Dans des courriers adressés au Ministre de la Santé, les présidents des Conseils Départementaux proposent l'aide des laboratoires dont ils ont la charge pour produire des tests covid-19. Mais la loi ne le permet pas.
Produire des tests ne fera pas avancer le traitement des malades les plus gravements atteints mais cela permettrait de mieux lutter contre la propagation du virus covid-19.
Lors d'une conférence de presse le 16 mars dernier, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé appelait à tester toute personne présentant des symptômes pouvant amener à suspecter une contamination par le covid-19. «Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés, a-t-il dit, testez, testez, testez »,
En France, le test est pour le moment réservé aux cas graves.
Il semble donc qu'on applique au test SARS-CoV-2 le même raisonnement que pour les matériels de protection, à savoir : pas assez de matériel donc on restreint le champ d'utilisation. Et on justifie comme on peut.
Il conviendrait pourtant pour mieux lutter contre la pandémie et isoler rapidement les porteurs de produire plus de tests.
"En temps de guerre sanitaire, il nous faut réorienter l'appareil productif ..."
C'est dans cet esprit que les Présidents des quatre départements de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Sarthe et Indre-et-Loire ont adressé un courrier au ministre de la santé.Dans ce courrier, ils proposent que leurs laboratoires départementaux réunis dans la structure Inovalys mettent leurs compétences au service de la production de tests de dépistage du covid-19.
"En temps de guerre militaire, explique le courrier, il faut réorienter d’urgence et dans l’intérêt général l’appareil économique pour soutenir l’effort du pays. En temps de guerre sanitaire, il nous faut réorienter d’urgence et dans l’intérêt général l’appareil productif des tests COVID-19, pour soutenir en cas de suspicion de contamination, les équipes en première ligne."
Matériel et savoir-faire, ce groupement de laboratoires disposerait de tout ce qu'il convient de réunir pour participer à la lutte contre la progression de la maladie.
1000 tests par jour
"Notre laboratoire vétérinaire et de biologie Inovalys fait valoir le courrier envoyé à Olivier Véran, le Ministre de la Santé, dispose des équipes, des compétences et des matériels pour effectuer des analyses de biologie moléculaire, en grande quantité de l’ordre de 1 000 tests COVID-19 par jour.""On a l"habitude de traiter de grandes quantités de PCR (Polymerase Chain Reaction, technique qui permet de détecter le virus dans le prélèvement) confirme Bruno Caroff, le directeur général d'Inovalys. Notamment pour la fièvre catarrhale ovine."
Selon lui, il suffit de passer commande du réactif qui permet de déceler la présence du covid-19 pour ensuite mettre en ordre de bataille les laboratoires vétérinaires après toutefois avoir validé la méthode, ce qui ne prend que quelques jours.
Le Département de Vendée également candidat
Même démarche du côté du Département de Vendée dont le Président, Yves Auvinet, a également pris la plume pour proposer les services du LEAV, le laboratoire de l'environnement et de l'alimentation de Vendée."Si la production de réactifs et de matériel à prélèvement homologués est suffisante, explique le Président de la Vendée, notre laboratoire départemental pourra travailler avec le Centre Hospitalier de Vendée et les laboratoires d'analyses humaines privés afin d'offrir à nos concitoyens une capacité analytique amplifiée de plusieurs centaines de tests par jour dans une perspective de dépistage plus importante pour parvenir à maîtriser l'épidémie de covid-19."
Le laboratoire vendéen avait été sollicité en septembre lors de la crise Lubrizol pour réaliser rapidement de nombreuses analyses afin de détecter d'éventuelles traces de métaux lourds ou de dioxine.
"Ça se fera en partenariat avec le CHD (Centre Hospitalier Départemental) explique Cécile Barreau, Présidente de la commission territoires et collectivités au Département de Vendée. Les échantillons arriveront en anonyme de l'hôpital et repartiront en anonyme. C'est le CHD qui donnera son interprétation."
L'avis de l'académie nationale de médecine
A ce courrier, le Président Yves Auvinet, a associé un communiqué de l'Académie Nationale de Médecine qui enjoint le gouvernement à autoriser les laboratoires vétérinaires à produire des tests comme cela est déjà le cas dans d'autres pays, la Belgique, l'Allemagne et l'Italie.Dans ce communiqué, "L'académie nationale de médecine recommande donc qu'en France aussi, les autorités sanitaires délivrent une autorisation exceptionnelle à ces industriels et laboratoires du secteur vétérinaire dans le cadre de l'urgence sanitaire actuelle. Cela constituerait une contribution inestimable pour contrôler l'épidémie de covid-19 en France."
Ce qui pourrait bien devenir un scandale, c'est la posture actuelle du gouvernement français qui pour le moment n'a pas répondu à cette proposition d'aide des laboratoires vétérinaires départementaux. Au nom d'une réglementation inadaptée à une situation de crise, ces laboratoires ne sont pas habilités à réaliser des tests destinés aux humains. Le code de la santé publique effectivement n'autorisant pas les laboratoires vétérinaires à faire des analyses de biologie humaine.
La proposition n'est pas de fabriquer des kits de test mais de faire eux-même les tests en appui des laboratoires des hôpitaux et des laboratoires de ville.
"On n'est pas dans une logique financière..."
Quand au niveau de sécurité affiché par ces laboratoires, il est dit-on tout à fait suffisant. "On travaille sur la rage, l'ESB, des maladies autrement plus dangereuses" répond le patron d'Inovalys qui estime qu'il peut réaliser ces tests tout en poursuivant ses missions habituelles."S'il y a besoin de faire beaucoup de tests estime Bruno Caroff, et que les capacités des laboratoires de ville et des hôpitaux sont saturées, on viendra alors en appui, on n'est pas là pour faire concurrence, on n'est pas dans une logique financière !"
On attend toujours la réponse du Ministre de la Santé...
Les laboratoires vétérinaires départementaux
Créés pour procéder aux contrôles décidés par l'Etat, les laboratoires vétérinaires départementaux ont comme leur nom l'indique été confiés aux Départements. Leurs missions sont multiples. Cela va de la sécurité alimentaire à la santé des végétaux en passant par la qualité sanitaire des produits de la mer et des eaux de baignade.Il sont financés par les Départements.