Yara : Les Soulèvements de la Terre de Saint-Nazaire et le groupe local EELV à nouveau mobilisés contre la multinationale

Une quinzaine de personnes s'est rassemblée place du commando à Saint-Nazaire pour dénoncer les lobbys agro-industriels et plus particulièrement le groupe norvégien Yara qui fabrique des engrais chimiques à Montoir de Bretagne.

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"Yara le mépris et le profit", "Yaravage"... Autant d'affiches et de slogans évocateurs brandis ce samedi 16 décembre place du commando à Saint-Nazaire.

A l'appel du collectif local Les Soulèvements de la Terre et du groupe Europe Ecologie Les Verts, une quinzaine de citoyens s'est rassemblée autour d'un stand, face au front de mer. 

Contre les lobbys agro-industriels

"Ce samedi 16 décembre est une journée symbolique. C'est une journée de forte mobilisation internationale contre l'agro-industrie. Notamment une journée de grosse action aux Pays-Bas ciblée contre le groupe Yara. Pourquoi Yara ? Parce que Yara produit des engrais toxiques qui nourrissent l'agro-industrie", explique Emmanuelle, membre des Soulèvements de la Terre de Saint-Nazaire.

Après avoir expliqué la raison de leur mobilisation, ils ont entonné un chant paysan et échangé avec les habitants de passage.

Parmi les soutiens au mouvement à avoir répondu présent, Ludovic Arnaud, militant CGT Education. "Je connais un petit peu tous les militants qui sont ici, donc je suis venu pour les soutenir parce que je suis d'accord avec leur combat."

Pour lui, à travers Yara, c'est une certaine vision de l'agro-industrie qui est à condamner. "C'est une multinationale qui joue un rôle très actif pour promouvoir un certain modèle agricole en Europe d'une part, mais dans le monde par ailleurs et qui ne pense qu'à son intérêt financier et pas du tout à l'intérêt général."

Soutien aux salariés de Montoir-de-Bretagne

Nouveauté dans leur rassemblement, les membres du collectif ont souhaité préciser haut et fort qu'ils sont aussi venus apporter leur soutien aux salariés du site de Montoir-de-Bretagne. Ils ont écrit un courrier aux salariés et à leurs organisations. Une démarche que soutient Ludovic, en tant que syndicaliste.

" Ici, les gens sont assez clairs, ils ne se battent pas contre les salariés de l'usine, mais plutôt contre une certaine logique économique qu'il y a derrière, et ils sont les premiers à dire que les salariés de l'usine sont les premières victimes du fonctionnement de cette multinationale. Ils vivent dans un site dangereux où les mesures de sécurité ne sont pas à la hauteur et là, ils viennent de le payer cher. Ils sont licenciés, au moment où la multinationale décide qu'ils vont délocaliser et produire les engrais ailleurs."

"Je suis moi-même à la CGT, et je me sens tout à fait concerné par la situation des salariés sur les sites industriels.  Les salariés du site et leurs syndicats ont l'impression d'être les dindons de la farce. À quoi bon fermer l'usine si c'est pour aller fabriquer les engrais ailleurs, dans un autre pays du sud, et qu'on continue à avoir un système agro-industriel qui tourne ici ?".

On progressera le jour où les mouvements écolos et les mouvements syndicaux seront capables d'apporter une réponse commune à ce problème.

Ludovic Arnaud

Militant CGT Education

"Comment continuer à faire tourner cette usine, parce que pour l'instant l'agriculture a besoin d'engrais, tout en organisant sa reconversion, voire son démantèlement sans casse sociale, sans que ce soit ni le marché, ni les intérêts privés qui organisent ça ?, s'interroge Ludovic Arnaud, on progressera le jour où les mouvements écolos et les mouvements syndicaux seront capables d'apporter une réponse commune à ce problème".

Pour ce militant, c'est à la puissance publique d'organiser cette transition. Et c'est aussi ce que pense le maire (SE) de Montoir-de-Bretagne, Thierry Noguet, lui aussi venu comme à chaque rassemblement concernant l'usine Yara. Et ce malgré les menaces de mort violentes dont il est la cible depuis plusieurs mois.

"Yara, mon combat"

Pour Thierry Noguet, pas de doute : "Yara est devenu mon combat". 

