Alors que le bassin industriel nazairien traverse une période troublée par le Covid-19 et ses conséquences sur les commandes d'avions ou de paquebots, l'entreprise Arquus conserve un rythme soutenu de production pour honorer les commandes de l'Armée et s'apprête même à embaucher.
L'entreprise nazairienne s'appelle aujourd'hui Arquus mais certains l'appellent encore Acmat. Créée au début des années 60, elle a acquis durant ces dernières décennies une expertise en matière de véhicules militaires. Aujourd'hui, Arquus fait partie du groupe Volvo et le site nazairien compte 290 salariés dont 210 en production.
Une importante commande a été passée en 2018, en provenance de la Direction Générale de l'Armement pour renouveler le parc de véhicules de liaison.
Initialement chiffrée à 3800 unités, la commande est passée à 4380 dont 3980 pour l'Armée de Terre, le reste (400) étant destiné à l'Armée de l'Air, à la Marine Nationale, au Service des Essences des armées et au Service Interarmées des munitions. A ce jour, 1400 VT4 sont sortis de la ligne de production.
La métamorphose en 14 heures
Un véhicule civil type 4x4, choisi suite à un appel d'offre, entre sur la chaîne de production.La batterie d'origine est enlevée et remplacée par une batterie plus puissante afin d'assurer le fonctionnement des équipements de communication (radio, 4G). La garde au sol est augmentée de 10 cm, le véhicule reçoit un équipement qui permettra de l'aéroporter sur le terrain si nécessaire, ensuite il reçoit une sellerie adaptée et vert kaki, dans les portières sont placés des étuis pouvant accueillir une arme, puis vient l'heure du marouflage avant la peinture.
A chaque étape, le véhicule avance tout seul sur la chaine de production tandis que s'affiche sur écran l'avancée des engins, poste par poste. Une fois recouvert d'une peinture spéciale couleur terre, le VT4 reçoit ses derniers atouts comme la galerie sur le toit ou sa roue de secours sur la porte arrière.
A noter que chaque poste dispose non seulement des outils nécessaires à l'opération de transformation, mais également d'équipements adaptés afin que l'opérateur travaille dans des conditions satisfaisantes et ne soit pas exposé à des risques physiques (treuil électrique, siège adapté, etc).
Un autre marché : la rénovation de véhicules militaires
Début juillet 2020, 1400 VT4 sont sortis de la chaîne de production Arquus Saint-Nazaire. D'ici fin 2022, l'ensemble des 4380 VT4 aura été livré à la Direction Générale de l'Armement qui effectue chaque mois des contrôles qualité.Mais déjà, une autre chaîne s'est installée sur le site, composée de véhicules ''anciens'', ou plutôt d'engins éprouvés sur le terrain et nécessitant une MCO (Maintenance en Condition Opérationnelle).
La DGA signale à Arquus des véhicules d'occasion, en retour de quoi elle reçoit des devis individualisés qu'elle valide ensuite, ou pas. Chaque véhicule a son histoire et l'intervention peut varier de 200 heures à 1000 heures suivant le modèle et la liste des opérations.
Une activité liée à l'entretien du parc militaire, certains véhicules accusent 40 ans d'âge, mais après intervention, ils pourront encore servir une dizaine d'années. Un sursis avant un renouvellement du parc, comme pour les VT4 qui ont remplacé les P4 datant des années 80.
Deux tiers des personnels du site nazairien sont occupés à cette activité.
Si pour la chaine des VT4, il a été possible d'ouvrir plusieurs postes à une main d'oeuvre polyvalente et à 30% féminine, le profil des salariés travaillant sur les véhicules militaires à remettre en condition opérationnelle est clairement celui de mécanicien Poids Lourds.
L'entreprise Arquus Saint-Nazaire va donc entrer en phase de recrutement de 24 personnes. Mais il n'est pas non plus exclu que des personnels motivés et travaillant sur la chaine des VT4 accèdent à une formation de mécanicien PL et puissent être transférés sur cette autre activité.
Entre préparation de véhicules neufs à mettre en condition opérationnelle et restauration de véhicules militaires fatigués, Arquus maintient et même renforce son activité à Saint-Nazaire et gagne en lisibilité à mesure que l'Armée externalise de plus en plus cette activité en le confiant à des industriels au savoir faire reconnu.
Le reportage de la rédaction de France 3 Pays de la Loire (C.François, E.Soulard, S.Goubil)