Le groupe automobile Stellantis a annoncé la démission de son PDG Carlos Tavares dimanche 1ᵉʳ décembre 2024. En Moselle, dans les usines de Metz-Borny et de Tremery ce lundi, les salariés ne semblent pas regretter son départ mais ils s'interrogent sur leur avenir.
Devant l’usine Stellantis à Metz Borny (Moselle), l’annonce du départ du patron interroge ce lundi matin 2 décembre 2024. La démission, avec effet immédiat, de Carlos Tavares a été acceptée par le conseil d’administration du groupe automobile durant le week-end. À Metz, au-delà de l'effet de surprise, les salariés restent sur leur garde.
"On reste très attentif par rapport au futur, par rapport aux emplois et aux sites industriels en France. On n’aimerait pas recommencer ce qui s’est passé en 2013, avec une grosse restructuration des sites et des pertes d’emploi", explique Vincent Piette, secrétaire FO Stellantis Metz-Borny.
Quelle sera la vision de son remplaçant ? C'est le gros point d'interrogation
Philippe Petry, délégué CFDT à l'usine Stellantis de Metz-Borny
"Ce qui inquiète les salariés aujourd'hui, c'est qu'on a poussé Carlos Tavares à la démission visiblement, et il n'y a pas de plan B", a indiqué Philippe Pétry à l'Agence France presse (AFP), délégué syndical de la CFDT à l'usine de Metz-Borny.
Carlos Tavares "avait des défauts, des qualités, mais c'était un industriel. Il a orienté l'entreprise vers l'électrique (...) Quelle sera la vision de son remplaçant ? C'est le gros point d'interrogation", poursuit Philippe Pétry.
Quand on sait que M. Tavares gagnait 100 000 € par jour, [...] on se dit qu’il a rapporté des milliards aux actionnaires et nous, on n’a rien récupéré
Jean-Charles Payet, délégué CGT Stellantis Metz-Borny
Le site de Borny est spécialisé dans la fabrication de boites de vitesse, notamment pour moteurs hybrides et électriques, en forte croissance, selon le syndicat FO. Le deuxième site mosellan se trouve à Trémery, il est spécialisé dans la fabrication de moteurs et a entamé une large transition vers l'électrique. Une production qui devrait monter en cadence l'année prochaine. Pour la CGT, le départ du PDG n'est pas quelque chose que le syndicat regrette.
"Clairement, aucun des salariés du site ici ne regrettera Monsieur Tavares... La politique qui a été mise en place par Monsieur Tavares, était une casse de l’emploi, avec des fermetures de sites et une flexibilité à outrance pour les salariés qui nous a gâché la vie... Il y a eu quelques augmentations de salaires, mais vraiment à la marge. Quand on sait que Monsieur Tavares gagnait 100 000 € par jour, week-end compris tous les jours de l’année, on se dit qu’il a rapporté des milliards aux actionnaires et nous, on n’a rien récupéré de ces milliards-là", Jean-Charles Payet, délégué CGT Stellantis Metz-Borny.
De son côté, Virginie Alibo-Colignon, secrétaire du syndicat FO Stellantis Tremery, tempère les choses : "Par rapport à son mandat, on pourra dire tout ce que l'on veut mais il a quand même redressé le groupe. Et on le remercie pour cela. Maintenant, pour la suite, on souhaite avoir une gouvernance stable et dédiée pour pouvoir relever tous les défis qui nous attendent dans le secteur de l'automobile", dit-elle.
La crainte des salariés et de voir la politique de suppression et de restructuration prolongée au vu des mauvais résultats du groupe. Le chiffre d’affaires de Stellantis a baissé de 27 % au troisième trimestre 2024.