Les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes se donnent rendez-vous samedi et dimanche sur le site du projet contesté pour leur rassemblement estival annuel, premier test de mobilisation depuis la victoire du "oui" à la consultation locale sur la construction de cette infrastructure.
Alors que l'exécutif a réaffirmé, depuis que les électeurs de Loire-Atlantique ont voté le 26 juin à 55,17% pour le "oui" à un nouvel aéroport nantais, que l'évacuation de la "Zad" aurait bien lieu cet automne, les opposants veulent "marquer le coup" et renvoyer au gouvernement depuis Notre-Dame-des-Landes "la même détermination" à rester.
"On a cette rencontre tous les ans et on n'allait pas changer nos habitudes parce qu'il y a eu une consultation. On avait dit avant qu'on ne tiendrait pas compte du résultat, donc on en est là. On continue la lutte à Notre-Dame-des-Landes, (...) à défendre ces terres juridiquement et sur le terrain", déclare Dominique Fresneau, co-président de l'Acipa, principale association d'opposants au projet. Et "s'ils viennent nous attaquer, il y aura du monde pour protéger Notre-Dame-des-Landes, j'en suis persuadé. (...) On (les) attendra, mais on ne va pas crier au loup maintenant", souligne-t-il.
Motivation supplémentaire
On sent une motivation supplémentaire par rapport aux déclarations du Premier ministre, même s'il n'y a rien de nouveau dans sa bouche. (...) Les comités de soutien, ceux qui ont été mis à l'écart de cette consultation ont envie de prendre entre guillemets leur revanche"
Julien Durand, porte-parole de l'Acipa
Quant à la mobilisation, "on fera les comptes dimanche soir", ajoute-t-il. Sur le site prévu pour le rassemblement, un grand champ en bordure d'une route de contournement de la future infrastructure, au nord-est de la Zad, la zone d'aménagement différé rebaptisée "zone à défendre" par les opposants, plusieurs dizaines de bénévoles s'activaient jeudi midi pour dresser les chapiteaux, qui accueilleront pendant tout le week-end une quarantaine de forums et de débats. Ce seizième rendez-vous estival annuel, intitulé "Semailles de démocratie", sera comme chaque année aussi "un point de rencontre avec toutes les grandes luttes en France et aussi en Europe", et aura pour invité d'honneur les opposants au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure (Meuse), dont certains ont été expulsés jeudi matin du bois qu'ils occupaient pour empêcher le lancement des travaux.
Malgré cette évacuation, ils devraient bien faire le déplacement jusqu'à Notre-Dame-des-Landes, ayant décidé de "temporiser pour l'instant avant de se réinstaller plus tard sur la zone", selon Dominique Fresneau. Les ténors d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui a exceptionnellement délocalisé son conseil fédéral vendredi et samedi à Nantes, seront également présents, tout comme d'autres représentants de partis politiques membres de la Coordination des opposants à Notre-Dame-des-Landes, dont le Parti de gauche et le NPA.
Les syndicats CGT du groupe de BTP Vinci, concessionnaire de l'actuel aéroport nantais et de la future infrastructure, ont aussi appelé à se rendre samedi et dimanche sur la Zad, pour réaffirmer leur "refus de servir de mercenaires pour démarrer un chantier dans les pas d'une nouvelle opération "César", en référence à la tentative d'expulsion menée à l'automne 2012 par le Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault.
Elle avait donné lieu à une farouche opposition sur le terrain, qui depuis ne faiblit pas. Le 27 février, 15 jours après l'annonce de cette consultation par François Hollande, entre 15.000 et 50.000 opposants s'étaient réunis sur la "Zad". "L'Aéroport du Grand Ouest" devait initialement être inauguré en 2017, mais les travaux n'ont jamais démarré.