Après s'être compactée et avoir réduit ses effectifs, l'usine historique de Citroën à Rennes se prépare à accueillir un nouveau SUV, remplaçant de l'actuel C5 Aircross. Les salariés espèrent voir arriver un deuxième modèle pour pérenniser leurs emplois. Pas prévu pour le moment, mais pas impossible, a indiqué ce lundi 19 novembre Carlos Tavares, le patron de sa maison-mère Stellantis.
L'usine de La Janais, à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes, a assemblé le 13 novembre les premiers exemplaires du nouveau SUV de Citroën, remplaçant de l'actuel C5 Aircross, dont le lancement en versions électriques et hybrides - et essence pour les marchés hors Europe - est prévu au second semestre 2025.
En visite sur le site ce lundi 18 novembre, juste après avoir essayé le nouveau modèle sur le circuit, Carlos Tavares a souligné que l'activité dans l'usine "dépend du succès commercial de la future C5 Aircross", avec un point mort fixé entre 50.000 et 80.000 ventes par an.
Des perspectives "au moins jusqu'en 2030"
Alors que le marché automobile européen est au ralenti, cette nouvelle Citroën offre au site des perspectives d'activité "au moins jusqu'en 2030", selon Stellantis. Et tous les sites français sont chargés au moins jusqu'en 2028, selon M. Tavares.
Mais dans la mesure où la nouvelle Citroën est basée sur la plateforme STLA-M (partagée avec les autres SUV du groupe comme le Peugeot 3008 ou la Jeep Compass), "il peut y avoir d'autres opportunités (...) tout est possible, mais pour l'instant ce n'est pas prévu", a indiqué le patron de Stellantis en conférence de presse.
C'est pourtant ce qu'espéraient les représentants syndicaux de l'usine.
"Si l’arrivée du futur "C5 Aircross" est une bonne nouvelle puisque cela assure du travail jusqu’en 2030, la problématique demeure", relativise aussi Laurent Valy de la CFDT, le syndicat majoritaire.
"Un seul véhicule ne suffit pas. À Rennes, la production du 5008 s’arrête ces jours-ci, le "C5 Aircross" première génération est en fin de vie, donc on se retrouvera avec son successeur en mono produit. Et si on fait de la qualité, il y a une donnée qu’on ne maîtrise pas, c’est l’accueil du public."
Suppression de 250 postes d'intérimaires début 2025
La gigantesque usine Citroën qui a fabriqué les Ami 8, BX, Xantia ou C5 par millions a bel et bien fondu : ses effectifs ont été divisés par six en 25 ans, et l'usine compte maintenant 2.000 salariés, dont 200 intérimaires.
Mardi 29 octobre, la direction de l'usine avait annoncé la suppression de 250 emplois d'intérimaires à partir de janvier 2025, pour s'adapter au volume de production escompté. "Cette nouvelle organisation temporaire permettra de s'ajuster au volume de production", avait alors expliqué le groupe qui assurait aussi que "ce personnel sera prioritaire pour réintégrer notre organisation lors de la montée en cadence de la nouvelle C5 Aircross", à l'horizon de l'été 2025.
Si l'usine de Rennes ne s'était pas responsabilisée sur sa propre transformation, très probablement, nous n'aurions pas été là aujourd'hui pour en parler.
Carlos TavaresPDG de Stellantis
Cette usine "est un bel exemple de flexibilité et de compréhension de ce que c'est qu'une usine efficiente", a pour sa part déclaré Carlos Tavares ce lundi 18 novembre. "Si l'usine de Rennes ne s'était pas responsabilisée sur sa propre transformation, très probablement, nous n'aurions pas été là aujourd'hui pour en parler".
L'usine s'est compactée comme celle de Peugeot à Sochaux (Doubs) : l'atelier de montage accueille désormais le ferrage, soit les soudures hautement automatisées de la caisse, mais aussi l'assemblage des batteries.
Des investissements modestes sur le site de la Janais
La surface totale du site doit passer de 229 hectares à 108 dans quelques années : la métropole de Rennes en a déjà racheté une partie pour y lancer un "pôle d'excellence industrielle" dédié à la construction et la mobilité durables.
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Stellantis a investi modérément pour moderniser l'usine (160 millions d'euros), réutilisant des machines venues de Sochaux, mais aussi d'usines italiennes de l'ex-groupe Fiat-Chrysler pour baisser les coûts.
Un nouvel atelier d'injection plastique reprend ainsi des pare-chocs ou des protecteurs de portes fabriqués jusqu'ici par des sous-traitants.