Pendant que les salariés et des élus du territoire étaient mobilisés devant le site d'ArcelorMittal à Denain après l'annonce de sa fermeture, le minitre de l'Industrie était en visite à l'usine Toyota, située à 15 minutes de voiture. Marc Ferracci, qui n'est pas venu rencontrer les manifestants, a créé la colère du président de l'agglomération de la porte du Hainaut.
20 kilomètres séparent les deux sites, soit une quinzaine de minutes en voiture pour rejoindre l’usine ArcelorMittal de Denain depuis l’usine Toyota d’Onnaing, toutes deux situées dans le Nord. En visite ce mardi 26 novembre 2024 dans la première pour assister au dévoilement du 5 millionième modèle de Yaris sorti des lignes de production, le ministre de l’Industrie ne s’est pourtant pas rendu dans la seconde. La veille, les 21 salariés ont pourtant appris la fermeture du site.
La visite de Marc Ferracci chez Toyota était connue par les journalistes depuis samedi 23 novembre, les élus le savaient eux bien avant. Dans un communiqué cinglant, Aymeric Robin, maire PCF de Raismes et président de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut, s’adresse au ministre de l’Industrie. "Je veux dénoncer ici le cynisme du gouvernement qui préfère aller se féliciter quant à la réussite chez Toyota, plutôt que d’aller affronter les difficultés et notamment d’évoquer l’avenir du site d’ArcelorMittal Denain et celui de ses salariés qui se situe à quelques kilomètres", écrit-il.
Il affirme qu’une demande de table ronde a été faite au cabinet de Marc Ferracci "la semaine dernière" pour trouver "collectivement des solutions pérennes pour le devenir" du territoire. Un communiqué, conclut avec une pointe d’ironie non dissimulée : "nous sommes prêts à offrir au Ministre un nouveau GPS pour son véhicule afin qu’il puisse venir à notre rencontre". Pourtant, une fois la visite achevée à l’usine Toyota d’Onnaing, le ministre de l’Industrie a rejoint Paris sans s’arrêter par Denain, où plus de 200 personnes – salariés du site, salariés d’ArcelorMittal de la région et élus du territoire – étaient mobilisées.
Le ministre défend sa méthode
Pendant sa visite des lignes de production de la plus grande usine automobile de France, Marc Ferracci a salué "une histoire galvanisante dans le contexte actuel". En effet, le groupe japonais a annoncé son souhait de pérenniser 600 des 1 000 salariés actuellement en CDD ou en intérim dans l’usine Toyota d’Onnaing.
Outre cette annonce réjouissante pour l’emploi, le ministre de l’Industrie a également été interrogé sur l’annonce de fermeture des sites ArcelorMittal de Denain et de Reims, synonyme de suppression de 135 postes. "La sidérurgie est une des filières qui est confrontée à des défis très lourd, à l’échelle française mais aussi à l’échelle européenne", a dans un premier temps admis Marc Ferraci, faisant notamment référence à la "compétition souvent déloyale" et au "défi (de la) transition écologique et (de la) décarbonation".
Dans ce dossier comme dans tous les dossiers auxquels nous sommes confrontés, notre méthode basée sur le collectif et sur le terrain trouvera à s’appliquer.
Marc Ferracci, ministre de l’Industrie
Il a ensuite détaillé la méthode du gouvernement lorsqu’un groupe annonce la fermeture d’un site et la suppression d’emplois : "aller sur le terrain et comprendre ce que sont les difficultés du site, voir s’il y a des solutions industrielles possibles (...) et mettre toutes les parties prenantes autour de la table : les actionnaires, les créanciers parfois, les élus locaux, les services de l‘Etat pour essayer de trouver des solutions".
Selon Marc Ferracci, "parfois c’est possible" – le ministre cite l’exemple de Valdunes et le sauvetage de 180 emplois – "parfois ce n’est pas possible. Dans ce cas, le rôle de l’Etat est d’être extrêmement exigeant sur l’accompagnement des salariés et leur reclassement sur le territoire".
"Silence radio"
Des arguments balayés par le président de l’agglomération de la Porte du Hainaut, furieux. "Depuis ma demande de table ronde il y a 10 jours, je n’ai obtenu aucune réponse. C’est silence radio. C’est bien de venir voir ce qui fonctionne, mais comment on peut se regarder dans la glace quand ça brûle à 20 km mais qu’on ne va pas voir ?", s’interroge Aymeric Robin.
Lui était présent devant le site ArcelorMittal auprès des salariés, avec d’autres élus dont la maire de Denain, le député de la France Insoumise Aurélien Le Coq et plusieurs conseillers régionaux, dont l’écologiste Karima Delli et l’insoumis Cédric Brun.
Gavé d’argent public et bénéficiaire, Mittal licencie des familles entières à la veille de Noël.
— Aurélien Le Coq (@Aurelien_Le_Coq) November 26, 2024
À #Denain ce matin en soutien aux salariés d’Arcelor.
Le gouvernement les laisse piller notre pays. Dégageons-les ! pic.twitter.com/ZCuU8QujOT
"La situation est tendue, résume le président de l’agglomération. On a des salariés qui sont déterminés et il y a aussi une part d’incompréhension. Ils veulent des réponses mais le ministre ne vient pas". Contacté pour savoir si une visite ou une rencontre avec les élus et les représentants du personnel d’ArcelorMittal est prévue, le cabinet du ministre de l’Industrie ne nous a pas répondu à l’heure où nous publions cet article.