Face à la crise sanitaire, difficile voire impossible pour les collégiens de 3e de trouver un stage. Pour leur donner un coup de pouce une entreprise de production vidéo d'Angers propose des stages en distanciel. 50 jeunes participent à des ateliers en live.
Trouver un stage...En ces temps de crise sanitaire c'est quasiment mission impossible pour les élèves de 3e. Cette formation en entreprise est d'ordinaire obligatoire. Avec le contexte elle a été rendue facultative.
Il n'empêche les collègiens y sont attachés et continuent à chercher, à passer des coups de fil. Bien souvent pour rien. Avec la pandémie, les entreprises sont frileuses et redoutent de prendre des stagiaires.
Face à un tel contexte, l'entreprise VidéoFlex, basée à Angers dans le Maine-et-Loire a décidé d'ouvrir ses portes virtuellemnt. 50 jeunes ont ainsi pu décrocher un stage en distanciel. Ils participent à des ateliers en live. Une immersion qui leur permet de découvrir et de se familiariser avec l'univers du tournage et du montage.
"On les abandonne ce n'est pas normal !"
"Ok, on a une crise sanitaire difficile à gérer quand on gouverne mais rendre le stage de 3e facultatif c'était une grosse erreur", fulmine Benjamin Tardif, gérant de VideoFlex.
"On ne prend pas en compte que ces jeunes d'aujourd'hui sont les salariés de demain. On se souvient de tous de nos premiers stages. Cette première fois on l'on est confronté à la vraie vie", poursuit-il.
On leur met la pression en leur demandant de plus en plus tot ce qu'ils veulent faire de leur vie plus tard et on les empêche d'approcher ce monde de l'entreprise obscur.
Benjamin Tardif a longtemps travaillé dans le gaming, les jeux vidéos et le steaming. Lui-même a du refuser des demandes de collégiens lorsque ces salariés étaient en télétravail pendant le confinement.
"C'est mon neveu qui m'a mis la puce à l'oreille. Il voulait absolument un stage. J'aurais bien aimé être le plus chouette tonton du monde mais à lui aussi j'ai du dire non. Alors j'ai cherché une solution", raconte Benjamin.
Je me suis dit on sait faire de la vidéo, on a des lives et des formateurs qui savent transmettre leur savoir. On a une vision asez fine de l'interaction.On peut capter l'attention. Et se reposer sur de la main d'oeuvre, notamment les alternants. Alors bingo on fonce !
"On a fait un truc de fou, un ovni".
"En fait, on a connecté toutes nos briques de savoirs faire. On a créé une grille de programme sur 3 jours du 24 au 26 février. Il y a 35 collègiens connectés partout en France".
"Pour souder le groupe on a élaboré un questionnaire et on a fait un tour de table, enfin un tour de web cams. Ils se sont tous présentés en Zoom. Il y avait un flux Youtube en cas de défaillance du système. Pour les problèmes techniques, on a un Whatspp. Ils ont reçu tous les liens pour charger les logiciels une semaine avant le début du stage." , explique Benjamin.
Pour que l'immersion soit la plus parfaite possible, un tournage du tournage a été réalisé. Un "making-of "qui permet aux ados d'être comme sur le terrain. "Ils ont ensuite reçu les images, les interviews et les illustrations qu'ils ont montées avec un logiciel gratuit. Un apprenti leur a aussi appris à créer des habillages dynamiques." La moitié du groupe veut s'orienter dans l'audiovisuel, les autres ne savent pas encore.
"Trouver un stage c'est la galère"
Romain Hervé a 16 ans . Il est en 3 e au collège de Bretagne à Nantes. "C'est mon père qui m'a trouvé ce stage via Facebook. avec le coronavirus, c'était très compliqué. j'ai contacté plein d'entreprise. A chaque fois, la réponse était négative. Personne ne veut prendre de stagiaire avec la Covid-19", raconte le collègien.
"J'ai été très surpris. Ils nous ont carrément emmené en tournage. Après, on pouvait monter les images nous-même. En fait, nous sommes très libres. La vidéo, l'image, le monde de l'audiovisuel ça m'a toujours attiré. Maintenant c'est encore plus le cas", confie Romain.
Des intervenants toutes les heures
Conscients que les collégiens sont plus concentrés le matin, chaque après-midi est consacré à des rencontres interactives. "De nombreux intervenants répondent a toutes leurs question. On a reçu un ébéniste d'art, un chef d'entreprise, un coach en prise de parole, un boulanger, un enseignant chercheur. Cela peut les aider à trouver leur voie".
Les retours, pour l'instant, sont unanimes. "Les gamins adorent. Ils sont super intéressés, les échanges sont très vivants. J'ai même des parents qui m'écrivent".
Aujourd'hui ils sont en train de tourner et de monter avec leur smartphone une vidéo qui présente leur maison et leur environnement. Demain on les fait décoller avec des drônes.
Avec 20% de filles inscrites ce stage en live est un succès. "Je me demandais si ça allait marcher. Franchement c'est top ! Toute l'équipe est à fond ! Si on pouvait inspirer d'autres entreprises alors notre mission serait totalement réussie", conclut Benjamin.