Depuis l'an dernier, le Syndicat du Bassin Versant du Brivet mène des ateliers pour entendre les usagers des cours d'eau sur les risques d'inondation, de sécheresse et de salinité. A terme, la préfecture rédigera un règlement de l'eau avec des obligations à respecter. Il en va de l'avenir de la biodiversité mais aussi des activités humaines, le plus dur étant de trouver l'harmonie entre ces deux mondes.
Romain Duaud est agriculteur-éleveur dans le marais. L'eau de pluie est bien sûr la bienvenue pour ses prairies. A condition qu'elle en parte au printemps pour le pâturage et la récolte du foin. Mais, vu les derniers étés, il aimerait pouvoir faire entrer de l'eau de Loire, comme avant.
Pouvoir refaire baigner les marais naturellement pour avoir à nouveau du limon
"Aujourd'hui, depuis qu'il y a des écluses de posées, il n'y a plus de marées qui viennent dans ces marais là. Et nous, aujourd'hui, en tant qu'exploitants agricoles, on est plusieurs à vouloir essayer de remettre en place ce système, de pouvoir en plein été, quand c'est les grandes marées qui reprennent, refaire baigner les marais naturellement pour avoir à nouveau du limon qui se dépose sur les sols et pouvoir refaire du pâturage et avoir un gain en herbe, tout ce qu'il y a de plus naturel", explique-t-il.'
Mais Romain n'est pas contre les écluses. Il souhaite juste qu'elles soient fonctionnelles hiver comme été, et pas envasées comme ici. Mais là, c'est une question de budget.
Au nord du bassin versant, le Brivet et ses frayères, aménagées par les pêcheurs. Une halte pour brochets, carpes et autres brèmes. "Une frayère, c'est une zone où le poisson vient se reproduire. Et c'est pour ça qu'une frayère, en été, doit toujours être à sec pour que l'herbe repousse et que le poisson vienne déposer ses oeufs dessus à partir du mois de mars", ajoute Yves Plaud, membre de la Carpe Pontchâtelaine.
En plus des naissances naturelles, les pêcheurs mettent chaque année à l'eau des alevins qui, une fois grands, pourront être pêchés. A condition qu'ils ne partent pas... "Si ça se trouve, d'ici peu, on va aleviner en brochet et le risque c'est que le poisson parte. Surtout le brochet, il ne tient pas tellement quand il y a du courant, donc ça va être un déficit encore", déplore Olivier Thobie, président de la Carpe Pontchâtelaine.
Plus il y a d'eau, mieux c'est. Sur ce sujet au moins, pêcheurs et poissons tombent d'accord.
Mais si une prairie inondée profite au brochet, elle retarde le pâturage et la saison des foins pour l'agriculteur.
Avec la salinité menée en estuaire, on avait à chaque marée de l'eau de mer qui rentrait dans nos terres. Donc on était dans un milieu saumâtre et on est en train de le retrouver
Romain DeckertChargé du règlement de l'eau et de la prévention des inondations au SBVD
Les chasseurs ont aussi leur point de vue, comme les associations de protection de l'environnement.
Dans cet atelier organisé par le SBVB (Syndicat du Bassin Versant du Brivet), tous ont la parole. Ce jour-là, il est question entre autres de la salinité en Loire.
" Avec la salinité menée en estuaire, avant que l'on ait tous les ouvrages situés au bord de l'estuaire, on avait à chaque marée de l'eau de mer qui rentrait dans nos terres. Donc, à la base, il y a quelques siècles, on était dans un milieu saumâtre. Donc on est en train de retrouver ce milieu", constate Romain Deckert, technicien du syndicat du bassin versant du Brivet.
La richesse et la faiblesse d'un bassin versant sont à la hauteur de sa complexité. Mais l'eau qui passe n'est pas que celle des poissons, des vaches ou des chasseurs. Elle est un bien précieux et depuis toujours un bien commun vital et donc à respecter durablement.