INTERVIEW. Villa Fantôme : les cofondateurs angevins de la Ruda Salska creusent un nouveau sillon

Qui n'a jamais dansé sur les rythmes endiablés et furieusement ska de la Ruda ? Manu à la batterie et Pierrot au chant sont de retour avec un nouveau groupe baptisé Villa Fantôme sous influence rock mais toujours en français dans le texte...

Souvenez-vous, c'était au siècle précédent, l'époque de la Mano Negra, des Négresses vertes, l'époque des groupes de rock alternatif qui amenaient sur notre territoire national un nouveau souffle, un nouveau son et de nouveaux horizons.

La Ruda Salska était de ceux-là proposant un ska aux influences latino. Pratiquement 20 ans de scène, 8 albums studio, une dissolution en 1993, une reformation en 2019 le temps d'une tournée d'été, le temps de reprendre goût à la scène et à la vie de groupe...

Manu à la batterie et Pierrot au chant décident de repartir, Villa Fantôme est créé, la pandémie s'installe. Mais le confinement n'aura pas raison de leur volonté. Bien au contraire. Toujours ska dans l'âme, plus rock dans l'approche musicale, plus sombre dans les textes, Villa Fantôme sort son premier single avant un album prévu fin mars. Interview...

Villa Fantôme, c'est qui, c'est quoi ?

Pierrot. En 1993 avec Manu à la batterie et moi au chant nous avons fondé La Ruda Salska à Saumur ( 1993-2012 ) On se connait depuis le lycée. Nous avons toujours travaillé, anticipé ensemble des morceaux. Nous nous complétons bien. Nous calibrons à deux les musiques dont Manu reste le maître-d’oeuvre et ensuite je travaille le texte. Après la tournée d’été de la Ruda en 2019 qui a été pour nous un grand souvenir nous avons eu l’envie irrépressible de lancer ensemble un nouveau projet et retrouver les plaisirs du grand saut, de la création et de la scène. J’oserais dire de retrouver nos 20 balais.

Nous avons donc construit cet album et nous avons ensuite trouvé des musiciens pour le défendre et le mettre en place. Il y a Jean à la basse que l’on connait de longue date, Léo à la guitare (Orange Blossom), Julien et José de Tarnac Rodéo (respectivement guitariste et clavier-trompettiste). Ces nouveaux arrivants ont apporté leur talent et leur fraîcheur au projet. Il y plusieurs générations dans ce line-up. Léo par exemple a 25 ans quand j’en aurai bientôt cinquante mais je vous rassure la passion est intacte. 

Villa Fantôme est né à la fin de l'an 2020. Créer un groupe en pleine pandémie, ce n'est pas un peu comme faire un enfant en pleine guerre ? Comment avez-vous vécu tout ça ? 

Pierrot. Nous avions décidé avec Manu à l’Automne 2019 de faire un onzième disque ensemble. Dans un premier temps l’idée tournait plutôt autour d’un 45 tours juste pour s’offrir le plaisir de l’objet. Quand en Mars 2020 le virus est apparu, le confinement nous a donné le temps qu’il nous manquait pour être plus ambitieux. Durant cette période compliquée nous avions besoin d’être actifs. Nous avons travaillé par échanges de fichiers et nous sommes passés du 45 au 33 tours… L’album a été écrit en un an. Je peux dire que sans ces évènements nous n’aurions sans doute pas créé un projet à cette échelle. 

Il a franchement été salutaire de pouvoir créer dans un contexte aussi étouffant. Sur ce plan “ Villa Fantôme” est quoiqu’il en soit une réussite.

D'où vient ce nom ? 

Pierrot. Deux origines. La première est une référence au “Ghost Town” des Specials qui est un titre de première classe et dont nous recherchons en toute modestie l’esthétique. L’idée première du projet se situe là. La seconde est liée à la période de création en plein confinement. Ce nom relève donc d’un choix à la fois musical et contextuel.

Toujours à fond dans le ska. C'est définitif ? 

