Le chantier naval chinois CSSC vient d'annoncer la commande de 6 paquebots pour le compte de l'armateur Carnival Costa, une annonce qui fait "l'effet d'un séisme" au chantier naval de Saint-Nazaire selon le syndicat FO.
Le syndicat force ouvrière fait remarquer que l'information est quasiment passée inaperçue.
La prise de commande de 6 paquebots par le chantier naval chinois CSSC (China State Shipbuilding Corporation) pèse peu en ces temps de covid-19.
Mais sur le chantier naval de Saint-Nazaire, cette annonce tonne comme un coup de canon. Ou pire, "un séisme" selon le syndicat Force Ouvrière.
Car c'est la première fois que CSSC va construire des paquebots de croisière. Il s'associe à Ficantieri, chantier naval italien qui s'est positionné pour racheter 50% des parts des chantiers de l'Atlantique.
Et FO de rappeler que pendant ce temps, les ouvriers des chantiers nazairiens attendent que la Commission Européenne valide, ou pas, le rachat des Chantiers de l'Atlantique par son toujours principal concurrent Fincantieri.
Initialement la décision devait être prise avant le 31 octobre dernier. Mais l'État français, Naval Group et Fincantieri ont décidé de se donner un délai supplémentaire jusqu'au 31 décembre 2020.
Le Sénat a donné un avis défavorable au rachat par Fincantieri le 28 octobre dernier. Et FO n'est pas peu fière de voir que les sages du parlement national utilisent les mêmes arguments.
Nathalie Durand-Prinborgne indique que "on savait que la Chine avait la volonté de construire des paquebots de croisières. Et que, si elle se lance si rapidement sur cette commande, c'est parce que Carnival Costa a demandé à Fincantieri de réaliser un transfert de technologie vers CSSC".
Et de se demander comment l'État pourrait placer sa confiance dans un actionnaire qui a vendu "son âme au diable" ! "L'accord de transfert de technologie avec CSSC aura inévitablement des répercussions sur des milliers d'emplois en Europe. La Chine ne cachant pas son ambition de vouloir devenir leader sur ce marché".
"D'autant, ajoute Nathalie Durand-Prinborgne, que selon la presse économique, l'action du chantier italien est sur une tendance baissière en ce moment".
Par ailleurs le chantier Meyer Verft va se séparer d'une partie de ses 3300 salariés en Allemagne, "dans ces conditions on voit mal comment la Commission Européenne donnerait son accord sur ce rachat".
Paradoxe de cette situation, des trois chantiers européens constructeurs de paquebots de croisière, le chantier naval nazairien est celui qui a le carnet de commande le mieux rempli, et pour un moment. Pour l'instant le gouvernement ne laisse transparaître aucun signe quant à sa décision... qui doit intervenir avant le 31 !