Crise agricole. Le préfet du Maine-et-Loire annonce 20 mesures immédiates pour simplifier le quotidien des agriculteurs

C'est au lycée Pouillé, le lycée agricole des Ponts-de-Cé, au sud d'Angers que les syndicats FDSEA 49 et JA 49 se sont réunis, en présence d'Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, et du préfet du Maine-et-Loire, Philippe Chopin. Dans un contexte agricole tendu, ce dernier a annoncé la mise en place immédiate de vingt mesures.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Suite aux dernières annonces faites aux agriculteurs en colère par le Premier ministre Gabriel Attal, quatre groupes de travail ont oeuvré dans le département en présence de l'ensemble des syndicats agricoles du Maine-et-Loire et du préfet de Maine-et-Loire, Philippe Chopin. Objectif : recueillir les mesures de simplification souhaitées par les agriculteurs.

Le Maine-et-Loire compte 2 700 agriculteurs adhérents de la FDSEA, dont 2 000 encore en activité.

Mesures de simplification "symboliques"

La FDSEA 49 et les JA 49, et les autres syndicats agricoles du département ont fait remonter 160 mesures de simplification.

Parmi celles-ci, vingt mesures ont été retenues et annoncées par le préfet lors d'une réunion en présence des diverses forces de travail au lycée agricole Pouillé des Ponts-de-Cé, ce vendredi 16 février. Des mesures que Philippe Chopin décrit comme "symboliques".

"Vous savez, sur les haies, il y a un vrai sujet, on nous a parlé des 14 réglementations, donc on a créé dans ce département un guichet unique, première chose.

"Ensuite, on avait souvent des craintes sur les exploitations sans autorisation, on a dit qu'on ferait des contrôles parce que la loi Egalim est mal appliquée. On en faisait déjà avant, on va les doubler dans ce département."

Pour précision, les contrôles de supermarchés ont été au nombre de 73 en 2013, avec un taux d'anomalie de près de 70 % sur la traçabilité des viandes, 44% sur la traçabilité des fruits et légumes, et plus de 80% sur la traçabilité des produits de la pêche et de l'aquaculture. Ces contrôles passeront donc à 100 en 2024.

Une bonne nouvelle pour la présidente des Jeunes Agriculteurs 49, Nathalie Pichot.

"On a besoin aujourd'hui de rémunération sur nos exploitations. Ils annoncent qu'ils vont renforcer les contrôles Egalim, ok, mais pas juste pour trois mois. Que les contrôles continuent et que les grandes et moyennes surfaces continuent à s'approvisionner en produits français."

Autre mesure, elle concerne la simplification du côté administratif.

"Un exemple, pendant les inondations, les terres étaient inondées, on avait un coefficient à respecter et pour les autres, on demandait d'apporter la preuve des inondations. C'était un peu compliqué, il fallait remplir un papier", précise le préfet.

"Je me suis engagé quand les circonstances climatiques seront aussi défavorables, nonobstant le fait que tout le département ne soit pas forcément touché, qu'il n'y ait plus d'autorisation à demander par écrit, individuelle. C'est-à-dire que si vous avez deux agriculteurs voisins, avant, il fallait que chacun fasse une demande. On a simplifié les choses comme ça."

Enfin, parmi les autres mesures locales annoncées, notamment, une convention avec la fédération de la chasse sur les dégâts des gros gibiers, ou encore une mesure pour faciliter l'emploi agricole.

"On veut des décisions concrètes"

Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, était invité par la fédération du Maine-et-Loire pour l'occasion, pour échanger avec les adhérents, et discuter des problématiques de terrain. 

"Nous, on a dit très clairement qu'on voulait une simplification administrative pour une construction du prix en marche avant (logique de construction des prix alimentaires qui se fait d'amont en aval censée être renforcée par la loi Egalim2), pour que les règles européennes soient mieux comprises, plus efficaces".

"Tout ça en continuant à prendre en compte les sujets des attentes sociétales, c'est-à-dire comment on continue à produire pour nourrir une alimentation de qualité, comment on continue à être en phase avec les attentes sociétales sur la protection de l'environnement, sur le défi du changement climatique, sur la restauration de la biodiversité". 

Il faut que les agriculteurs gagnent leur vie, il faut qu'ils puissent entreprendre, qu'ils aient la liberté d'entreprendre.

Arnaud Rousseau

Président de la FNSEA

"Vous avez compris que tout ce qui est mis sur la table aujourd'hui, c'est une espèce de ras-le-bol face à cette incapacité qu'on a au quotidien de faire notre métier. Donc voilà, on veut des décisions concrètes".

Pour le syndicaliste, c'est l'heure de l'état des lieux. "Il y a des annonces qui ont été faites, on a cru que ça allait stopper le mouvement plus ou moins, c'est assez compliqué en fait de trouver une solution, il y a tellement de problématiques. D'abord l'agriculture française, contrairement à ce qu'on dit, elle ne rentre pas dans un modèle, elle est très différente, y compris très différente dans ce département, d'élevage, des productions de grandes cultures".

La France agricole est plurielle et donc les solutions ne peuvent pas être les mêmes partout, tout le temps.

Arnaud Rousseau

Président de la FNSEA

Au coeur des débats et échanges, l'avenir de l'agriculture. Parmi les annonces concrètes locales, le fait notamment que le département du Maine-et-Loire soit une terre d'expérimentation pour favoriser le travail des personnes non ressortissantes de l'Union Européenne;

"On a déjà eu un certain nombre de mesures d'urgence qu'on est en train de décrypter, par exemple sur le coût de l'emploi des travailleurs saisonniers qui dans ce département sont sollicités pour les récoltes des fruits ou des légumes, sur le dispositif TODE, l’exonération patronale pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles, on a un taux qui passera de 1,20 à 1,25 en accompagnement, ça représente un peu plus de 50 millions d'euros, donc ça ce sont des choses qui vont dans le bon sens", se satisfait Arnaud Rousseau.

D'autres annonces devront être faites lors du salon de l'agriculture et le préfet de Maine-et-Loire dit continuer à faire remonter les mesures les plus techniques.

Mieux considérer l'agriculture et les agriculteurs

Parmi les personnalités présentes, Christiane Lambert, à qui Arnaud Rousseau succède. Cette dernière a conservé la présidence de la Copa-Cogeca (comité des organisations professionnelles agricoles), la première organisation syndicale agricole européenne. 

"Le message que nous avons porté au niveau des instances européennes, c'est de prendre des décisions de court terme et des décisions structurelles. À court terme, le plus urgent, c'était de donner de la latitude aux États membres pour l'application d'un certain nombre de dispositifs de la PAC, notamment le 4 % des jachères".

"C'est aussi d'aménager l'accord commercial avec l'Ukraine. Il y a eu un accord de solidarité pour importer sans droit des produits ukrainiens, les filières, les oeufs, la volaille, le sucre, les céréales, les oléagineux, et ça met en difficulté ces filières-là. Donc il faut réaménager l'accord pour que ça ne tue pas les filières de l'Union européenne. Et puis à plus long terme, il faut que l'agriculture soit mieux considérée, produire l'alimentation en Europe, c'est important".

L'Europe est nécessaire pour les agriculteurs, c'est notre horizon.

Christiane Lambert

Présidente du Copa Cogeca

Arnaud Rousseau espère, quant à lui, que les préfets seront entendus au niveau national.  Il rencontrera Emmanuel Macron mardi 20 février prochain.

De nouvelles annonces sont attendues au salon de l'agriculture qui se déroulera du 24 février au 3 mars 2024.

Avec Laurence Couvrand.

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information