En investissant dans un nouveau centre d'expertises à Vic-sur-Aisne, l'entreprise Roquette renforce sa position de leader mondial dans un secteur en plein développement : la protéine végétale. Un aliment d'avenir que la société axonaise travaille depuis déjà 20 ans.
De l'extérieur, le bâtiment n'attire pas spécialement l'attention. Pourtant à l'intérieur, se joue l'un des enjeux majeurs de l'agro-alimentaire. L'entreprise Roquette située à Vic-sur-Aisne, près de Soissons, vient d'inaugurer un nouveau centre de recherche et de développement.
Cet outil devrait permettre de nouvelles avancées dans le secteur des protéines végétales. Le groupe Roquette, leader mondial dans la production des protéines végétales à partir de pois, espère renforcer sa position dans ce secteur en plein développement.
Du pois à la protéine
"L'ambition de Roquette, c'est de mettre sur le marché à court terme, de nouvelles protéines avec de nouvelles origines botaniques pour diversifier l'offre" rapporte Emmanuel Nordet, responsable de l'atelier recherche et développement.
Des protéines végétales, le site industriel de Vic-sur-Aisne en produit déjà depuis 2002. Elles sont extraites de pois cultivés le plus souvent dans les Hauts-de-France.
Une douzaine de camions remplis de pois arrive dans cette mini-usine chaque jour. À l'arrivée du chargement, tous les pois sont minutieusement contrôlés. "On contrôle la qualité, tout ce qui est chardon, émission de poussière, insecte, détaille le responsable de l'atelier. C'est important pour faire une protéine de bonne qualité, il faut gérer tous les process derriere".
Une fois les amandes des pois isolées, elles sont transformées en farine dont sera extrait le produit ultime : la protéine végétale. Elle ne représente que 25% du pois mais l'essentiel de sa valorisation. Elle sera consommée sous forme de steak, de lait ou de gâteau.
"La seule limite, c'est notre imagination"
"Il y a une très forte demande des consommateurs sur cette alternative végétale, assure Jérémie dieu, directeur de l'usine, par rapport à l’environnement, par rapport à la santé, la nutrition, par rapport à des convictions environnementales".
Pour construire cet outil, unique en France, le groupe a investi 11 millions d'euros, ce qui va lui permettre de travailler sur d'autres sources végétales que le pois. "Il faut toujours garder une longueur d'avance, toujours innover. On n'a pas exploré toutes les possibilités, affirme Jérémie Dieu. La seule limite, c’est notre imagination avec la protéine végétale et donc on a encore beaucoup d’idées pour travailler les goûts, les fonctionnalités, les profils nutritionnels".
Plus de la moitié de la production de protéines végétales du site de Vic-sur-Aisne est aujourd'hui exporté. La demande croît chaque année d'environ 15%.
Tout porte à croire que cette croissance se poursuive. Dans un entretien pour La Croix, Jean-Michel Chardigny, nutritionniste, directeur de recherches à l'Inra, déclarait : "L'augmentation de la population humaine, la nécessité de réduire la consommation de protéines animales dans les pays développés et celle de diminuer les rejets de CO2 dans l’atmosphère terrestre, font que le choix de consommer davantage de protéines végétales s’avère être une solution bonne, raisonnable et durable.".