Crise de la santé. "Il n'y a plus rien d'humain", les soignants d'un EHPAD de Loire-Atlantique sont en grève

La colère ne retombe pas dans le monde de la santé. Le mécontentement s'est fait sentir ce mardi 10 janvier à l'Accueil de la Côte de Jade de la Plaine-sur-mer. Personnels et résidents de cet EHPAD privé ont manifesté ensemble pour réclamer une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail.

Dans les rues de la Plaine-sur-Mer, soignants et résidents ont défilé côte à côte ce mardi. 

Infirmières, aides-soignantes, agents de services hospitaliers…Une vingtaine d’employés de l’EHPAD de la commune ont quitté leur poste durant près d’une heure pour protester face à des conditions de travail jugées dégradées, et un salaire insuffisant.

"La vie d’aujourd’hui ne permet pas de vivre décemment avec un salaire qui frôle SMIC", affirme Éliane Garot, aide-soignante à l'EHPAD.

On fait un métier qui est quand même dur.

Éliane Garot

Aide-soignante de l’EHPAD de l'Accueil de la Côte de Jade

"On fait des études, il y a une école pour faire aide soignante. C’est un métier où on côtoie un tas de choses difficiles. La mort, les excréments, la douleur, le soutien des personnes... Et on n'a pas l’impression d’être payés à la juste valeur", ajoute-t-elle.

Pas assez de bras

Aux salaires trop bas s'ajoute le manque de personnel, maladie chronique des établissements de santé. Chaque jour, les 82 résidents de l'EHPAD sont pris en charge par une quinzaine de soignants. Trop peu, selon certains employés.

Mégane André, elle aussi aide-soignante, court contre la montre toute la journée : "Si je passe plus de vingt minutes avec une personne, je suis en retard. Vingt minutes ça compte le lever, l'habillage, la toilette, et l'accompagnement si la personne a besoin de se confier".

J’ai fait ce métier pour accompagner les gens au mieux, pour être dans l’humain. Et là, il n'y a plus rien d’humain.

Mégane André

Aide-soignante à l'EHPAD de l'Accueil de la Côte de Jade

Un trou dans le budget de l'EHPAD

La mobilisation est soutenue par Guillaume De Dieuleveu, directeur de l’établissement. 

Je suis garant du bon fonctionnement de l'établissement, donc je ne fais pas la grève. Mais je soutiens mes salariés qui souhaitent attirer l'attention sur la condition des soignants et du travail en maison de retraite.

Guillaume De Dieuleveu

Directeur de l’EHPAD de L'Accueil de la Côte de Jade

Selon lui, les engagements sur la revalorisation salariale issus des concertations du Ségur de la santé n’ont pas été pleinement honorés par le gouvernement.

"Je demande à l'État qu'il tienne ses promesses sur le Ségur, par exemple qu'il finance bien les établissements sur le Ségur 1. Ça représente 238 euros brut par personne avec les charges qui vont avec. Moi j’affirme qu’il me manque 20 000 euros sur ce budget. Ce qui est versé ne correspond pas au nombre de personnels dans mon établissement", s'insurge le directeur de l'EHPAD. 

Autre préoccupation : la prime "Grand âge", qui ne concerne toujours que les aides-soignants exerçant dans des maisons de retraite publiques. Là aussi, Guillaume De Dieuleveu en appelle à l'État, "cette prime, si elle est nécessaire pour le public, pourquoi est-ce qu'elle ne serait pas nécessaire pour le privé ?"

Pour se faire davantage entendre, les soignants de l'Accueil de la Côte de Jade comptent reconduire des actions similaires dans les prochains mois et manifester aux côtés d’autres établissements de la région.

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