Les agriculteurs mènent une nouvelle action à la frontière espagnole, ce mercredi 20 novembre 2024. Au lendemain du blocage de l'A9 entre Barcelone et Perpignan, la coordination rurale s'est positionnée à Fos en Haute-Garonne afin de bloquer le passage des camions en provenance d'Espagne.
Ballots de paille. Tracteurs et remorques ont été mis en place. Depuis le milieu de matinée, ce mercredi 20 novembre 2024, des agriculteurs de la Haute-Garonne bloquent le passage des camions espagnols. "CR 31 en colère", peut-on lire sur une banderole entourant une botte de foin placée au milieu de la route qui mène à la frontière entre la France et l'Espagne.
Le retour de la menace d'affamer Toulouse
Bonnet jaune siglé des lettres CR de la Coordination rurale, Pierre Michel, céréalier à Cintegabelle en Haute-Garonne, est l'un des agriculteurs positionnés sur un rond-point de Fos. "On empêche les camions espagnols d'entrer en France parce que ce sont eux qui nous importent beaucoup d'agro-alimentaire pour nous nourrir. Et donc, d'ici quelques jours, si toutes les frontières sont bloquées, Toulouse devrait avoir faim parce que les centrales d'achat ne vont pas être approvisionnées."
Affamer Toulouse, la menace de la coordination rurale date d'il y a plusieurs mois. Mi-octobre 2024, lassé des pantins et du bla-bla, Lionel Candelon, le président de la CR du Gers, faisait entendre le ras-le-bol des agriculteurs après dix mois d'attente d'une réaction et d'aides du gouvernement.
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Un mois plus tard, la menace se veut crédible avec ces actions des agriculteurs visant les importations d'Espagne et les blocages de centrales d'achat. "Personnellement, 99% de mes céréales vont en Espagne pour nourrir leur bétail qu'ils nous renvoient sous cellophane pour nourrir Toulouse. Parce qu'en France, on n'a pas voulu des élevages. Soi-disant parce que ça pollue", dit encore Pierre Michel sur son point de mobilisation du jour.
Du vide dans les rayons des magasins ?
Ce mercredi 20 novembre 2024, la coordination rurale a lancé le blocage de plusieurs centrales d'approvisionnement d'hypermarchés dans le Sud-Ouest. C'est le cas notamment à Bressols, près de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne. "Attention aux pénuries dans les jours qui viennent", peut-on lire sur le compte X de Résistance paysanne en légende d'une vidéo du campement installé par les agriculteurs.
⚡️🚨 PLATEFORME ALIMENTAIRE NEUTRALISÉE À MONTAUBAN !
— Résistance Paysanne (@ResistPaysans) November 20, 2024
Des agriculteurs de la CR82 et de la CR47 bloquent actuellement une plateforme Intermarché à Montauban.
ATTENTION AUX PÉNURIES DANS LES JOURS QUI VIENNENT… #RevoltePaysanne pic.twitter.com/vrbSqjX9XJ
"Le but n'est pas de cibler une enseigne ou une autre (...) on veut créer de la pénurie dans les magasins pour montrer aux gens que sans agriculteurs, il n'y a pas de nourriture", a déclaré Olivier de Ginestet, producteur de maïs et de poulets dans les Landes, rapporte de son côté l'AFP.
Alimentée par le projet d'accord commercial entre l'Union européenne et les pays d'Amérique du Sud, la colère des agriculteurs de la coordination rurale n'a pas été apaisée par Michel Barnier. Dans un entretien avec l'organisation syndicale, le Premier ministre a pourtant déclaré se battre contre le Mercorsur, "parce que j'en ai assez qu'on sacrifie au niveau européen des pans entiers de notre économie".
Par solidarité avec le monde agricole, Carrefour prend l’engagement de ne commercialiser aucune viande en provenance du Mercosur. Tel est le sens de mon message aux présidents des syndicats agricoles. pic.twitter.com/bGo3ttA7Yt
— Alexandre Bompard (@bompard) November 20, 2024
Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, a de son côté dit vouloir "faire front commun avec le monde agricole", en prenant l'engagement de ne commercialiser aucune viande en provenance du Mercosur.