L'entreprise Innovafeed, qui produit de la farine d'insecte à destination de la nourriture animale, a inauguré une nouvelle aile ce lundi 2 décembre. Elle devrait multiplier sa production par cinq en se lançant sur le marché de l'aquaculture.
Depuis 2020, l'entreprise Innovafeed se développe en Picardie. Tellement bien, que l'usine de farine animale inaugure une nouvelle extension qui devrait multiplier sa production par cinq. Ce qui était déjà "la plus grande ferme d'insectes au monde", inaugure une troisième aile ce lundi 2 décembre. "C'est ici que l'on élève nos mouches, enfin nos larves", nous présente Jérémie Ruthmann, le directeur du site de Nesle, dans la Somme.
En tout, la production devrait passer de 2 000 tonnes à 10 000, voire 15 000 tonnes annuelles. "Notre objectif, c'était de monter à cette capacité-là, parce qu'on a le marché nécessaire pour produire ces quantités-là", dévoile-t-il. L'entreprise qui approvisionnait principalement des agriculteurs, s'attaque désormais à l'aquaculture.
Un nouvel espace pour un nouveau marché
"La plupart des poissons sont insectivores, comme les saumons ou les truites", explique le directeur du site. Nourrir ces poissons avec des protéines d'insectes serait moins polluant que des protéines végétales, selon l'entreprise. Ils estiment que leur farine consomme "le tiers, voire le quart de l'empreinte carbone des protéines végétales".
Questionné sur l'impact environnemental d'une telle structure, 55 000 m² en tout, Jérémie Ruthmann s'explique : "Si on veut être une vraie alternative (écologique), il faut qu'on ait une échelle qui représente une vraie solution".
Malgré le succès de ce projet, le défi semblait plutôt audacieux au moment du lancement en 2020. "Au début, quand on m'a proposé d'accompagner le projet avec la région. On a mis 4 millions d'euros et c'était un sacré pari. Aujourd'hui, c'est un groupe qui compte plus de 350 personnes dont 170 ici, à Nesle. Donc c'est un pari qu'on a bien fait d'accompagner", se félicite Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, présent pour l'inauguration.
Un succès unique, alors que d'autres entreprises du secteur se portent mal
Une autre entreprise de la région s'est lancée dans la production de farine d'insectes. Sa réussite n'est pas aussi florissante. L'entreprise Ÿnsect, fondée en 2011, voulait devenir un leader de la production d'insectes pour la nutrition animale et humaine. Sa gigantesque ferme d'insectes de Poulainville, dans la Somme, est la vitrine de la start-up qui se retrouve aujourd'hui en grande difficulté, malgré les impressionnantes levées de fonds réalisées ces dernières années.
Clément Ray, le directeur général d'Innovafeed, explique cette différence de résultats par des choix stratégiques. "Nous, on crée un nouveau segment, le marché de l'aquaculture et on a besoin d'atteindre une taille importante pour proposer des ingrédients qui soient compétitifs". Ce serait une filière trop peu exploitée par la concurrence selon lui.
Par ailleurs, il remet en question la forme de l'entreprise qui aurait porté préjudice à son concurrent. "On adresse le même marché, mais n'a pas la même technologie, pas le même insecte qui est élevé, ni la même histoire d'implantation. Je comprends la situation d'Ynsect mais pour moi les leçons qui doivent être tirées ne concernent pas le marché des insectes, mais plutôt le cas de toutes les start-up industrielles qui se développent. Ce modèle est à la fois utile pour notre modèle industriel et plein d'embûches".