 caméras d'ici la fin du mandat et 50 policiers municipaux supplémentaires, c'est ce qu'annonce la maire de Nantes.
Quatre nouveaux opérateurs viendront aussi renforcer le centre de supervision urbain, ils sont 15 aujourd'hui.