Une table ronde était organisée à Angers, samedi 21 septembre, pour parler de la surpopulation carcérale. La maison d’arrêt angevine compte 489 détenus pour seulement 266 places. La Ligue des droits de l’Homme sonne l'alerte.

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Derrière les murs de la maison d'arrêt d'Angers (Maine-et-Loire), 489 détenus cohabitent alors que l'établissement ne compte que 266 places. Cette surpopulation a des effets dévastateurs, selon la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Une table ronde était organisée, samedi 21 septembre au centre Jacques-Tati, pour discuter de cette situation en présence de Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

À Angers, huit cellules de la prison sont "triplées", avec un détenu dormant sur un matelas au sol. Dans ces lieux, l'espace descend à moins d'un mètre carré par personne.

Réinsertion au ralenti

Pour la LDH, le quotidien des détenus est entravé par ces conditions de vie et empêche les établissements pénitentiaires d'envisager sereinement la réinsertion des prisonniers. "La surpopulation a des conséquences sur la formation, sur le droit à l'éducation", alerte Nathalie Tehio, la présidente de l'organisation, présente à Angers samedi.

La France a d'ailleurs été condamnée à trois reprises par la Cour européenne des droits de l'homme, en janvier 2020, juillet 2023 et avril 2024, à verser des compensations à des détenus en raison de leurs mauvaises conditions de détention. "Avoir un mètre carré pour vivre au jour le jour, quand on est enfermé sept jours sur sept, c'est invivable", alerte Nathalie Tehio.

Samedi, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, à la tête de l'administration indépendante chargée du contrôle des détentions, a renvoyé les pouvoirs publics à leurs responsabilités. "C'est un problème politique. Il faut que les politiques s'emparent de ce problème et fassent en sorte que les prisons soient vidées, comme du temps du Covid, ce qui a été fait sans drame", avance-t-elle. Pendant la pandémie de Covid-19, en 2020, plus de 6 000 libérations anticipées, pour des détenus en fin de peine, avaient eu lieu pour désengorger les prisons françaises afin de respecter les règles sanitaires.

"Abandon des détenus et des surveillants"

"Je continuerai autant qu'il le faudra à critiquer le gouvernement dans son abandon à la fois des détenus, mais aussi des surveillants", a assené Dominique Simonnot lors de la table ronde.

Pour Jean Chevrollier, avocat au barreau d'Angers, il faut développer les sanctions alternatives à la prison pour endiguer la surpopulation. "Ça veut dire réfléchir aux procédures utilisées au niveau pénal, pour essayer de ne plus aller vers cette comparution immédiate", précise-t-il. La comparution immédiate, procédure de jugement accélérée dans le cas de faits établis et ne nécessitant pas d'enquête, est parfois pointée du doigt pour la sévérité des sanctions qui en résultent.

Jean Chevrollier suggère de "recourir à de sanctions alternatives plutôt que la détention automatique". Et l'avocat d'énumérer des solutions : "travail d'intérêt général, utiliser le placement à l'extérieur, le bracelet électronique et la semi-liberté en priorité à de la détention ferme".

En France, le nombre de détenus a atteint le nombre record de 78 880 personnes en juin, après neuf mois consécutifs de hausse de la population carcérale.

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