VIDÉO. "On a l'impression de les abandonner" : l'association nantaise d'assistance aux migrants AMI placée en liquidation judiciaire

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Les salariés de l'association AMI (ici la juriste Agathe et la fondatrice Catherine) déplorent le manque de soutien de l'État et des collectivités locales.
Intervenants : Catherine Libault, fondatrice de l'Accompagnement Migrant Intégration (AMI); Agathe Juriste, ex-salariée de l'AMI; Androu, bénévole à l'AMI. ©Reportage : Céline Dupeyrat et Boris Vioche. Montage : Nicolas Guilbaud.

Depuis 16 ans à Nantes, elle permettait à de nombreux migrants de trouver un travail, notamment chez les maraîchers de la région en peine de main d'œuvre. L'association Accompagnement migrant intégration (AMI), placée en liquidation judiciaire ce 23 novembre, déplore "un gâchis humain".

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Les dossiers administratifs passent à la broyeuse, les cartons sont prêts pour la déchetterie. Désemparée après avoir été placée en liquidation judiciaire ce 23 novembre, l'association nantaise Accompagnement migrant intégration (AMI) doit à présent cesser toute activité.

En 2021, l'AMI a pourtant accompagné 1 400 migrants et signé 700 contrats de travail avec 35 entreprises de la région. "Je suis incapable de dire à ces personnes « allez dans telle structure, on va prendre le relais, on va vous aider ». La seule chose que me conseille la mairie, c'est de les diriger vers le Centre communal d'action sociale (CCAS), déplore Catherine Libault, la fondatrice de l'AMI.

"Hier, le CCAS m'a justement appelé en me disant que non, ils ne géraient pas les autorisations de travail, qu'il ne pouvaient pas véhiculer vers les lieux de travail," ajoute-t-elle.

J'ai l'impression d'abandonner les bénéficiaires. Parce qu'on avait beaucoup de dossiers en cours et là, on ne peut plus les suivre... Ils me demandent ce qu'il va se passer avec leurs dossiers et je ne savais pas quoi leur répondre hier. C'est vraiment très triste.

Agathe

Juriste, ex-salariée de l'AMI

Une aide pour l'insertion

Aujourd'hui bénévole à l'AMI, Androu avait été débouté du droit d'asile en 2017. Avec l'aide de l'association, il enchaîne les travaux saisonniers : il cueille le muguet, participe aux vendanges. Cinq ans plus tard il a obtenu des papiers et signe un CDI.

"Mon patron a vu mes compétences et m'a dit qu'il voulait me garder. Avec ça, on a fait un dossier à la préfecture pour être régularisé par le travail. J'ai un CDI, j'ai un logement que je paie moi-même, je ne bouscule personne. Cette année, en plus, je paie mes impôts, ça veut dire que je contribue à la France et je suis heureux de le faire."

L'arrêt d'une subvention

Si l'aventure s'arrête brutalement, c'est parce que l'État n'a pas renouvelé une promesse de subvention. Il justifie ce refus par ce qu'il juge être une mauvaise gestion financière de l'association. "C'est un trou de 237 000 euros, ça ne se récupère pas comme ça... Six mois de redressement judiciaire, ça ne suffisait pas à se redresser," souligne Catherine Libault.

Ils nous ont coupé cette subvention car il y avait des demandeurs d'asile autorisés à travailler. Comme on faisait partir des demandeurs d'asile et pas que des réfugiés, ils nous ont tout coupé.

Catherine Libault

Fondatrice de l'Accompagnement Migrant Intégration (AMI)

Avant de fermer définitivement la porte de l'association, Catherine a un dernier rendez-vous avec un commissaire-priseur. À 62 ans, elle part à la retraite la mort dans l'âme avec 700 euros bruts par mois et une immense colère sur les bras.

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