A Brest, les scientifiques suivent à la trace, les déchets plastiques sur le littoral

Le Cedre, centre spécialisé dans les pollutions accidentelles de l'eau, basé à Brest est bien connu pour ses actions de lutte contre les marées noires et son expertise sur les hydrocarbures. Mais il pilote aussi un réseau national de surveillance des déchets plastiques inscrit dans un programme européen. Une soixantaine de sites sur le littoral français font l'objet d'un suivi.

Ils passent au peigne fin la plage de Rosnoën dans la baie d'Audierne, à la recherche des fragments de plastiques. A marée basse, quatre fois par an, ces ingénieurs en environnement du Cedre, (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) tracent sur le sable des sillons de 50 centimètres de large, sur un périmètre toujours identique. Dans ces sillons, ils vont prélever tous les méso déchets, c'est à dire tout ce qui mesure entre un millimètre et deux centimètre et demi. "Si tu vois des déchets, tu viens les ramasser avec ta truelle, pour les mettre dans le tamis et avec le sable sec, tu peux le tamiser et récupérer tout ce qui reste" détaille ainsi Marie.

La traque des larmes de sirène

Ce que les scientifiques cherchent en particulier, ce sont les larmes de sirène. Bien joli nom pour un désastre écologique. Ce sont en réalité tous ces granulés de plastiques industriels échappés des containers. "C'est comme ça que sont transportés les plastiques qui servent après à fabriquer autre chose, explique Silvère André, ingénieur en environnement, pour les transporter, ils sont mis sous forme de petites billes, plus faciles à emballer et à transporter." 

Un peu plus loin, les chercheurs poursuivent le ramassage. Il s'agit cette fois des macro déchets, bouchons, bouteilles, morceaux de filets de pêche, bouts de plastique.
La plage de Saint-Jean-Trolimon est l'un des 58 sites du réseau de surveillance du littoral français piloté par le Cedre.

85 % des déchets marins sont des plastiques

De retour dans leurs locaux à Brest, l'équipe va procéder au tri de tout ce qui a été ramassé. Il s'agit d'identifier, de peser et de classer tous ces déchets marins. 80% d'entre eux proviennent de la terre et 85% sont des plastiques. 

L'idée c'est vraiment de faire un état des lieux des objets pour mieux comprendre quelles sont les origines de la pollution

Camille Lacroix, cheffe du service Surveillance déchets aquatiques au Cedre

"Et ceci pour obtenir des indications sur les activités sources, qui génèrent ces déchets, et pour pouvoir prendre des mesures ciblées sur ces activités", poursuit la scientifique.

Plus de 20 millions de tonnes de plastiques chaque année dans les eaux de la planète


A la veille de l'ouverture du One Ocean Summit à Brest, ces déchets plastiques, font  justement l'objet d'une cri d'alarme du Fond mondial pour la nature, le WWF, qui appelle à leur réduction et à la conclusion  rapide d'un accord mondial sur cette question. Cette pollution, alerte l'organisation "a atteint toutes les parties des océans, de la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des îles les plus isolées, et se retrouve du plus petit plancton à la plus grosse baleine".
Car entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques arrivent chaque année dans les eaux de la planète, dont une bonne partie finissent en mer, selon les estimations.

Cette pollution entraîne chaque année la mort de 100 000 mammifères marins dans le monde. Alors, comme dans une enquête policière, les scientifiques aimeraient bien retrouver le coupable, mais avec le plastique, c'est souvent impossible.  "Quasiment 30% des plastiques récoltés sont des fragments, indique encore  Camille Lacroix et si on a des objets très fragmentés, on n'est plus capables de savoir quels sont les objets. Or c'est le type d'objets qui nous donne des informations sur la source."

C'est ce type de surveillance, mené par le Cedre et étendu désormais aux estuaires, qui a pu contribuer à l'élaboration de la directive européenne sur la fin du plastique à usage unique.

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