Le mois de février 2023 s'est illustré par une absence de pluie significative. Cette sécheresse hivernale exceptionnelle survient après une année 2022 très pauvre en précipitations. En surface, le manque d'eau est visible, et sous terre, le niveau des nappes phréatiques inquiète. Le point sur la situation en Pays de la Loire.
Quelques gouttes d'eau ont enfin arrosé le lac de Grand-Lieu, le plus grand de France en hiver, mercredi 22 février. Depuis des semaines, les gardes de la réserve naturelle de Grand-Lieu scrutent le ciel de Bouaye (Loire-Atlantique).
"On a connu des périodes, à cette même période de l'année, où le lac pouvait être quasiment un mètre au-dessus de ce qu'on a aujourd'hui", signale Jean-Marc Gillier, directeur de la réserve.
La bruine qui tombe est néanmoins loin d'être suffisante. Il faut de plus fortes précipitations pour rattraper le retard de niveau du lac et de ses affluents.
La pluie est attendue pour alimenter les nappes, les zones humides, les rivières. Si on repart comme l'année dernière, ça va être compliqué.
Jean-Marc GillierDirecteur de la réserve naturelle du lac de Grand-Lieu
Le niveau des cours d'eau qui alimentent le lac de Grand-Lieu est trop faible. Les écluses qui l'entourent doivent donc rester fermées pour préserver la hauteur d'eau et la biodiversité qui en dépend.
"Il nous manque des volumes d'eau conséquents, c'est pour ça que l'écoulement se fait tranquillement. On a pas des réserves délirantes", explique Jean-Marc Gillier.
► Voir le reportage réalisé en Loire-Atlantique par Carla Butting, Cathy Colin et Valérie Brut
La Vendée enregistre le plus fort déficit en pluie
Si l'on considère l'année hydrologique commencée en septembre 2022, le département de Loire-Atlantique est pourtant plutôt bien loti malgré un mois de février le plus sec depuis 1960.
Dans les Pays de la Loire, c'est la Vendée qui s'en sort le moins bien avec un déficit de pluie légèrement supérieur à 20%. Le déficit de la Mayenne, la Sarthe et le Maine-et-Loire tourne autour de 15%.
Ce recul de la pluie n'arrange pas une carence en ressources en eau déjà conséquente selon Lionel Salvayre, référent territorial de Météo France pour les Pays de la Loire : "Depuis deux ans, on a très peu de pluie. Ce déficit se cumule".
Même si on avait un printemps très pluvieux, on ne rattraperait pas le déficit.
Lionel SalvayreRéférent territorial de Météo France pour les Pays de la Loire
La région est située dans une zone géographique relativement épargnée, l'ouest de la France, mais 170 mm de pluie en moins sont tombés sur son territoire par rapport à l'hiver 2021-2022.
Les nappes phréatiques peinent à se recharger
L'eau manque aussi sous terre. Les nappes phréatiques se rechargent entre septembre et mars, mais leur niveau n'est pas réjouissant en ce début d'année 2023.
2022 a été une année très chaude, les pluies ont eu du mal à s'infiltrer dans le sol et n'ont pas pu réalimenter les nappes. Le Bureau de recherche géologique et minière constatait que leurs niveaux étaient nettement inférieurs à ceux de décembre 2021.
Les scientifiques posent déjà la question de l'usage de l'eau. "Cette situation nécessite une vigilance, notamment pour essayer de préparer au mieux ce que sera la saison estivale et automnale de 2023", affirme Frédéric Faissolle, responsable Eau pour le département de Loire-Atlantique.
Aucune restriction d'usage de l'eau n'est entrée en vigueur en Loire-Atlantique. Mais si les niveaux descendaient en-dessous des seuils d'alerte, l'État pourrait prendre des mesures bien avant l'été, d'autant plus que les prévisions météorologiques annoncent un printemps chaud.