Pour éviter la fermeture de leur usine d'engrais, les salariés de Montoir-de-Bretagne avaient présenté un plan pour rénover les installations et relancer la production de fertilisants. Ce jeudi 28 mars, la direction a rejeté la proposition des salariés.
Ils étaient plus d'une centaine devant les portes de l'établissement, alors que se tenait un CSE qui devait décider de l'avenir du site Yara de Montoir-de-Bretagne.
La direction devait se prononcer sur le plan B proposé par le personnel suite à l'annonce, en novembre dernier, de la fermeture de leur usine.
La réponse a été malheureusement celle que nous attendions.
Philippe Nicolas, secrétaire du CSE central de Yara
Avec l'appui d'un cabinet d'expertise, les élus du personnel avaient élaboré un plan B prévoyant la rénovation complète des installations pour développer la production d'engrais complexes. Un plan qui, selon eux, aurait permis de retrouver une rentabilité et de maintenir les 139 emplois menacés.
"La réponse a été malheureusement celle que nous attendions. La direction nous oppose des arguments fallacieux sur le financement et maintient son projet initial" résume Philippe Nicolas, secrétaire du CSE central de Yara.
Le projet présenté par les élus du personnel prévoyait un budget de 80 millions d'euros pour rénover l'usine, la même somme que celle qui était annoncée par la direction de Yara pour l'installation d'une plate-forme de mélange, la destruction des unités de production, la dépollution du site industriel et le plan social.
"Notre projet n'était pas plus onéreux, peut-être même plus économique, car on ne connaît pas encore le coût de la dépollution. Avec 8 milliards d'euros de bénéfices en 4 ans, dont la moitié ont été reversés aux actionnaires, Yara a la capacité de financement", estime Philippe Nicolas.
La colère des salariés, le silence des ministres
Ce jeudi, c'est la colère qui dominait parmi les salariés, en grève dans leur immense majorité. Les courriers des élus adressés aux ministères des Finances, du travail, de l'industrie, de l'agriculture et de la transition écologique sont restés sans réponse. De même que la tentative d'entrevue avec Robert Lescure, ministre de l'Industrie, qui se trouvait en visite aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire.
Selon les salariés, c'est l'absence des travaux de remise à niveau de l'usine, qui aurait dû avoir lieu aux alentours de 2010, qui se trouve à l'origine du manque de rentabilité. "Les coûts de maintenance ont explosé", expliquent les élus.
Mais le projet n'est pas mort
Pour eux, le refus de la direction n'enterre pas complètement le projet. Il faudra plusieurs mois pour achever le processus d'information consultation. Dans l'intervalle, les élus comptent bien maintenir la pression, sur les élus notamment. Ceux du bassin nazairien ont déjà montré leur intérêt pour un projet alternatif qui maintiendrait les 139 emplois. L'exécutif pourrait aussi prendre position pour maintenir la souveraineté alimentaire : "Aujourd'hui, 80% des engrais sont importés en France. Si nous disparaissons, ce sera encore pire" alerte le secrétaire du CSE.
La dépollution pourrait aussi peser dans la balance, si les exigences du port autonome, la Région ou encore la Carène aboutissait à un coût rédhibitoire pour Yara, ce qui remettrait le plan B sur les rails.