Avec plusieurs associations de défense de l'environnement, des habitants et des militants comme le collectif les Soulèvements de la Terre ou Europe Ecologie Les Verts, Thierry Noguet a demandé une fermeture administrative du site de Montoir-de-Bretagne, le temps que l'Etat tranche. Car le site de Montoir, classé Sévéso 'seuil haut' a été plusieurs fois épinglé par les autorités pour vétusté et non-respect des normes environnementales et sécuritaires.

"Je suis là parce que les gens qui sont derrière moi sont des gens qui m'ont soutenu dans l'accompagnement de ce dossier Yara. Je souhaitais aussi être présent ce matin pour les remercier même si les circonstances ne sont pas forcément favorables, mais bon normalement ici, je n'ai que des sympathisants donc tout devrait bien se passer", se confie l'élu.

Le 7 décembre dernier, après l'annonce de la fermeture de l'usine chimique Yara
entraînant une vague de licenciements dans la commune; Thierry Noguet a été menacé de mort. Ce n'était pas la première menace. Il a reçu un mail d'une extrême violence. Depuis, le maire de Montoir-de-Bretagne est contraint de prendre ses précautions dans ses moindres
déplacements. 

"L'enquête suit son cours. J'ai reçu hier le général de gendarmerie de la région qui est venu m'apporter son soutien, accompagné du lieutenant-colonel du secteur, explique-t -il. J'espère bien que j'aurai mon cadeau à Noël. Qu'ils retrouveront la personne qui envoie ses messages malveillants. Je le souhaite de tout coeur parce que c'est vrai que c'est toujours un peu difficile à vivre pour moi comme pour mon conjoint et ma famille mais bon voilà on s'est mis un peu entre parenthèses au niveau de notre vie sociale mais la vie continue", avoue l'élu. 

Quant à l'avenir du site Yara sur sa commune, Thierry Noguet souhaite une issue la plus sereine possible. Aujourd'hui je souhaite que ça se termine on va dire proprement, que tout le monde parte plutôt d'une manière positive.

"J'attends que les dirigeants nous informent un peu des avancées. Je sais que le sous-préfet avec qui je suis en contact toutes les semaines suit ce dossier et ne laissera pas faire n'importe quoi. Donc je suis assez confiant par rapport à ça. Mais j'attends aussi beaucoup des politiques à un plus haut niveau, qu'ils manifestent un peu plus d'empathie à mon égard et à l'égard des élus qui sont victimes d'agressions, qu'elles soient verbales ou physiques."

J'attends aussi beaucoup des politiques à un plus haut niveau

Thierry Noguet

Maire (SE) de Montoir-de-Bretagne

Bientôt la fin de Yara Montoir-de-Bretagne ?

Après l'annonce "choc" le 30 octobre dernier de la transformation du site de Montoir-de-Bretagne et du licenciement de ses salariés, faut-il envisager la fermeture du site ?

Le site de production devrait devenir un simple site de stockage d’engrais chimiques au prix de 139 emplois, soit les ¾ des effectifs.

Sollicitée alors sur les tenants et aboutissants de son plan social, la direction de Yara France n’avait pas donné suite.

Arrêt de la production signifie-t-il pour autant une diminution des risques ?

Les associations de défense de l'environnement, les militants, autant que l'élu local restent perplexes.

"Lors du dernier comité de suivi de site qui a eu lieu à la mairie de Montoir avec Yara, je n'ai eu aucune nouvelle de l'employeur. Je sais qu'il y a un plan qui est mis en place. Je pense que ça ne débouchera pas avant septembre 2024, d'après ce que me disait le sous-préfet. Maintenant, je n'ai aucune idée de ce que va devenir le site"

Il ne faut pas se leurrer, si Yara reste sur place, c'est pour éviter d'avoir à dépolluer le site parce que ça va coûter une petite fortune. Comme ils n'étaient déjà pas prêts de faire des travaux pour se remettre aux normes, je pense que stratégiquement, ça va rester un outil de stockage pour ne pas avoir à dépolluer.

Thierry Noguet

Maire (SE) de Montoir-de-Bretagne

Thierry Noguet achève : "Enfin, ça c'est ma conviction. Mais jusqu'à présent, mes convictions se sont toujours avérées exactes. Pourtant, j'aurais préféré me tromper."

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