Trois semaines après l'annonce de sa démission, Yannick Morez, le maire de Saint-Brévin, a vu sa demande finalement acceptée par la préfecture. Dans un courrier à ses concitoyens, il revient sur cette décision, et sur la tempête médiatique qu'il a dû affronter ces dernières semaines.
Un courrier, publié sur son compte Facebook et celui de la ville. C'est par ce biais que Yannick Morez, le maire démissionnaire de Saint-Brévin, en Loire-Atlantique, a choisi de communiquer avec ses, désormais, ex-administrés
"Cette décision, difficile à prendre, est le fruit d'une réflexion menée avec mes proches. La famille d'un élu ne devrait jamais avoir à subir les pressions qu'entraîne l'engagement politique"
Trois semaines de tempête médiatique
Dans cette lettre à ses administrés, l'élu revient sur trois semaines de tempête médiatique déclenchée par l'annonce de son départ, le 10 mai dernier. Dans un premier temps, la préfecture avait refusé sa démission, à la demande de Matignon selon les informations de nos confrères de France Info.
Après avoir dénoncé le manque de soutien de l'Etat, le maire avait été reçu par la première ministre Elisabeth Borne, dans la foulée de son audition au Sénat.
J'ai été victime d'un attentat criminel
Yannick MorezAudition au Sénat le 17 mai 2023
Son témoignage avait permis de mesurer l'ampleur des menaces reçues depuis l'annonce de la construction d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asiles. Manifestations, courriers, intimidations, et finalement, l'incendie de son domicile le 22 mars dernier, alors qu'il dormait à l'intérieur avec sa famille. "J'ai été victime d'un attentat criminel", avait-il affirmé devant les sénateurs. Devant les sénateurs, le maire avait également dénoncé les mensonges de la préfecture qui avait affirmé avoir eu des échanges téléphonique réguliers.
Dans le courrier qu'il adresse à ses concitoyens, le maire espère "que les mesures annoncées seront rapidement mises en place et renforcées, pour que cessent les agressions envers les élus."
Une proposition de loi pour renforcer la sécurité des élus
La majorité sénatoriale a notamment déposé une proposition de loi pour "renforcer la sécurité des élus locaux et la protection des maires", en aggravant notamment les sanctions pénales pour les faits de violence envers les élus.
Les auteurs du texte proposent également des mesures de protection et d'assistance envers tout élu victime de violences, mesures qui seraient financées par la souscription de contrats d'assurance pour les communes.
Alors que les sénateurs constatent l'augmentation des dépôts de plainte ou signalements de violences envers les élus, +22% en 2022, Yannick Morez revient dans son courrier sur la libération de la parole qui a suivi l'annonce de sa démission : "Un très grand nombre d'élus de tous bords politiques, de toute la France, en m'apportant leur soutien, m'ont fait part aussi de leurs difficultés à exercer leur mandat et des agressions subies, sans condamnation judiciaire adaptée."
Le préfet et le sous-préfet entendus à leur tour
Ce mercredi, les sénateurs doivent auditionner Fabrice Rigoulet-Roze, préfet des Pays de la Loire, et Michel Bergue, sous-préfet de Saint-Nazaire, pour déterminer les moyens mis en oeuvre face aux menaces que l'extrême-droite faisait peser sur le maire de Saint-Brévin et sa famille.
Après 32 années passées dans sa commune, Yannick Morez dit aujourd'hui vouloir tourner la page, et quitter la ville.
D'ici à 15 jours, le conseil municipal devrait élire un nouveau maire. En attendant, c'est la première adjointe, Dorothée Pacaud, qui assurera la suppléance.
La préfecture nous a confirmé ce mercredi avoir accepté la démission de Yannick Morez.