Depuis trois semaines, des milliers de petits déchets verts en forme d'étoile sont découverts sur les plages de la pointe du Finistère aux alentours de Brest. Les associations environnementales s'en inquiètent et appellent la population à signaler ces déchets pour les recenser afin de trouver une explication à leur échouage sur la côte.
"C'est inquiétant et on voudrait bien savoir d'où provient cette nouvelle pollution" nous explique Aurélie Canadas, membre de l'association Surfrider Foundation.
Plusieurs plages autour de Brest impactées
Les premiers déchets en forme d'étoiles ont été découverts par Martine Leczinski de l'association finistérienne Ar Viltansoù lors d'une promenade sur la plage de Porski-Cosquer à Plougonvelin le 28 novembre. Depuis, plus de 4 000 mini étoiles ont été retrouvées au milieu de la laisse de mer en rade de Brest, sur les communes de Plouzané, Plougonvelin, Brest, Locmaria-Plouzané, Plouarzel et Ploumoguer par les bénévoles de cette association environnementale. Même si ces déchets ne sont pas imposants, avec un peu moins d'un centimètre de long et de diamètre, et les échouages peu importants, ces mini étoiles sont bien visibles avec leur couleur verte fluo.
Même si la pollution semble pour l'instant limitée à quelques plages, on va surveiller si elle ne remonte pas sur des plages plus au nord.
Aurélie Canadasmembre de l'association Surfrider Foundation
Des Green Powerchips
Ces petites étoiles sont connues. Appelées Green Powerchips, elles sont utilisées comme supports pour la colonisation de micro-organismes dans les biodigesteurs mobiles, installés à bord de certains navires pour traiter les déchets organiques, précise Vigipol (Syndicat mixte de protection du littoral breton) dans un communiqué.
Le Cèdre, organisme expert en pollutions accidentelles des eaux, installé à Brest, a procédé à des analyses des éléments retrouvés. Elles ont révélé que ces Powerchips sont composés de polyéthylène, un plastique persistant dans le milieu naturel. Ces déchets constituent donc une menace durable pour les écosystèmes marins et côtiers.
"Au-delà du fait que ce sont des déchets plastiques qui risquent de se décomposer en nanoparticules qui se retrouveront elles-mêmes dans notre alimentation, un jour peut-être, on ne sait pas trop bien ce qu'ils contiennent" précise Aurélie Canadas de Surfrider.
Une origine encore inconnue
"L'analyse du Cèdre montre que dans certaines mini étoiles, on a pu observer quelques petits vers microscopiques ayant investi des petites cavités à moitié fermées, ajoute Dominique Leczinsky, le président de Ar Viltansoù, ce qui pourrait laisser penser que ce sont des éléments qui ont été utilisés".
Face à cette pollution, Surfrider Foundation et Vigipol cherchent à déterminer son origine. "Est-ce qu'un navire aurait rejeté sa cuve de biodigester en mer ou est-ce qu'un sac de ces Green Powerchips serait tombé à l'eau, lance Aurélie Canadas, on ne sait pas et on voudrait le déterminer".
C'est pour cette raison, entre autres, que Surfrider Foundation et Vigipol se fédèrent pour appeler à la vigilance les collectivités territoriales, les associations et les citoyens. Ils appellent tous ceux qui pourraient trouver ces déchets à signaler ces arrivages via des formulaires en ligne sur le site de Surfrider Foundation ou sur celui de Vigipol.
Arriver à une cartographie de ces échouages
Tous les témoignages ainsi recueillis sur les lieux et les quantités de ces échouages devraient permettre de les référencer et d'obtenir une cartographie de ces arrivages de déchets. Cela servira également à "établir l’ampleur des arrivages pour agir efficacement et renforcer la mobilisation contre ce type de pollution" précise Vigipol dans son communiqué.
"Il serait également intéressant que les communes impactées par cette pollution dressent un constat de pollution et portent plainte, ce qui pourrait permettre d'ouvrir une enquête sur l'origine de ces déchets" insiste Aurélie Cadanas.
La jeune femme fait par ailleurs référence aux plaintes déposées par des communes et l'état lorsque le littoral breton avait été touché par des échouages massifs de microbilles plastiques fin 2022. Suite à ces plaintes, une enquête avait été ouverte par le pôle environnement du parquet de Brest.