Pollutions aux billes plastiques sur les plages. Surfrider Foundation veut mobiliser contre ce fléau grandissant

Ces derniers mois, les pollutions aux granulés plastiques se sont multipliées sur les plages du littoral Atlantique. L'ONG Surfrider Foundation veut sensibiliser les 21 et 22 janvier à ces échouages de billes plastiques issues de l'industrie pétrochimique. Elle demande des mesures strictes pour les industriels et transporteurs. Elle invite le grand public et les élus à se mobiliser lors d'opérations de collecte de ces billes appelées aussi larmes de sirène.

"C'est inadmissible qu'on laisse de telles pollutions se multiplier". Au téléphone, Magali Nouguier est déterminée. Calmement, méthodiquement, la référente de l'Organisation non gouvernementale Surfrider Foundation pour le sud-Finistère explique en quoi l'opération menée ces samedi 21 et dimanche 22 janvier, au niveau national, marque une étape dans le combat contre cette pollution plastique. 

Les échouages de granulés plastiques industriels (GPI), appelés aussi pellets ou larmes de sirène, ne cessent de se multiplier ces derniers mois sur la façade Atlantique. S'il en existe depuis de très nombreuses années, il s'avère que ces échouages sont de plus en plus fréquents et avec des quantités grandissantes.

Les derniers déversements importants de ces microbilles plastiques sur le littoral breton ont eu lieu fin novembre dans le Pays Bigouden, sur les plages de Tréffiagat, Plomeur, Le Guilvinec et Penmarc'h. Des quantités qui ont marqué les esprits. 

L'équivalent du poids de 16 Tours Eiffel par an

Selon un rapport de la Commission européenne, ce serait chaque année 160 000 tonnes de ces granulés plastiques qui seraient perdues dans la nature en Europe, l'équivalent de 40 milliards de bouteilles plastiques ou du poids de 16 Tours Eiffel.

Ces GPI sont fabriqués partout dans le monde et servent à la fabrication de pièces en plastique. Lesquelles sont transportées principalement par voie maritime dans des "bigs bags" et stockées dans des conteneurs.

Le plus souvent, ces larmes de sirène échouées sur les plages proviennent de conteneurs tombés à la mer. Les microbilles viennent ainsi se déverser au gré des tempêtes et des marées sur le littoral en quantités non négligeables. 

Le 4 décembre dernier, sur la plage de Kermabec à Tréguennec, à 15 bénévoles, on a réalisé une collecte test. Sur une bande de 30 mètres de long et 2 mètres de large, on a ramassé l'équivalent de 80 000 GPI en moins d'une heure.

Magali Nouguier,

Référente de Surf Foundation sur le sud-Finistère

Une pollution difficile à traiter

Selon Magali Nouguier, ces microbilles ne sont pas recyclables et les communes, ainsi que les organismes tels que le syndicat mixte de protection du littoral breton Vigipol, n'ont pas les moyens de les ramasser à grande échelle. 

Au-delà du désagrément visuel, cette pollution a des effets néfastes pour la faune et la flore. Très petites et très légères, ces larmes de sirène peuvent être transportées par le vent dans les terres une fois échouées sur les plages.

En mer, elles représentent un danger pour les animaux marins qui peuvent les ingérer, ces derniers pouvant les confondre avec de la nourriture. Du plastique qui peut se retrouver désagrégé par la suite dans la chaîne alimentaire.

Les industriels et les transporteurs dans le collimateur

Par le biais de son opération nationale de collecte, Surfrider Foundation veut pointer du doigt les industriels qui produisent ces GPI ainsi que les transporteurs. Selon l'ONG, les mesures prises au niveau européen pour limiter ces pertes de GPI "ne sont pas assez contraignantes et efficaces" et doivent absolument "être plus suivies et renforcées"

Ainsi, si à l'échelle française, la loi Anti-Gaspillage et Economie circulaire prévoit bien des mesures de prévention pour les fuites de granulés plastiques industriels, avec la mise en place d’équipements de filtration et de procédure sur les sites de production, de manipulation et de transport, ainsi que des contrôles externes, ces procédures ne s’appliquent malheureusement pas en dehors du territoire français.

Surfrider Foundation appelle donc la Commission européenne à légiférer de façon à adopter des mesures plus contraignantes comme obliger les entreprises à respecter les exigences minimales pour prévenir les pertes, imposer la formation de leurs personnels et pénaliser les rejets de GPI dans l'environnement.

Elle demande aussi qu'en cas d'accident, il y ait une obligation de déclaration immédiate et un nettoyage.

Soutenir les plaintes des élus et des associations

C'est aussi pour cette raison que l'ONG a convié les élus locaux sur le terrain ce samedi et ce dimanche. Certains d'entre eux ont d'ailleurs porté plainte, tels les maires de Pornic (Loire-Atlantique) et des Sables-d’Olonne (Vendée).

Des plaintes soutenues par le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu. Ce dernier a annoncé, ce mercredi 19 janvier, qu'il souhaiterait "pousser sur ce sujet" dans le cadre du traité international sur l'élimination des plastiques en cours de discussion actuellement.

Ce vendredi 20 janvier, les associations France Nature Environnement de Bretagne, de Vendée et des Pays de la Loire ainsi que Bretagne Vivante et Eau et Rivières de Bretagne annoncent avoir porté plainte contre X afin que des investigations sur l'origine de ces pollutions aux GPI soient engagées, malgré la grande difficulté que représente le suivi de ces billes acheminées de continent en continent, sans réelle traçabilité.

Sur tous les sites de l'opération nationale de ce week-end, les bénévoles de Surf Foundation dessineront sur le sable ou des banderoles un message fort : "POLLUTION PLASTIQUE = INDUSTRIE COUPABLE !"

En Bretagne, deux plages accueilleront le grand public ce samedi 21 janvier : 

  • dans le Finistère sud, plage de Tréguennec à partir de 10h,
  • dans le Finistère nord, plage de Kerhornou à partir de 10h.

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