Encore un élu cible d'une agression, sa maison et la voiture de son épouse dégradées

Cette-fois-ci, c'est un élu de la Brière, à Saint-Joachim, en Loire-Atlantique, qui a été la cible de plusieurs jets de pierres lancées sur sa maison. Il a porté plainte.

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Les faits ont eu lieu dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 novembre derniers. Cela n'a duré que quelques secondes. 

Raphaël Salaün, le maire de Saint-Joachim, une petite commune de la Brière, proche de Saint-Nazaire, était devant son poste de télévision avec son épouse lorsqu'à 23h40, ils ont entendu du bruit. N'en trouvant pas la source dans leur maison, ils sont sortis et ont constaté que des pierres avaient été lancées depuis la rue sur leur domicile et leur voiture.

Le couple découvre alors les impacts sur la porte d'entrée de la maison et sur la voiture dont le pare-brise arrière est cassé.

Raphaël Salaün a porté plainte à la gendarmerie. Le maire de Saint-Joachim dit n'avoir actuellement aucun dossier clivant sur son bureau qui pourrait expliquer un tel geste. 

Le sous-préfet de Saint-Nazaire s'est déplacé lundi après-midi pour rencontrer l'élu local et l'assurer du soutien de l'Etat. Le préfet de Loire-Atlantique l'a appelé au téléphone lundi soir.

"On peut très bien ne pas être d'accord, on peut très bien exprimer une colère, mais on va voir les personnes et on discute. Le but, c'est de discuter, mais pas d'en venir à des actes comme ça."

Raphaël Salaün

Maire de Saint-Joachim

Raphaël Salaün n'a pas demandé de protection, à l'inverse de son collègue, le maire de Montoir-de-Bretagne, dont on apprend qu'il est, en fonction des événements auxquels il participe, sous protection de la gendarmerie depuis un mois du fait de menaces de mort dont il a été l'objet.

S'il dit "avoir toujours la gnaque et l'envie d'aller de l'avant" et avoir eu énormément de messages de soutien, le maire de Saint-Joachim accuse tout de même le coup.

"C'est vrai que ça refroidit ce genre d'agression dans un bien familial, dit-il. On se remet en question sur la poursuite de son mandat. Est-ce que ça vaut le coup de s'investir pour les autres si c'est pour se faire agresser à domicile ? On pense aux conséquences que ça peut avoir pour la famille."

Des faits multiples

En Loire-Atlantique, outre le cas du maire de Saint-Brevin-les-Pins dont le domicile et les véhicules avaient été incendiés en mars 2023, la sombre liste des élus locaux agressés s’était enrichie en octobre des menaces physiques et verbales subies par des élus de Rezé, commune de l’agglomération nantaise, après une réunion publique sur l’accueil des migrants d’Europe de l’est.

Ce même mois d’octobre, c’est l’hôtel de ville de Guémené-Penfao, dans le nord de la Loire-Atlantique dont la façade a été dégradée par deux fois. Des inscriptions dénonçant la réouverture d’une carrière y avaient été peintes.

Cette année 2023 encore, en mars, c’est le maire d’une petite commune déléguée du Maine-et-Loire, Tremblay, qui est victime d’insultes et de violences physiques de la part de jeunes dont il reprochait la conduite dangereuse.

Début 2023, le maire de Saint-Biez-en-Belin, petite commune sarthoise au sud du Mans, a été agressé devant son domicile.

En octobre 2022, un élu de Vendée, le maire de Saint-Urbain, dans l’ouest du département, est pris à partie par un jeune, sa voiture fera les frais de cette colère inexpliquée.

Un an auparavant, en Mayenne, le maire de Champéon a été agressé dans l’hôtel de ville par une habitante de sa commune. "Je n’ai jamais vu ça. Cela devient de moins en moins facile aujourd’hui, les gens sont de plus en plus agressifs", déclarait à l’époque le maire de Champéon à nos confrères de France Bleu Mayenne.

Les exemples d’élus locaux pris pour cible, effectivement, se multiplient.

Le président du Conseil Départemental de Loire-Atlantique, Michel Ménard, dit condamner cette violence sur son compte X (ex Twitter).

L'association des maires de Loire-Atlantique s'est exprimée le 7 novembre dans un communiqué, déplorant cette nouvelle agression.

"Les Maires de Loire-Atlantique condamnent ces actes intolérables et expriment leur soutien unanime à Raphael SALAUN, peut-on lire, mais aussi à l’ensemble des élus locaux menacés, insultés ou encore violentés dernièrement, comme les maires de Rezé, Loireauxence, Vallons-de-l’Erdre ou encore Guémené-Penfao."

Une circulaire de septembre 2020

Les agressions d’élus sont un phénomène clairement reconnu par les services de l’Etat. En septembre 2020, une circulaire du Ministère de la Justice ajoutait aux textes déjà existants des mesures pour lutter spécifiquement contre ces violences.

"Une réponse pénale systématique et rapide doit être apportée par les parquets qui éviteront de simples rappels à la loi", préconisait à l’époque le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti concernant les infractions commises à l’encontre des personnes investies d’un mandat électif.

Pour information, l'outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique (on n’est pas encore dans l’agression physique ou la menace de mort) est déjà passible d’une peine d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. 

Des démissions massives

De son côté, l’association des maires de France a identifié ces phénomènes d’agressions d’élus communaux comme étant une des raisons du désengagement des citoyens pour ces mandats et des démissions en nombre constatées ces derniers mois. L’association parle même de démissions "massives".

"Sur le département de Loire-Atlantique, confirme l'association des maires de Loire-Atlantique, (depuis les élections de 2020) près de 1100 élus communaux tous confondus, maires, adjoints et élus locaux, ont rendu leur écharpe tricolore (contre 880 lors des six années du mandat précédent). C’est inédit et très inquiétant."

Afin de préparer les élections municipales de 2026, l’Association des maires de France évoque plusieurs pistes de travail et, notamment, le renforcement de la sécurité des élus locaux face aux agressions.

L’association des maires de France demande un rapport national annuel sur les violences faites aux élus et une "communication trimestrielle, au niveau départemental par le préfet, des phénomènes constatés et des réponses apportées".

L’AMF demande également que les peines concernant ces faits d’agression envers des élus soient alourdies et effectivement appliquées.

Une sécurisation des domiciles des maires

Enfin, ce groupe de travail sur les conditions d’exercice des mandats locaux suggère la possibilité d’une "sécurisation ponctuelle des locaux de mairies ou des domiciles des maires menacés."

Rappelons que son "manque de soutien" avait été reproché au sous-préfet de Saint-Nazaire par le maire de Saint-Brevin-les-Pins agressé en mars 2023. Le sous-préfet avait été muté au mois de juin suivant sans que cette mutation ne soit officiellement liée à l'affaire brévinoise.

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