Laurianne Deniaud, première adjointe au maire de Saint-Nazaire, a annoncé ce jeudi soir qu'elle démissionnait de son mandat. Une démission qui intervient en pleine affaire de soupçons d'abus sexuels au sein de la majorité nazairienne.
Laurianne Deniaud a annoncé ce jeudi soir sa démission en tant que première adjointe au maire de Saint-Nazaire.
Invitée de notre édition régionale de jeudi soir, l'élue a déclaré avoir "décidé de transmettre en fin d'après-midi (sa) lettre de démission de l'éxécutif au maire de Saint-Nazaire. Cette décision je l'ai prise avec tristesse mais en responsabilité parce que je ne peux plus être solidaire de cet exécutif qui traite, pour moi, de manière aussi inconséquentes des questions de violence sexuelle".
"J ai fait le choix de rendre mes délégations mais de rester membre du conseil municipal car ce sont les Nazairiens et les Nazairiennes qui m'ont élue et je souhaite rester vigilante sur les questions d'égalité femmes-hommes", a poursuivi Laurianne Deniaud.
"Il y a un an avec, plusieurs adjointes, on a alerté notre maire sur trois points. Le premier c'était le témoignage, les confidences que nous avait faites l'une de nos collègues sur un rapport potentiellement non consenti". Ce sont ajoutées à cela "des inquiétudes concernant d'autres femmes" ainsi qu'un "climat sexiste" a précisé Laurianne Deniaud.
"Je regrette profondément que David Samzun n'ait pas protégé la victime présumée", "n'ait pas montré non plus d'empathie à son égard" a poursuivi l'élue, faisant allusion à cette affaire de soupçons sexuels qui empoisonne la majorité nazairienne depuis plusieurs semaines.
Laurianne Deniaud nous a précisé quelle ne présenterait pas de liste contre David Samzun, l'actuel maire de Saint-Nazaire. "Ma seule intention depuis 5 ans a été de servir les Nazairiens et c'est avec beuucoup d'honneur que je es ai servis depuis 5 ans".L'élue a envoyé ce jeudi soir sa lettre de démission, précise-t-elle dans un communiqué du collectif "Ils ne nous feront pas taire". Avec elle, deux autres élues démissisonnent, Gaëlle Bénizé-Thual et Régine Le Bail.
Cette démission "constitue un déchirement pour chacune d’entre nous, mais elle est devenue inéluctable pour rester fidèles à nos valeurs et aux convictions qui nous animent", "elle est le résultat d’une année et demi où plusieurs élues ont dû faire face à une situation éprouvante et, ces dernières semaines à une violente campagne de dénigrement et d’intimidation".
"Salir méthodiquement les femmes s'exprimant contre un système sexiste est une stratégie habituelle dans les affaires de violences sexuelles. Les décrédibiliser, leur attribuer des ambitions ou des intentions cachées est le procédé classique des agresseurs ou de leurs alliés pour se couvrir", expliquent-elles.
"L'honneur et l'intégrité ne sont ni dans un titre ou une fonction mais bien dans les actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constitue la meilleure part. Nous resterons fidèles aux principes et aux convictions qui nous guident", poursuivent les trois élues démissionnaires, "c’est le sens de notre démission : nous ne pouvons plus cautionner cet exécutif qui, par ses positions et le climat qu’il instaure, encourage l’omertà".
"Ils ne nous feront pas taire"
Début mai, Laurianne Deniaud accuse Martin Arnout, l'adjoint aux finances, d'avoir agressé sexuellement une autre élue du conseil municipal.
Le 13 mai, Martin Arnout porte plainte pour diffamation contre la première adjointe.
"J'ai pesé le pour et le contre, j'en ai discuté avec ma famille et j'ai décidé de déposer plainte. La procédure est lancée et je ne ferai pas de commentaires" nous expliquait le 31 mai dernier, par téléphone, Martin Arnout qui dit ne pas comprendre ce qu'on lui reproche.
La veille, dans un communiqué, Laurianne Deniaud et neuf autres élus de la majorité, réunis au sein d'un collectif appelé "Ils ne nous feront pas taire", expliquaient que cela fait plus d'un an qu'ils alertent le maire de Saint-Nazaire sur le comportement de l'adjoint aux finances et ''sur un climat de sexisme ambiant et oppressant à la mairie''. Mardi 4 juin, à la veille d'une conférence de presse du collectif, Martin Arnout contre-attaque.
Dans un communiqué envoyé aux medias, l'adjoint aux finances déballe tout, ou presque... Sa colère d'être accusé à tort, dit-il, de faits qu'il n'a pas commis : un viol. Excédé par un an de rumeurs et de "lynchage quotidien", il engage une bataille qu'il espère voir aboutir au tribunal.
Le lendemain, lors de la conférence de presse du collectif, "la victime déclarée", selon les mots de Martin Arnout, sort de son silence.
"Je suis Gaëlle Betlamini Da Silva, je suis celle qui a parlé", lance l'élue.
"Parler pour survivre, pour trouver aide et soutien. Avant, c’était silence pour préserver ma famille, mes enfants, mon mari. Ne pas les exposer à davantage de souffrance", explique-t-elle, "C’est tellement injuste après avoir déjà subi tant de violence, qu’en parlant à notre maire en qui nous avions pleinement confiance, nous ayons subi et subissions encore davantage de violence, encore et encore, chaque jour l’escalade, pour me mettre à terre, m’écraser, me faire disparaître".
En soirée le 5 juin, David Samzun, le maire de Saint-Nazaire sort, à son tour, de son silence.
"Cette situation m’attriste car j’ai toujours été sincère dans ma démarche de protection des personnes concernées en étant attentif et respectueux de la liberté de la parole et en refusant le plus longtemps possible d’agir à la place des personnes concernées", explique le maire de Saint-Nazaire.
Mardi dernier, c'est au tour de l'ancien maire de Saint-Nazaire, Joël Batteux de sortir de sa réserve pour apporter son soutien à David Samzun.
"Madame Deniaud s’érige en avocate/procureure. Elle exige du Maire des sanctions contre celui qu’elle préjuge coupable, allant même jusqu’à lui demander d’obtenir qu’il retire sa plainte contre elle. Mais de quel droit ?", écrit-il dans un communiqué de presse, "Madame Deniaud ne s’est pas fait remarquer par son activité municipale, sauf par certains permis de construire scabreux", tacle l'ancien maire de Saint-Nazaire, "elle profite de cette intrigue qu’elle anime de manière quasi professionnelle pour affronter et harceler le maire David Samzun digne et irréprochable dans ses interventions".
La démission de Lauriane Deniaud de son poste de première adjointe intervient au lendemain de la démission de Gaëlle Betlamini Da Silva .
Cet imbroglio intervient dix mois avant les prochaines élections municipales.
Le prochain conseil municipal de Saint-Nazaire se tiendra ce vendredi matin. Une nouvelle conférence de presse du collectif "Ils ne nous feront pas taire" aura lieu vendredi après-midi.