Les négociations se terminent pour le plan social à l'usine Yara de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire. La CGT dit avoir obtenu en partie satisfaction. 139 licenciements sont prévus sur 170 personnes qu'emploie l'usine d'engrais qui ne produira plus, mais stockera.
À Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, le dossier Yara continue d'inquiéter. Contraint à une mise aux normes environnementales de son usine d'engrais, Yara France a finalement décidé de fermer la partie production qui emploie 170 personnes.
Le site ne produira plus d'engrais à base d'ammonitrate pour l'agriculture, mais deviendra un site de stockage.
Cette évolution implique, selon le plan annoncé par la direction, 139 licenciements. Le personnel s'est mobilisé à plusieurs reprises, d'abord pour s'opposer à l'arrêt de la production, puis pour obtenir de meilleures conditions de départ.
La fin de la production s'accompagnera d'une dépollution du site. Les licenciements se feront en trois phases d'ici début 2026.
Une grève avait eu lieu la semaine dernière, une deuxième était prévue cette semaine, mais la CGT a suspendu cet appel, estimant avoir obtenu satisfaction sur plusieurs points.
"Les revendications ont été, dans l'ensemble, acceptées, déclare Philippe Nicolas, délégué CGT à Yara Montoir-de-Bretagne. On s'est appuyé sur les dires de la direction qui disait que le plan (social) serait exemplaire. On n'en prenait pas le chemin. Il a fallu qu'on s'énerve et qu'on montre aussi que ça ne se ferait pas tout seul. On a obtenu des engagements pour le personnel qui va rester sur cette plateforme logistique, toutes les mesures d'accompagnement adéquates pour que le personnel (licencié) retrouve un emploi à terme, c'est ça le plus important."
Le syndicat dit également avoir obtenu une "préretraite Yara" mais ne se déclare pas pour autant satisfait.
"Vous avez 139 emplois qui vont disparaitre, rappelle Philippe Nicolas, encore une usine qui disparait. C'est une perte de souveraineté agricole et alimentaire."
Pour le syndicaliste, la direction n'a pas été à la hauteur ces dernières années et il la soupçonne d'avoir eu pour projet depuis longtemps de fermer l'usine de Montoir-de-Bretagne.
"Malheureusement, c'est une boite étrangère, constate Philippe Nicolas, et malheureusement, comme nous le dit le ministère, ce sont eux qui décident à la fin".
Pour les salariés qui demeureront sur le site et pour la population proche de ce site classé Seveso, l'inquiétude demeure. Car, ici, on stocke jusqu'à 120 000 tonnes d'ammonitrate, soit 1000 fois plus qu'il n'y en avait sur le site AZF de Toulouse. Un incendie est toujours possible. Le danger est réel. En cas d'explosion, la catastrophe serait monumentale.
"Hors risque nucléaire, c’est une des deux zones les plus dangereuses en France en termes de risques technologiques, expliquait en janvier dernier à nos confrères d'Ouest-France, Paul Poulain, spécialiste des risques industriels. Car la raffinerie TotalEnergies toute proche, à Donges, stocke des carburants."
Les maires de l'agglomération de Saint-Nazaire, parlent d'un "dossier sensible et scandaleux".
"On n'a jamais dépollué cette usine-là, on va obligatoirement découvrir des choses" prévient la CGT.
On l'a bien compris, avec la fin de la production d'ammonitrates, ce n'est qu'une partie de la question qui est abordée. Le site demeure hautement dangereux à des kilomètres à la ronde.
Olivier Quentin avec Cathy Colin
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