Une vingtaine d'enseignants du collège Jean Vilar à Angers ont fait valoir leur droit de retrait ce lundi 2 décembre. Après la découverte d'amiante dans les murs en novembre dernier, cette fois ce sont les sols des classes qui provoquent l'inquiétude. Ils réclament des mesures d'urgence pour mettre en sécurité le personnel et les élèves.
Depuis ce lundi 2 décembre, les cours sont perturbés au collège Jean Vilar, situé dans le quartier de la Roseraie, à Angers. Près des 3/4 des enseignants ont décidé de faire valoir leur droit de retrait.
"La première raison est celle d'un danger grave et imminent, c'est-à-dire qu'il y a un sol amianté dans 47 salles et bureaux du collège. Il est très dégradé, on est au plus haut niveau de dégradation, explique Nicolas Esnault, professeur de mathématiques et délégué du personnel SNES/FSU. Ces salles devraient être condamnées en attendant les travaux, on travaille toujours dedans."
Après de nombreuses demandes, les enseignants ont pu consulter le diagnostic technique amiante (DTA). "Ce rapport date de 2021, donc cela fait trois ans que les élèves, les personnels, les agents d'entretien travaillent dans des locaux amiantés et donc encourent un risque pour leur santé", s'insurge l'enseignant.
"Des mesures correctives de niveau 2 ont été préconisés par les opérateurs ayant effectué les repérages, précise le communiqué des enseignants. Le matériau ne doit plus être soumis à aucune agression ou dégradation supplémentaire."
"Pas de rénovation depuis 1990 dans ce collège
Les enseignants dénoncent aussi la forte dégradation de l'établissement, construit en 1974. "Il n'y a pas de rénovation depuis 1990 dans ce collège. On demande au département d'agir, de nous protéger en termes de santé." Classé en réseau d'éducation prioritaire plus, le collège accueille 380 élèves.
Alors que des travaux de réhabilitation complète avaient été annoncés par le département, "nous avons eu la confirmation, lors du Conseil d'administration du 25 novembre 2024, que ces travaux étaient gelés pour une durée indéterminée".
En novembre dernier, les professeurs avaient déjà fait valoir leur droit de retrait après la découverte d'amiante dans les murs du 1ᵉʳ étage, suite à des travaux qui devaient être effectués durant les vacances d'automne, pour mettre aux normes PMR l'accès aux toilettes.
"Les ouvriers ont stoppé net les travaux lorsqu'ils ont détecté la présence d'amiante dans les murs, rapporte Guillaume Hallier, membre de la commission conditions de travail du syndicat SUD. Au retour de vacances, la zone concernée par les travaux était censée être condamnée pour éviter toute pollution. Le lundi de la rentrée, le 4 novembre, la bâche qui était censée condamner la zone, était ouverte et déchirée, les scotchs s'étaient enlevés".
Dans un communiqué, publié ce jour, le département du Maine-et-Loire, en charge de l'entretien des collèges, précise qu'"un protocole de décontamination préventif a été mis en place et des analyses d’air ont été diligentées", à la suite des travaux effectués durant les vacances d'automne.
"Les résultats de ces analyses menées à proximité du lieu de l’incident par un laboratoire spécialisé ont démontré, selon les normes officielles, l’absence totale de fibres d’amiante dans l’air".
Le département ajoute avoir également missionné une entreprise indépendante et spécialisée : "son compte-rendu, concluant à une absence de risque pour les usagers, au regard des analyses d’air déjà effectuées à la demande de l’établissement en avril 2024, de l’état des matériaux et des protocoles d’intervention mis en place par la collectivité, a été présenté aux membres du conseil d’administration le 25 novembre dernier".
"La réglementation impose de faire des travaux en urgence, pas de surveiller la présence d'amiante. L'amiante est là !", rétorque les enseignants. Une réunion d'information destinée aux parents d'élèves est prévue le lundi 9 décembre à 17h30 dans les locaux de l'établissement.
85 % des écoles sont susceptibles de contenir de l'amiante
Hautement cancérigène, l'amiante a été interdit en France en 1997, mais 85 % des écoles et établissements scolaires et universitaires ont été construits avant cette date et sont donc susceptibles de contenir de l'amiante.
Le repérage des matériaux et produits pouvant contenir de l’amiante a été rendu obligatoire pour les bâtiments construits avant le 1ᵉʳ juillet 1997, afin d’identifier les matériaux et produits amiantés et d’évaluer leur état de conservation.
Le syndicat SUD Éducation, qui a lancé en décembre 2023 une grande campagne contre l'amiante en milieu scolaire et universitaire, estime que 30% des écoles n’ont pas de dossier technique amiante (DTA) et que pour 40 % d'entre elles, le DTA n’est pas à jour.
SUD Éducation réclame la mise à disposition des documents prévus par la loi aux usagers et usagères, aux personnels et aux organisations syndicales ainsi que "la mise à jour immédiate des dossiers techniques amiante avec des diagnostics de qualité, et le respect du cadre réglementaire pour tous travaux".
En Maine-et-Loire, le syndicat a demandé au rectorat en vain la communication de ces dossiers techniques amiante. "On s'est ensuite tourné vers les collectivités territoriales. On a demandé à la région pour les lycées, au conseil départemental pour les collèges et aux mairies pour les écoles, explique Guillaume Hallier.
Ils ont obtenu les dossiers des lycées par la région, mais le département n'a toujours pas communiqué ceux des collèges. Les municipalités répondent diversement, "Angers et Saumur ne nous ont pas répondu malgré nos relances, tandis que la mairie de Cholet, par contre, nous a envoyé les dossiers de technique amiante."
On est face à des administrations qui souhaitent maintenir l'OMERTA sur le scandale de l'amiante dans l'éducation nationale.
Guillaume HallierMembre de la commission conditions de travail du syndicat SUD
Le département du Maine-et-Loire compte 496 établissements publics. " Seuls 15 d'entre eux ont été construits après 1998", d'après SUD Éducation. 97 % contiennent peut-être des matériaux amiantés.
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