"L'agriculture française n'avait pas besoin de ça" : la baisse de la collecte de lait annoncée par Lactalis scandalise les éleveurs

Le numéro un français Lactalis a annoncé réduire les volumes de lait collecté dans les fermes françaises d'ici la fin de l'année. Les éleveurs picards qualifient cette nouvelle de "déflagration" et se disent "inquiets" pour leur rémunération et leur chiffre d'affaires, en pleine crise sanitaire.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le groupe Lactalis a annoncé qu'il allait réduire, à partir de fin 2024, les volumes de lait collecté dans les fermes françaises à destination des marchés internationaux. Le but : se recentrer sur les produits vendus en France, mieux valorisés.

La collecte annuelle sera donc réduite de l'ordre de 450 millions de litres des quelque 5,1 milliards de litres de lait d'excédent auprès des éleveurs français. Pour amortir l'impact de cette décision sur la taille des troupeaux de vaches à lait en France, et donner aux éleveurs le temps de s'organiser, le groupe s'est engagé à ce que la réduction des volumes soit progressive entre 2024 et 2030.

"C'est une déflagration pour l'ensemble des producteurs de lait"

Luc Smessaert, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qualifie cette nouvelle "d'onde de choc" et de "déflagration" pour tous les producteurs de lait en France. "On est en pleine crise sanitaire, il y a besoin d'accompagner les éleveurs", déplore-t-il.

Pour lui, il s'agit d'une "provocation : annoncer ça pour fin 2024 ? Ils ont oublié que pour avoir un veau, il faut 9 mois et on est incapable de fermer les robinets en moins de quelques mois". D'autant plus qu'aujourd'hui, les agriculteurs demandent "un vrai soutien de l'ensemble des filières" pour installer des jeunes éleveurs dans la production laitière.

Mercredi 25 septembre, l'interprofession laitière annonçait qu'il faudrait augmenter les prix du lait de 14% pour tenir compte des coûts de production, des évolutions, "et le lendemain, Lactalis annonce une baisse de collecte de 9%, ce n'est pas acceptable, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas digne du numéro un français".

Quand on livre du lait chez le numéro un français, on se dit plutot sécurisés. On peut produire, on peut investir. Là, il coupe complètement l’élan, la dynamique. La production de lait et de viande n'allait pas trop mal. Forcément, l’agriculture française n’avait pas besoin de ça.

Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA

La nouvelle a d'autant plus de mal à passer que Lactalis semble bien se porter. "Depuis 30 à 40, c'est un fleuron de l'économie française, il a quand même fait son beurre sur le dos des éleveurs français depuis 40 ans ! Il n'est pas question qu'il baisse sa collecte en France, en tout cas pas dans les prochains mois puisqu'il est tenu à respecter des contrats".

Luc Smessaert note qu'on ne peut pas "discuter par le biais de la presse" car derrière les organisations de producteurs, "il y a des hommes, des femmes qui se lèvent tous les jours pour produire du bon lait français et on a un numéro un français qui communique par voie de presse".

"Il y aura beaucoup de conséquences"

De son côté, Bernard Macaux, éleveur à Fluy (Somme) et président de l'association des producteurs de lait de l'ouest picard, explique que cette décision "aura beaucoup de conséquences par rapport à la production et la filière laitière". L'impact financier peut être important sur les élevages laitiers "par rapport à la baisse de volume à produire".

Il ajoute qu'en tant qu'industriels, "indirectement", les éleveurs ont une entreprise à gérer avec une rémunération et un chiffre d'affaires. "Donc si on diminue le chiffre d'affaires, on peut moins investir, moins être performants par rapport à nos concurrents européens et étrangers", analyse-t-il.

Des négociations comptent être engagées entre l'entreprise et les organisations de producteurs, notamment sur la livraison de lait. "On sera interdit de le livrer à d'autres industriels, s'ils veulent nous l'acheter, ou diminuer la production". C'est pourquoi il faudrait, selon lui, adapter les contrats pour leur permettre de s'en sortir.

Les éleveurs comptent également "demander une rémunération supérieure" pour compenser cette décision qui les "pénalise". Sinon, ils doivent "accepter qu'on puisse livrer à d'autres industriels, encore faut-il que d'autres industriels nous acceptent cette quantité de lait, ça, c'est autre chose", conclut-il.

Pour le moment, Lactalis a indiqué que l'Est et le sud des Pays de la Loire seraient les premiers territoires directement touchés par la réduction.

Avec Mary Sohier / FTV

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information