Dans un contexte marqué par les économies et la sobriété énergétique, plusieurs associations environnementales alertent sur le non respect de la loi en matière d'éclairage nocturne. Elles mènent actuellement une campagne de signalement des enseignes et zones d'activités qui restent allumées la nuit malgré la réglementation qui l'interdit.
Comment agir pour préserver la biodiversité et réussir le défi énergétique de la sobriété ?
En Maine-et-Loire, les associations réunies sous l’égide de France Nature Environnement et la LPO ont décidé de répondre à cette question par l’action.
La nuit, leurs adhérents parcourent Angers et son agglomération pour recenser les sites commerciaux ou industriels qui abusent de la lumière artificielle.
Ce soir-là, c’est vers Beaucouzé que les militants se dirigent. Ils ont été attirés par des totems lumineux en bordure d’un centre commercial. Un flot de lumière trop fort, et surtout pas du tout réglementaire.
Même constat, un peu plus loin sur une zone d'activité. La lumière devrait légalement être éteinte 1h après la fermeture des entreprises. Or ici, l'intensité reste maximale, même le week-end, alors que les locaux sont inoccupés.
Jean-Michel Tricoire, adhérent de l'Association Nationale de la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturne (ANPCEN) propose un simple test: il tient dans ses mains une brochure et n’a aucun mal, en pleine nuit, à lire le texte qui y est écrit. " C’est vraiment un signe que l’intensité lumineuse est trop puissante. À cela on peut ajouter que l’orientation des spots n’est pas du tout adaptée puisque la lumière est projetée à l’extérieur des bâtiments" commente-t-il.
Un gaspillage considérable qui nuit à la biodiversité
Sur les parkings vides des magasins des zones commerciales, l'éclairage est également maintenu toute la nuit. Une situation dénoncée par ces militants. Car, outre le gaspillage d'énergie qu'elle représente, cette pollution lumineuse perturbe la nature.
"Ça a un fort impact sur la vie des animaux, sur les plantes aussi, explique Xavier Métay, coordinateur de France Nature Environnement Pays de la Loire, on voit qu’à proximité de zones éclairées, le végétaux n’ont pas le même comportement, les feuilles poussent plus tôt dans la saison et vont tomber plus tard à l’automne, et puis sur les animaux, ça perturbe complètement leur cycle de vie, la nuit".
Si la pollution lumineuse est une des principales causes de la disparition des insectes et notamment des papillons, elle impacte également la vie de nombreuses espèces nocturnes. Il faut savoir que 30% des vertébrés, dont la très grande majorité des mammifères (chauves-souris, renards, blaireaux, hérissons…) vivent la nuit.
Une étude, menée par l'Université de Berne a montré qu'il y avait 62% de pollinisation en moins au sein des prairies artificiellement éclairées la nuit.
Face à l'inertie des pouvoirs publics, les habitants sont appelés à jouer les sentinelles de la nature
Malgré les alertes régulières des associations, la prise de conscience est encore timide constate Alain Bertaudeau, directeur de la LPO du Maine-et-Loire. "On demande tout simplement que les lois soient respectées, a déjà alerté les dirigeants de ces sites là pour leur demander de respecter la règle établie et on a aussi eu des discussions avec l’état, les collectivités, le maire, en demandant à ce qu’ils interviennent" .
Le public est invité à participer à ces actions de lutte contre la pollution lumineuse illégale. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, des photos peuvent être envoyées sur le site des sentinelles de la nature Les contributions permettront de faire avancer le combat des associations.
Bon à savoir:
- l’éclairage public représente 41 % de la consommation d’électricité des collectivités territoriales
(source ADEME)
- La lumière des éclairages publics a augmenté de 94 % ces 20 dernières années !