Pierrot. Non et la référence aux Specials n’est pas anodine. Si ce groupe est un ambassadeur du ska son parcours atteste d’influences très différentes. Nous sommes définitivement marqués par les groupes qui nous ont accompagnés dans notre jeunesse comme les Clash, Police, Cure, Madness, Ruts…Rien de très original à vrai dire. Avec “Villa” ce qui nous intéresse c’est cette influence “british” , pas simple à faire ressortir, quand avec la Ruda nous avions suivi une voie plus “Latino” avec pour références des groupes comme La Mano. En définitive le ska est bien là mais il n’est pas pour autant l’élément moteur. Le rock ou punk-rock est aussi très présent dans cette affaire.

Avec toujours des textes en français. C'est votre ADN ?

Pierrot. Oui c’est toujours le pari d’écrire en français ce qui n’est pas aisé en termes de sonorités. Le seul fait de chanter ainsi va irrémédiablement transpirer dans la musicalité d’un morceau. C’est aussi un avantage car cela nous permet sur des styles consacrés d’être inventifs alors que le fond de sauce est bien connu. Et puis plus prosaïquement cela permet d’avoir un propos, des histoires à soumettre… On ne renonce pas à ça.

Et toujours Pierrot au chant et Manu à la batterie. Finalement, certains vont se demander en quoi Villa Fantôme est différent de La Ruda. Vous leur dites quoi ?

Pierrot. C’est le traitement plus sombre, plus contrasté des morceaux qui nous intéresse aujourd’hui. Il n’y a pas de ligne de cuivres dans “Villa” mais un clavier. Cela change déjà notre son. Il y a certes des morceaux où la trompette intervient mais c’est plus pour évoluer sur une esthétique “western”. Dans cet album l’énergie n’est pas non plus le grand pari même si la Ruda se faisait fort de savoir alterner les tempos. Cependant par nature il y a bien un lien avec ce passé dont on est fier car notre culture, notre savoir-faire viennent de là…

On reste sur une certaine idée du rock quand bien même on joue sur les éléments.

Votre premier single s'appelle Série Noire. Que raconte-t-il ? Un hommage au film noir ?

Pierrot. C’est en référence au polar en effet… Le propos repose sur la vision toxique que l’on peut avoir de l’argent et de la vie facile. Vision très explorée dans le film noir. Ce sont des mots qui s’appuient sur ce qui brille et plus précisément sur la désillusion. “Tu voulais magnifique mais tu n’auras que dalle…”

Premier single d'un album qui doit sortir en mars. À quoi ressemblera-t-il musicalement ? Dans la lignée du single ?

Pierrot. L’album se veut à la fois sombre et lumineux à l’image du nom du groupe. On y retrouve un son d’époque. Il est très référencé mais neuf somme-toute car en français chaque morceau trouve sa personnalité. On peut parler de rock, de ska mais on prend le temps… On est moins pressé.

C’est un disque qui tourne bien, mature mais branleur sur les bords. Faut bien se marrer quand même…

Le son et l'image. Indissociables. Un mot sur la réalisation du clip ?

Pierrot. Pour moi ce n’est pas forcément lié. Le clip apporte une visibilité bienvenue en termes de promotion. On sait aujourd’hui l’importance de l’image, toujours trop grande à mes yeux. Le contexte sanitaire et les délais nous ont interdit de figurer dans le clip. Ce sont donc des comédiens qui interviennent. Pour mon compte ce n’est pas un problème - ce n’est pas mon métier - mais je reconnais qu’il est plutôt chouette de visualiser les acteurs d’un projet. Nous avons travaillé en toute logique sur les codes du film noir où l’habillage doit être élégant. C’est un exercice très “casse-gueule” mais il a été mis dans de bonnes mains.

Le single vient de sortir, l'album sort en mars. Et après ?

Pierrot. L’album sort le 25 Mars. Ça fait deux ans qu’on attend ça… On est plus qu’impatients de pouvoir le défendre sur scène. Des concerts sont prévus dès Mars dont notamment “l’Alhambra” à Paris. Nous jouerons également à Angers au Chabada en Avril etc… Nous espérons que ce disque nous permettra de retrouver très régulièrement cette scène qui nous manque tant et qui pour ma part est actrice de ma vie… Sauf accident un deuxième disque viendra en 2023. On a déjà la première face. 

Merci Pierrot, merci Villa Fantôme. Propos recueillis le 7 février 2022

Villa fantôme sera en concert à Paris le 31 mars, Tours le 9 avril, Angers le 28 avril, Longué-Jumelles le 22 juillet... Toutes les dates sur le compte Facebook du groupe

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