Une ferme d'insectes d'Amiens autorisée à vendre ses protéines de vers de farine pour l'alimentation des chiens aux États-Unis

Une entreprise dont l'usine est basée à Amiens, dans la Somme, a obtenu l'autorisation tant attendue pour commercialiser des protéines de vers de farine à destination de l'alimentation des chiens aux États-Unis. D'ailleurs, il ne s'agit pas de la seule dans les Hauts-de-France.

L'entreprise Ÿnsect peut désormais commercialiser des protéines de vers de farine pour nourrir les chiens aux États-Unis. C'est l'AAFCO, autorité américaine en charge de la sécurité sanitaire de l'alimentation des animaux, qui a délivré l'autorisation.

Cette nouvelle arrive au moment où la ferme verticale d'Amiens entre actuellement en production et que les premières livraisons de clients ont eu lieu en décembre 2023.

Deux ans d'instruction

Il a fallu deux ans d'instruction et six mois d'étude avant que le marché américain ne leur soit ouvert pour vendre leurs ingrédients à base du scarabée Tenebrio molitor, "et plus précisément la farine de Tenebrio molitor dégraissée à destination des chiens", explique Ÿnsect.

L'entreprise ajoute que "cette autorisation a été délivrée sur la base d'un dossier scientifique très complet". Les résultats ont démontré "à la fois la sécurité sanitaire du produit et ses atouts nutritionnels en substitution aux protéines animales habituellement utilisés". La publication au Journal officiel validera dans quelques semaines "le processus rigoureux des autorités américaines".

Pour Philippe Pichol, vice-président d'Ÿnsect, interviewé dans le JT ICI 19/20 du jeudi 25 janvier 2024, "c'est une très bonne nouvelle pour nous parce que le marché américain, c'est le premier marché au monde pour le petfood (nourriture pour animaux)". Aux États-Unis, "4 foyers sur 10 ont un chien". Le pays représente "un marché très important avec beaucoup de perspectives de développement".

"Ça va solidifier l'activité"

Le vice-président se réjouit d'une nouvelle qui "tombe à point nommé puisque l'usine d'Amiens est en cours de démarrage. Nous avons démarré l'été dernier, nous sommes en train de faire monter le cheptel progressivement", souligne-t-il.

Il ajoute : "nous avons déjà livré des engrais à nos premiers clients en décembre et nous allons commercialiser nos protéines à partir de cet été". Cela va permettre de "solidifier l'activité et ça nous offre des perspectives pour utiliser Amiens comme une base de développement pour insectes dans le futur".

1 kg de farine Sprÿng Protein70 émet deux fois moins d’equivalent CO2 que la farine d’agneau ou farine de soja, ou encore 22 fois mois que la farine de boeuf.

Ÿnsect

Au-delà de l'intérêt nutritionnel, la farine de Tenebrio molitor "peut aussi permettre de réduire l'empreinte environnementale de l'alimentation des animaux de compagnie en se substituant à des sources de protéines".

Les vers de farine "étant élevés à partir de coproduits agricoles dans des régions céréalières, leur empreinte environnementale est moins forte que pour de nombreux autres ingrédients traditionnellement utilisés".

Innovafeed dans une démarche similaire

Ÿnsect n'est pas la seule entreprise de la région spécialisée dans ce secteur. Innovafeed, dont l'usine est implantée à Nesle, dans la Somme, est aussi active depuis sept ans. Il s'agit d'ailleurs de la plus grande ferme verticale au monde. "On est arrivés après Ÿnsect et Agronutris, on est un acteur avec un business et une technologie assez uniques : dans notre modèle, les partenaires et investisseurs sont aussi nos clients, dont ADM et Cargill".

C'est d'ailleurs avec ADM (entreprise américaine d'alimentation pour animaux et humains) qu'Innovafeed a signé un partenariat pour vendre sa petfood aux États-Unis, il y a bientôt deux ans. "Ÿnsect élèvent le scarabée Tenebrio molitor et nous, la mouche soldat noir. On a choisi cet insecte par rapport aux sept autorisés par la réglementation française et européenne en 2017". Elles ont un cycle de vie assez court, de 45 jours, et pondent entre 500 et 1 000 œufs.

L'entreprise élève les mouches pour l'alimentation à la fois animale et végétale. Pour les animaux, "on a de la protéine, donc de la farine, pour l'aquaculture, donc poisson, truite, saumon crevette. L'huile est pour les animaux monogastriques comme le porc et la volaille. L'huile et la protéine, c'est pour la petfood". Quant au frass, c'est-à-dire l'engrais, "c'est un fertilisant naturel pour les sols et l'agriculture".

La mouche a un cycle de vie assez court de 45 jours et pond entre 500 à 1000 œufs. On a commencé avec 60 millions de mouche, presque l'équivalent de la population française, et on est désormais à 450 millions, plus que la population aux États-Unis !

Innovafeed

Les Hauts-de-France, "un territoire essentiel pour nous"

Comme Ÿnsect, l'entreprise a un modèle qui se veut écoresponsable. Innovafeed se base sur la symbiose industrielle. "On récupère d’un côté la chaleur" d'une centrale biomasse "et le coproduit pour nourrir et chauffer le bâtiment" chez leur autre partenaire industriel, Tereos, le tout "dans un circuit vertueux zéro déchet".

Ce modèle permet de valoriser des coproduits qui sont des déchets organiques "et on achète à moindre coût l'énergie qui aurait été perdue". Cela permet de réduire les émissions de CO2 de 80 %. C'est en grande partie ce qui a intéressé l'américain ADM qui, en plus de commercialiser leurs produits, accompagne Innovafeed dans l'ouverture imminente d'une usine à Decature, dans l'Illinois. Cette fois-ci, ce ne sera plus du blé, mais du maïs qui sera utilisé : "ce n'est pas la même géographie".

Les Hauts-de-France ont d'ailleurs été choisis par l'entreprise, car comme pour la cornbelt américaine, la région "est le grenier agricole pour la France". Il s'agit d'un "bassin énorme pour l'écoproduit, c'est un territoire avec beaucoup d'industries, on peut y adapter notre modèle de synergie". Il s'agit également d'un "bassin à redynamiser" et l'entreprise se dit "bien accompagnée" par la Région.

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