Faire tomber les barrières, samedi à Angers, une centaine de personnes était rassemblée pour dire non à l'islamophobie. Une initative de sept associations en réaction aux nombreux débats dont l'islam a fait l'objet ces dernières semaines en France.
A Trélazé dans la proche banlieue d'Angers, un nouveau bâtiment se découpe dans le ciel. Cette coque acier et bois marque l'extension de la mosquée actuelle dès 2020, elle pourra accueillir plusieurs centaines de musulmans.
"Il va y avoir une plume à la place du minaret qui symbolise le savoir et ça veut tout dire", explique Khalid Lammimi de l'association culturelle des musulmans de Trélazé (ACMT), "c'est une mosquée qui va être ouverte à tous, musulmans, non musulmans, pour des fêtes, des expositions, la prière, l'apprentissage de la langue arabe et d'autres langues, pourquoi pas".
Plus que ce projet d'avenir, c'est le présent qui occupe les esprits et l'actualité marquée par l'attaque de la mosquée de Bayonne. Après la prière conduite par l'imam, les bénévoles prennent la parole et invitent les fidèles à se mobiliser contre l'islamophobie, à l'occasion du rassemblement prévu dans le centre-ville.
"J'ai déjà subi des regards, des insultes"
Pas de défilé, ni de banderoles, l'heure est au rassemblement en plein centre d'Angers sur la place du Ralliement, les représentants de sept associations se relaient au micro.Les femmes ne sont pas en reste, elles sont nombreuses dans l'assemblée. Certaines portent fièrement le voile comme Siham, une mère de 4 enfants venue avec des lycéennes.
"J'ai déjà subi des regards, des insultes", raconte Siham, "je trouve ça dommage, j'ai des enfants, j'ai des filles, je me dis à l'école comment ça va se passer. Comment ça va se passer pour leur travail ?".
"Porter le voile, c'est un message de liberté, montrer qu'on n'est pas soumises à l'homme. On est soumises à dieu, mais pas soumises à l'homme. On ne le porte pas par contrainte, on le porte avec envie", explique Assïa
Lycéenne
Dire non aux discriminations de tous ordres, le message est passé sans éclats de voix, sans esprit de polémique, dans le temps imparti à ce rassemblement juste avant que les averses ne dispersent la foule.
Des dérives proches de l’islamophobie
Chadia Arab, est géographe, chargée de recherche au CNRS et surtout élue d’opposition au conseil municipal d’Angers.Sur le sujet, elle a déjà multiplié les tribunes "Qu'est ce que ça fait d'être musulman" après les attentats Charlie Hebdo, publiée en janvier 2015 avec d'autres chercheur.e.s, "Jusqu'où laisserons-nous la haine des musulmans" publiée dans Le Monde il y a trois semaines, la dernière en date il y a une semaine "100 élus locaux dénoncent la stigmatisation des musulmans" dans le JDD.
"On est dans un contexte national extrêmement grave qui fait que cet énième rassemblement conte l'islamophobie est encore plus important que les fois précédentes", déplore Chadia Arab.
Elle constate localement au niveau d’Angers des dérives proches de l’islamophobie, "on est dans une ville plutôt tranquille où la douceur angevine règne. Le vivre ensemble est plutôt serein et se fait de manière plutôt agréable mais, malgré tout, on sent un certain nombre de tensions, de dérives, qui commencent à arriver".
Chadia Arab dénonce la réaction d'une élue, lors du dernier conseil municipal, à propos d'un voeu formulé par l'opposition sur l'agrandissement d'une halte de nuit pour les sans-abris.
"Elle nous a dit qu'il y avait beaucoup trop de déboutés, de demandeurs d'asile qui prenaient la place de ces gens qui dormaient dehors", racontre l'élue de l'opposition qui déplore "des dérives populistes, parfois des discours d'extrême-droite qui arrive dans une ville comme Angers".