A Angers, Thomas Jolly, le nouveau directeur du théâtre Le Quai, propose une programmation estivale inédite et "corona-compatible". Une quinzaine de spectacles seront présentés à partir de mi-juillet à Angers et dans plusieurs communes du Maine-et-Loire.
"Les spectacles programmés cet été sont virevoltants, généreux. C’est une forme de théâtralité d’urgence, d’impatience", explique Thomas Jolly, directeur du théâtre Le Quai à Angers.Nommé à la tête du Centre dramatique national d'Angers en janvier dernier, Thomas Jolly raconte s'être retrouvé totalement désarmé par le confinement, directeur d'un théâtre "fermé parce que non essentiel à la nation".
"Pendant le confinement, explique-t-il, il est apparu que la culture partagée allait être éteinte pendant sept mois. Avec l’équipe du quai, on a inventé, on a proposé cette idée de théâtre corona-compatible. Cela nous a redonné la capacité à nous projeter."
De cette réflexion entamée dès la mi-avril, est née "Quai l’été", une programmation estivale d'une quinzaine de propositions dont dix initiées par les compagnies régionales. Du 15 juillet à la fin du mois de septembre, près de 104 représentations sont prévues, dans la salle 900, dans la cour logistique du Quai et dans une douzaine de communes du Maine-et-Loire, "histoire que le centre dramatique d’Angers irrigue plus largement".
Parmi les spectacles, "La nuit de Madame Lucienne" de Copi, sera jouée dans la cour logistique du théâtre d'Angers, habituellement fermée au public. Théâtre dans le théâtre, la pièce parle d'un groupe d'acteurs qui répètent en attendant le public."Ce sont des retrouvailles avec le public. C’est l’idée que le Quai puisse être un lieu de convivialité, que cette programmation soit le moment de générosité, de joie de se retrouver"
"Je trouvais assez beau dans le contexte actuel de faire revenir le public au théâtre par les coulisses, installé en bi-frontal face à une salle vide, comme ce que nous vivons en tant qu'artistes actuellement", explique Thomas Jolly, qui proposera 10.000 places en tout, dont certaines gratuites.
De "La ferme des animaux" de Georges Orwell, adaptée par Youssouf Abi-Ayad aux "Petits bonnets" de Pascaline Herveet, qui raconte la révolte d'ouvrières d'une usine de soutiens-gorges, Thomas Jolly a mis de côté les spectacles les plus grandioses au profit de petits formats aux décors plus dépouillés.
Pas question en revanche de faire jouer des acteurs avec des masques ni "dans des cabines en verre". "Nous jouons déjà à distance", plaide Thomas Jolly, qui entend rendre les contraintes sanitaires "invisibles" sans transiger sur la sécurité.
Certains spectacles seront joués hors les murs dans d'autres communes du Maine-et-Loire: ferme, jardin, cloître, maisons de quartier, ainsi que dans des lieux plus insolites (parking, supermarché, sous les fenêtres d'ehpad) s'agissant de formats de quelques minutes... "J'aime quand le théâtre surgit de manière impromptue dans l'espace public sans qu'on sache bien ce qui se passe", confie le directeur.