A quoi ressembleront nos forêts de demain ? Probablement pas à ce que l'on connait aujourd'hui, vu le rythme du réchauffement climatique. Certaines essences ne résisteront pas. L'ONF a initié en 2011 une expérience de migration assistée des arbres, baptisée projet Giono.
En France 300 000 hectares de forêts dépérissent. C'est 30 fois la superficie de Paris. Pour tenter de limiter le phénomène, les forestiers de l'ONF procèdent notamment à des migrations assistées.
Ils font venir dans nos régions des arbres plus méridionaux, plus résistants face à la hausse des températures. Une manière d'augmenter les chances de régénération de la forêt et de préserver un trésor de patrimoine génétique.
Dans la forêt du Gâvre, la plus grande de Loire-Atlantique, les premiers signes du changement climatique sont déjà là. L'eau vient à manquer, certains des chênes dépérissent.
"On voit des arbres, et des branches qui sont mortes parce que les arbres ont subi une sécheresse en 2016, explique Olivier Forestier, responsable Pôle national des ressources génétiques forestières - ONF, et très clairement, si ces épisodes de sécheresse se reproduisent, ça mettra en péril la vie de la forêt".
Sécheresses, canicules, nouveaux parasites, la capacité de résilience des forêts est mise à rude épreuve. A Guémené-Penfao, la pépinière d'état donne donc un petit coup de pouce à dame nature.
On y expérimente depuis une vingtaine d'années, la diversification et l'hybridation des essences..
"Ici on a du hêtre de Turquie, du chêne des Canaries et de Bulgarie, énumère Olivier Forestier, c'est un vrai laboratoire pour les arbres forestiers, où on travaille sur la protection et la conservation des essences, mais aussi sur l'accumulation de connaissances pour préparer les forêts de demain".
Des forêts plus exotiques
Nos forêts du futur pourraient donc bien être plus exotiques mais, en attendant, c'est surtout du sud de la France ou d'Italie que proviennent la plupart des plans qui grandissent ici.
Des essences qui migrent déjà naturellement vers des terres plus clémentes, au nord, mais à un rythme 10 fois moins rapide…que celui du réchauffement climatique. La main de l'homme devient donc essentielle.
On accélère le mouvement naturel parce qu'un chêne ne peut pas voyager tout seul
Olivier Forestier, ONF
"L'intérêt pour nous c'est de transporter des gênes de cet arbre, qui a un caractère plus méridional et donc une meilleure capacité à encaisser du stress hydrique, par exemple, de l'emmener un peu plus au nord, explique le responsable du Pôle national des ressources génétiques forestières à l'ONF, tout seul il ne pourra pas le faire donc on l'aide, on récolte des graines, on élève des plants, ces jeunes plants on va les replanter un peu plus au nord".
Ces chênes pubescents originaires du sud de la France pourront ensuite essaimer dans nos régions et contribuer à rendre nos forêts plus robustes face au bouleversement climatique.
Et il y a urgence ! Car la vallée de la Loire pourrait connaitre d'ici 50 ans, le même climat que la région toulousaine.