Démission de Carlos Tavares. "On nous demande des efforts, lui risque de partir avec des millions", les salariés amers

Le patron du groupe automobile franco-italo-américain Stellantis a été contraint de démissionner avec effet immédiat, sous la pression du conseil d'administration exceptionnel réuni dimanche soir. Près de Rennes, sur le site de la Janais, actuellement fermé pour manque de pièces, les salariés sont amers.

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"Pour moi ce n'est pas une bonne nouvelle ! Se retrouver sans patron à la tête d'une entreprise comme Stellantis, ce n'est pas une bonne nouvelle." Ce lundi matin, la secétaire FO Nadine Cormier n'y va pas par quatre chemins. Carlos Tavares a tenu des propos, fait des promesses, il y a encore quelques semaines, mais : "Il avait dit "pas de fermeture de site"... En comité stratégique, il a été question d'investissements, de volumes à produire... Quelle est sa valeur aujourd'hui ? Il ne sera plus là pour tenir ces promesses."

Au lendemain de l'annonce du départ "surprise" du patron de Stellantis, la prudence est de mise sur le site de la Janais. Carlos Tavares, le PDG y était encore de passage il y a quinze jours. À l'époque "rien ne laissait présager son départ" note Laurent Valy de la CFDT. "On savait qu'il y avait des tensions et que c'était compliqué, mais on est quand même surpris..." 

En visite sur le site de Saint-Jacques-de-la-Lande, lundi 18 novembre, le patron de Stellantis avait essayé le nouveau SUV de Citroën assemblé depuis mi-novembre sur le site, avant de souligner que l'activité dans l'usine "dépendait du succès commercial de la future C5 Aircross", avec un point mort fixé entre 50.000 et 80.000 ventes par an. Le véhicule remplaçant de l'actuel C5 Aircross devrait être lancé en versions électriques et hybrides - et essence pour les marchés hors Europe - au second semestre 2025. 

Quelle stratégie à venir ?

Le patron du groupe automobile franco-italo-américain a été contraint de démissionner avec effet immédiat sous la pression du conseil d'administration exceptionnel réuni dimanche soir. Le PDG de 66 ans devait garder les rennes de Stellantis pendant un an avant de prendre sa retraite, mais des "divergences de vues" ont eu raison de lui. Il lui est reproché un management jugé trop brutal et une pression excessive sur les équipes, malgré des mises en garde du conseil d'administration. Selon plusieurs sources, le conseil d'administration a acté une forme de déni du dirigeant. 

"C'était quelqu'un de très exigeant, il a fait beaucoup de choses, mais à quel prix !? Il n'y a jamais eu autant de baisse d'effectifs..." souffle Laurent Valy, secrétaire de la section CFDT sur le site de la Janais, qui s'inquiète entre autres des moyens alloués à la Recherche et Dévéloppement.

"Effectivement il y a eu beaucoup de départs de salariés, mais jusqu'à présent ils ont toujours été accompagnés, sur les différents sites industriels du groupe. Mais quelles seront, demain, les mesures d'accompagnement ? Quels volumes ? On peut tout craindre..." s'inquiète Nadine Cormier.

Quid des stratégies majeures annoncées ? "Nous, on espère que les plans de charges vont être respectés" s'inquiètent les représentants syndicaux qui craignent de nouveaux changements de stratégie. 

À quand une loi contre les parachutes dorés ?

Le départ surprise du PDG arrive dans un contexte particulier : "Aujourd'hui, l'usine de la Janais est fermée pour manque de pièces" rappellent amers les représentants syndicaux. "Nous, on est au chômage ou en activité partielle. Nous sommes dans une période où on nous demande encore plus d'efforts, et lui risque de partir avec des millions d'euros... Cela risque d'en révolter plus d'un..."

Lire aussi : Stellantis supprime 250 postes d'intérimaires dans une usine près de Rennes

Le montant de l'indemnité de Carlos Tavares, poussé vers la sortie par Stellantis, se chiffrerait en effet en dizaines de millions d'euros, a appris ce lundi franceinfo auprès de membres du conseil d'administration. Le conseil d'administration l'a certes limogé, mais il a salué la capacité qui avait été la sienne de redressé le groupe Stellantis ces dix dernières années. Jugeant qu'il n'a pas complètement démérité, le conseil ne s'est donc pas opposé à un départ avec une indemnité élevée. 

Carlos Tavares a négocié un bonus important à l'aune de la rémunération astronomique qu'il touchait. Il était en effet le patron le mieux rémunéré de l'industrie automobile, avec 36,5 millions d'euros pour l'année 2023. "On ne sait pas encore excatement avec combien il va partir, mais déjà gagner 100.000 euros par jour de salaire... On espère que son parachute doré sera le plus bas possible..."

"On sait que le premier semestre 2025 va être difficile. Aujourd'hui, on ne fait qu'un seul produit et il est en fin de vie" regrette Laurent Valy. "Dans les ateliers, les salariés vont être révoltés. Ce départ, ces sommes, tout cela nous dépasse. Mais il faudrait quand même que le gouvernement légifère..."

Le successeur de Carlos Tavares n'est pas encore connu. Il sera nommé au cours du premier semestre 2025. En attendant, John Elkann, héritier de la famille Agnelli, premier actionnaire du groupe, prend la tête d'un nouveau comité exécutif temporaire. 
 

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