Alain Bohard vit à Prémanon dans le Jura mais il voulait aller à la plage à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Passer de l'Est à L'Ouest, il l'a fait ... en vélo, en kayak puis en ski à roulettes, en cinq jours.
"Ah ça ne sert strictement à rien, c'est sûr" répond, amusé, Alain Bohard, 53 ans, lorsqu'on lui demande simplement "Pourquoi ?". Pourquoi avoir traversé 831 km non-stop, pour une journée à la plage ? "C'est mon état d'esprit" explique-t-il alors. "Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas le faire". Parti de son village de Prémanon dans le Jura, le vendredi 4 septembre à 4 heures du matin, il est arrivé ce mardi 8 septembre en fin de matinée à Saint-Nazaire.Beaucoup d'effort et un peu de réconfort
Au programme de ces cinq jours : du vélo pendant 474 kilomètres, du kayak entre Blois, dans le Loir-et-Cher et Gennes, au sud-est d'Angers, soit 162 kilomètres, pour finalement finir en ski à roulettes jusqu'à Saint-Nazaire, 195 kilomètres plus loin.Moniteur de ski de profession, c'est un habitué des trails et des triathlons de toutes sortes en France et à l'étranger. Le sportif détient dans son palmarès de grandes traversées, tel que le Danube, deuxième plus grand fleuve d'Europe ou la Méditerrannée. La descente de la Loire en kayak était une première. Bilan : "C'était vraiment sympa" dit-il, d'un air décontracté en attendant sa bière dans un restaurant nazairien.Ce parcours, il l'a fait "en mode minimaliste". Un bout de saucisson et un Twix au départ, une couverture de survie, et pour le reste de la débrouillardise. Alain tente de trouver de quoi se rassasier sur la route et dort à peine quelques heures dans les fossés.
Rien n'était vraiment très préparé, mis à part un kayak et des skis à roulettes qui l'attendaient tranquillement à Blois. "Je ne sais pas où est-ce que je vais dormir, je ne sais pas ce que je vais manger, je ne sais pas qui je vais rencontrer ... C'est l'inconnu et c'est ça qui m'amuse". Mais avec à chaque fois le même final, arriver sur un bout de mer, et redevenir un enfant pendant un court instant. "Gamin, quand tu habites en montagne, tu as envie de voir la mer. C'est une envie qui m'est toujours restée."
Sur la route ... le vide
Passé par le désert du Sahara, ou le cercle polaire arctique, en quelques jours, Alain Bohard s'est confronté à un autre vide, celui de la France centrale, dont il avait presque oublié l'existence. "Les campagnes sont vides, les habitations sont désertées, il y a plein de hameaux qui meurent .. Il n'y a rien, c'est impressionnant ! Moi où j'habite, le moindre village est touristique. Donc il y a plein d'animations, plein de magasins ou de bistrots. Même s'il n'y a que 200 habitants." Et sur son trajet, le cinquantenaire n'a rencontré qu'une seule personne, le lundi.Ce qu'il vient de faire en quelques jours n'est pas "un défi" assure-t-il. Il en parle comme d'une simple promenade. Ce fut l'occasion de s'entraîner avant un projet un peu plus ambitieux : Prémanon jusqu'à Conca, dans le sud de la Corse, en juin 2021.