"La lutte contre le tabac mérite une attention permanente." 30 ans après, quel bilan pour la loi Evin ?

Le 1er novembre 1992, la loi Evin entre en vigueur et limite la possibilité de fumer dans les lieux collectifs. 30 ans après, Claude Evin fait le bilan sur cette loi qui a bouleversé les habitudes des Français.

Le 13 décembre 1990, la loi relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme est adoptée par l'Assemblée Nationale. Elle est autrement appelée loi Evin, du nom de son instigateur : Claude Evin.

Au niveau de l'alcool, cette loi limite le droit de faire de la publicité et de rendre l'alcool attractif, notamment afin de protéger les plus jeunes.

Concernant le tabac, cette loi interdit de fumer dans les lieux destinés à un usage collectif, en instaurant par exemple des espaces fumeurs dans les restaurants ou sur les lieux de travail.

Cette interdiction de fumer a été mise en application le 1er novembre 1992, il y a exactement 30 ans. Claude Evin revient sur la création de cette loi et fait le bilan.

Pourquoi proposer ce projet de loi à l'Assemblée Nationale ?

Entre 1988 et 1990, j'étais ministre de la Solidarité, de la Santé et de la Protection sociale. Cela faisait donc partie de mon devoir de proposer un texte sur la question du tabac et de l'alcool en France. Ces deux choses génèrent un nombre important de pathologies et ont des conséquences délétères sur la population.

Quelles ont été les réactions face à cette loi ?

Concernant la limitation de la cigarette dans les espaces publics, il n'y a pas eu tant de débat que ça. C'est plutôt la publicité à propos d'alcool qui a fait parler.

Le débat au Sénat était un peu animé notamment car les sénateurs des régions viticoles étaient contre cette volonté de limiter la publicité et le marketing à propos d'alcool. Mais finalement la loi a été votée par des politiques de tous bords, peu importe leur orientation.

Dans le monde de la publicité, le marché de l'alcool est très important. Les restrictions imposées par ce texte ont forcément porté préjudice à ces métiers. Certaines compétitions sportives, comme le challenge Martini, portaient le nom de marques d'alcool, donc oui cela a créé le débat.

30 ans après, quel bilan faites-vous de cette loi ?

Le bilan n'est pas le même pour le tabac et pour l'alcool. L'interdiction de fumer dans les lieux publics a été renforcée par plusieurs décrets en 2006. Avant les restaurants délimitaient l'espace entre fumeurs et non-fumeurs, aujourd'hui, il n'est plus possible de fumer à l'intérieur. C'est devenu la norme.

Pour la publicité d'alcool, la tendance est différente, plusieurs lois ont assoupli les règles qui étaient dans la loi Evin à propos de la publicité. La loi a autorisé à nouveau la publicité d'alcool par affichage par exemple.

Quelles solutions pour limiter la consommation de tabac et d'alcool ?

Pour le tabac, je pense que les objectifs de la loi sont atteints mais on pourrait réfléchir à la question des terrasses couvertes et fermées, où il est encore possible de fumer. Mais le plus important, c'est de porter une attention permanente à la lutte contre le tabac. Le mois sans tabac par exemple va dans ce sens pour alerter sur les dangers du tabagisme.

Au niveau de l'alcool, le dispositif légal est en retrait mais il faudrait tout simplement que la loi Evin telle qu'elle existe soit respectée et appliquée. Il faut faire attention à ce que la publicité ne rende pas l'alcool attractif et toujours garder cette attention permanente, car il n'y a pas de solution miracle.

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