Des larves d'insectes pour nourrir poissons, volailles et chiens : une entreprise des Hauts-de-France développe la filière

Des centaines d'entreprises de la French Tech sont reçues à l'Élysée, ce lundi 20 février. Parmi elles : Innovafeed, société implantée dans les Hauts-de-France et qui rayonne mondialement pour sa production de protéines à partir d'insectes.

La plus grande ferme verticale d'insecte du monde se trouve à Nesle, dans la Somme.

Depuis 2020, des centaines de mouches "soldat noir" y sont élevées dans des volières. Objectif : les faire se reproduire et récolter leurs œufs.

Les œufs deviennent ensuite des larves. Durant une dizaine de jours, elles sont stockées dans des bacs avant d'être broyées.

En résulte alors de la farine de protéine d'insecte ou de l'huile d'insecte. Autant d'ingrédients destinés à l'alimentation animale : poissons, porcs, volailles et même animaux de compagnie.

15 000 tonnes de protéines d'insectes par an, d'ici 2024

Pour Clément Ray, président et co-fondateur d'InnovaFeed, tout est parti d'une volonté de "rendre l'alimentation compatible avec les limites environnementales. Comment nourrir tout le monde, tout en préservant l'environnement ?"

Un site pilote est d'abord installé à Gouzeaucourt, près de Cambrai (Nord), en 2017. Trois ans plus tard, l'entreprise grandit et s'installe en Picardie.

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Reportage réalisé par France 3 Hauts-de-France, lors de l'ouverture à Nesles, en 2020. ©Gontran Giraudeau / FTV

Pourquoi choisir les Hauts-de-France ? La région étant l'une des premières régions dans le secteur de l'agro-industrie, le choix s'est imposé logiquement à l'ingénieur et ses collaborateurs. "On souhaite éviter au maximum les transports et faire du circuit-court."

Illustration dans la Somme : pour nourrir ses larves, l'entreprise recycle des résidus de blés, produits par son voisin, l'amidonnerie Tereos.

Un marché en pleine expansion

La réglementation a également contribué au développement de la filière. Depuis 2017, pour réduire l'utilisation de farine de poissons dans le nourrissage des poissons, l'Union Européenne autorise les protéines d'insectes. C'est aussi le cas pour les volailles et les porcs, depuis 2021.

L'industrie a des besoins importants. Le marché explose. En 2022, on a déjà signé pour 1 milliard d'euros de contrats sur les années à venir.

Clément Ray

Président d'Innovafeed

En l'espace de six ans, l'entreprise est passée de 7 collaborateurs à plus de 300. Une usine ouvrira même bientôt aux États-Unis.

Un avenir prometteur

Autre signe d'un succès florissant : l'entreprise est aujourd'hui reçue à l'Élysée, car elle a intégré la promotion 2023 des 40 entreprises technologiques françaises les plus performantes.

Si c'est une "fierté", Clément Ray reste toutefois mesuré : "C'est une reconnaissance qui vient comme une étape dans un parcours encore long. Nous, on se bat pour construire une nouvelle filière agro-alimentaire."

La protéine d'insectes arrivera-t-elle bientôt dans nos assiettes ? "C'est le sujet de demain. La protéine d'insecte a un potentiel très fort que ce soit pour le goût des aliments, la santé ou envers l'environnement. On y travaille activement", conclut Clément Ray.

L'an dernier, lors du salon de l'agriculture, les régions Hauts-de-France, Grand-Est et Normandie se sont engagées au sujet des protéines. Un souhait : devenir leaders des protéines végétales, d’algues et, bien évidemment, d’insectes. Preuve que l'enjeu est grand.

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