La ferme d'insectes Ÿnsect en difficulté financière : la start-up demande une procédure de sauvegarde judiciaire

Fondée en 2011, l'entreprise Ÿnsect voulait devenir un leader de la production d'insectes pour la nutrition animale et humaine. Sa gigantesque ferme d'insectes de Poulainville, dans la Somme, est la vitrine de la start-up qui se retrouve aujourd'hui en grande difficulté, malgré les impressionnantes levées de fonds réalisées ces dernières années.

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C'est une annonce qui inquiète : le 25 septembre 2024, l'entreprise Ÿnsect a été placée en procédure de sauvegarde judiciaire par le tribunal de commerce d'Évry. Cette démarche, initiée par la start-up, lui permet de geler ses dettes pendant six mois, le temps de trouver de nouveaux capitaux. 

"L'atterrissage du projet industriel nécessite encore des capitaux additionnels dans l'attente d'un niveau de production et de ventes permettant d'assurer la rentabilité de l'entreprise", indique Ÿnsect dans un communiqué. 

Des signaux inquiétants 

La ferme-usine de Poulainville est l'une des vitrines d'Ÿnsect : 45 000 mètres carrés dédiés à la production de scarabées et vers de farine, transformés en farines animales et pour l'instant commercialisés pour fabriquer de la nourriture pour chiens. L'entreprise livre aussi un engrais à base de déjections de scarabées. 

Cependant, l'usine de Poulainville a été ouverte avec plus d'un an de retard et trouver de nouveaux clients dans ce marché émergent prend du temps. Les résultats de l'entreprise ne sont donc pas encore au rendez-vous. D'après Le Monde, elle n'a vendu que 568 000 euros de produits finis en 2022, alors que ses pertes s'élevaient à 90 millions d'euros. Ÿnsect n'est pas seulement implantée dans la Somme, mais aussi dans le Jura et aux États-Unis.

En 2023, Ÿnsect ferme son usine des Pays-Bas, deux ans après son acquisition. L'entreprise justifiait alors ce choix comme un "recentrage de son activité", en parallèle à une réduction de 20% de ses effectifs. L'entreprise venait pourtant de réaliser une levée de fonds de 160 millions d'euros pour 2023-2024, mais les délais de ces investissements seraient "incompatibles avec la pression financière subie par l'entreprise", d'après la communication d'Ÿnsect. Toujours en 2023, le fondateur d'Ÿnsect, Antoine Hubert, passait la main à Shankar Krishnammorthy, ancien membre du comité exécutif d'Engie. 

En tout, l'entreprise a levé 650 millions de dollars depuis sa création, dont des fonds publics : 20 millions d'euros versés par l'Europe, 770 000 euros de la part de la région Hauts-de-France et la même somme venant d'Amiens Métropole. 

110 emplois dans la Somme 

Cette importante subvention d'Amiens Métropole a été réalisée en contrepartie de la création de 110 emplois, comme le soulignait le 27 septembre Alain Gest, président d'Amiens Métropole, invité sur le plateau de notre journal Ici 19/20.  

"Les engagements pris par Amiens Métropole, c'est de verser l'argent quand les emplois sont créés : les emplois ont été créés, constate Alain Gest. Je ne suis pas en train de raisonner sur la fermeture de cette entreprise, c'est beaucoup trop prématuré. Si par malheur, l'entreprise ne trouvait pas les moyens de se redresser (...) effectivement, ce serait une très mauvaise opération pour les salariés et pour nous-mêmes. Mais on sait que, quand on aide à l'implantation d'entreprises, il y a 95 fois sur 100 des résultats positifs.

L'annonce du placement en sauvegarde judiciaire d'Ÿnsect a en effet été l'objet de débats lors du dernier conseil communautaire d'Amiens Métropole, le 26 septembre. Le président de la communauté de communes se veut donc rassurant, soulignant qu'à ce stade, "il n'y a pas péril en la demeure, on aurait préféré se dispenser de ce genre d'épisodes, mais cette entreprise est encore une start-up, elle est récente. Cela arrive souvent que dans le milieu industriel, il y ait des périodes de lancement difficiles, un peu de retard."

Les retards, Ÿnsect les accumule depuis la pose de la première pierre à Poulainville. L'usine devait commencer à produire en 2022, il aura finalement fallu patienter jusqu'en 2024 pour les premières livraisons d'engrais. La farine animale se fait toujours attendre ; en juin 2024, Antoine Hubert annonçait le modeste objectif de faire tourner l'usine à 20% de sa capacité cette année. Le site de Poulainville doit, à terme, représenter 95 % de la production de l'entreprise. Ÿnsect affirme être en "discussions avancées" avec des investisseurs. Ces six prochains mois s'annoncent en tout cas anxiogènes pour les ouvriers de Poulainville. 

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