Ce n'est pas un média, mais une association qui finance des enquêtes journalistiques en Bretagne et en Loire-Atlantique. En 11 mois d'existence, la première publication de "Splann" a mis au jour la pollution de l'air à l'ammoniaque, liée aux élevages industriels.
"Splann", un nom qui signifie "Clair", en breton. La double publication en français et en langue bretonne est l'une des signatures de ce nouveau-venu dans le paysage médiatique, qui voulait proposer aux journalistes bretons un terrain de jeu pour s'exprimer dans leur langue régionale.
Mais la raison d'être de cette association, c'est d'abord l'enquête, un genre journalistique long, coûteux, et trop souvent, peu rémunérateur pour ceux qui le pratiquent. " Nous voulions proposer de payer les journalistes à la durée passée sur un sujet et non au tarif du feuillet qui s'apparente à du bénévolat lorsqu'on parle d'enquête", explique Juliette Cabaço Roger, l'une des co-fondatrices de Splann.
Un fonctionnement indépendant, lié à des appels de fonds
Sur les traces de la bande dessinées "Algues vertes, l'histoire interdite", publiée par la journaliste Inès Léraud, qui avait permis de révéler l'ampleur et la gravité du phénomène, étroitement lié à l'agro-industrie, les fondateurs de Splann veulent travailler à l'échelle d'une région, avec des journalistes qui vivent dans les territoires sur lesquels ils enquêtent.
Pour financer un travail qui s'étale sur plusieurs mois, l'association veut garantir son indépendance financière en fonctionnant par des appels de fonds, qui ont déjà permis de lever 92 000 euros. Menée sur cinq à six mois par une journaliste employée à mi-temps, la première enquête a coûté 30 000 euros et a permis de révéler l'ampleur d'une pollution de l'air à l'ammoniaque, omniprésente à des degrés divers en Bretagne et en Loire-Atlantique.
" Avec cet argent, nous rémunérons aussi les photographes, les personnes qui travaillent sur la cartographie, l'avocat qui relit les enquêtes avant publication", complète Gwenvael Delanoë, autre co-fondateur de Splann.
Une fois publiées sur le site de l'association, les enquêtes ont ensuite vocation à être reprises gratuitement par les médias partenaires, nationaux et régionaux. Toujours à disposition sur le site de Splann, la première publication sur l'ammoniaque a notamment été citée dans le cadre des débats au tribunal administratif de Rennes qui ont conduit en 2021 à annuler l'autorisation qui avait été donnée pour un élevage de 120 000 poulets sur la commune de Langoëlan en Bretagne.
Pour 2022, Splann est en train de développer 3 nouvelles enquêtes.